Drame/policier
Long métrage américain
Réalisé par William Wyler
Scénarisé par Robert Wyler et Philip Yordan, d’après la pièce de théâtre de Sidney Kingsley
Avec Kirk Douglas, Eleanor Parker, William Bendix, Joseph Wiseman, Lee Grant…
Titre original : Detective Story
Année de production : 1951
À deux exceptions près histoire d’aérer brièvement les protagonistes, l’intégralité de l’action de Detective Story (Histoire de Détective en version française…erreur de traduction puisque le faux-ami Detective veut dire ici policier, inspecteur) se déroule entre les murs d’un commissariat du 21ème District de New York. L’unité de temps est également resserrée puisqu’une dizaine d’heures se seront écoulées entre le début et la fin du film.
Le décor quasi-unique trahit les origines théâtrales du récit puisque le long métrage de William Wyler (qui terminera les années 50 avec le budget beaucoup plus important du monumental Ben-Hur) est inspiré par une pièce à succès de Sidney Kingsley dont la première représentation avait eu lieu à Broadway en mars 1949 (et qui n’a pas quitté l’affiche pendant plus d’un an).
Dans ces deux ou trois pièces aussi bruyantes qu’étroites (il n’y a pas beaucoup de place entre chaque bureau), des policiers essayent tant bien que mal de faire leur boulot malgré la chaleur écrasante, le manque de moyens et la pesante bureaucratie. Si le ton se fera de plus en plus dur au fil des minutes, la légèreté n’est pourtant pas absente en la personne d’une voleuse à l’étalage d’une naïveté confondante, qui va devoir attendre toute la journée pour son audition auprès d’un juge en étant au centre de saynètes souriantes (irrésistibles répliques et mimiques de Lee Grant) tout en apportant son regard sur les différents drames qui vont se jouer.
La figure centrale du poste de police est l’inspecteur Jimmy McLeod, campé par un excellent et fiévreux Kirk Douglas. Hanté par le souvenir de son ordure de père, McLeod est un flic intransigeant, qui cultive depuis toujours une haine profonde pour les criminels et qui est persuadé qu’aucune rédemption n’est possible pour celui qui a un jour franchi les limites et commis un délit. McLeod a un mépris particulier pour le docteur Karl Schneider, qu’il soupçonne d’avoir pratiqué des avortements illégaux qui ont conduit à la mort de certaines patientes. La confrontation entre les deux hommes va totalement bouleverser ce que croyait savoir Jimmy McLeod…
Sujet difficile pour l’époque…d’ailleurs, le code de production toujours en vigueur a fait que les auteurs ont du employer quelques moyens détournés pour en parler mais cela reste explicite. McLeod doit également s’occuper de deux autres affaires, un vol d’argent par un jeune homme un peu perdu et un cambriolage commis par un véritable psychopathe. Il se passe beaucoup de choses pendant cette journée, la caméra de William Wyler donnant à l’ensemble une grande fluidité grâce au découpage minutieux et au superbe travail sur la profondeur de champ qui restitue parfaitement la vie qui anime ce petit commissariat, aussi bien au premier qu’au second plan…
Si le dernier acte d’Histoire de Détective se perd un peu dans une théâtralité excessive, l’intense Kirk Douglas reste fascinant dans l’expression d’une rigidité maladive qui va voler en éclats et il est entouré par une très bonne distribution, dont Eleanor Parker (Scaramouche) dans le rôle de la femme de McLeod au passé difficile, le prolifique Horace McMahon (vu notamment dans la série des Dr Kildare) en chef de la police et l’éternel second rôle William Bendix (Ca commence à Vera Cruz) en vieux briscard qui représente l’opposé de Jimmy McLeod par son côté compréhensif.