HISTOIRES COURTES t.1-3 (Akira Toriyama)

Discutez de Histoires Courtes d’Akira Toriyama

Bon, voilà voilà, j’ai craqué, et j’ai fait une autre commande…

Ça sent les commentaires de lecture dans quelques semaines.

Jim

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Ah ouais, c’est quand même du grand n’importe quoi. Du très grand n’importe quoi. Mais c’est bien souvent très drôle. Et tant mieux.

Le sommaire commence par « Wonder Island » / « L’Île merveilleuse », un récit cumulant un grand nombre de péripéties et témoignant d’une méthode (si l’on peut appeler cela ainsi…) propre à Toriyama : avoir une idée de départ et s’en écarter le plus tôt possible. Je ne sais pas si c’est un choix volontaire ou une conséquence de délais serrés et d’improvisations constantes, mais c’est parfois déroutant et parfois très enivrant. Pour ce premier segment, il part de l’idée classique d’un soldat japonais perdu sur une île et tentant de revenir au Japon. Il croise des ptérodactyles, un homme sauvage à lunettes de soleil flanqué d’une fée miniature (sa version à lui d’un Peter Pan adulte), un vampire, un flic survolté et décalé (ça, les flics décalés, c’est pas ce qui manque chez Toriyama) et plein d’autres trucs. L’humour passe par la surcharge de péripéties, les changements de statu quo en rafale et les jeux méta sur les cases et la nature séquentielle et fictive du récit.

Suive « L’inspecteur Tomato » ou les aventures d’une fliquette décalée, « Pola et Roïd » ou les péripéties d’un taxi de l’espace et de son associée de fortune, une adolescente au look de super-héroïne, « Mad Matic » qui commence comme un post-apo avec un conducteur et son chien pour évoluer vers une histoire de dragon, d’armée volante et d’amour contrarié, ou enfin « Chobit », la rencontre houleuse entre un flic de campagne, naïf et… décalé, avec une extraterrestre lilliputienne. J’aime beaucoup ces deux segments, qui contiennent plein de choses qui mijoteront dans Dragon Ball. On notera que certains personnages se ressemblent (le chauffeur madmaxien de « Mad Matic » pourrait être le taxi volant de « Pola et Roïd », plus vieux et dans une mauvaise passe, et l’armée volante qu’il affronte ressemble un peu à celle que croise Roïd…), constituant presque une sorte d’univers partagé… dans la folie commune !

Le truc intéressant, c’est la rubrique « J’étais si jeune quand j’ai dessiné ce manga », qui ressemble à des excuses a posteriori, mais qui raconte en filigrane les coulisses d’un métier au rythme effréné. C’est très drôle même si on imagine que les conditions vécues à l’époque ne l’étaient pas. Et Toriyama laisse entendre qu’il a fait et refait certains récits, ce qui rend curieux de voir les différentes versions et les pages rejetées et refaites.

Jim

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J’aime beaucoup ces histoires courtes, dans lesquelles on sent que Toriyama se lâche et est moins bridé que dans ses œuvres ultérieures.

Ouais, première apparition de Gala et Pagos, avant qu’ils ne soient mutés au village Pingouin.

Il y a aussi pas mal de jeux de mots, mais ils disparaissent presque tous à la traduction (ce qui explique certaines cases incompréhensibles).
Par exemple, on nous situe l’action de Wonder Island 2 à Los Angilas, état chou-fleur des États-Unis… à la lecture, on peut se demander ce qu’est un état chou-fleur… Il s’agit en fait d’un nom propre : en VO, c’est Los Anguirus (Anguirus étant un kaijū apparaissant dans Le Retour de Godzilla, en 1955), état de Cauliflower, jeux de mots avec Los Angeles et Californie… Le deuxième s’est perdu à la traduction.

Dont le look s’inspire très largement de Jinny de mes rêves.

J’aime beaucoup ces pastilles, présentes également dans certains tomes de Dr. Slump, qui m’ont appris beaucoup de choses sur les dessous de la création des mangas.

Oh, oui ! J’aimerais aussi que Shueisha publie Awawa World et Mysterious Rain Jack, les deux premières histoires de Toriyama, avec lesquelles il a participé aux concours de manga, et qui l’ont fait repérer par Shueisha… Je sais qu’il y a une édition italienne de le première, mais payer 20€ (sans les frais de port) pour 16 pages d’une publication dont je suis à peu près certain qu’elle n’a pas l’aval des ayant-droits, ça me gêne un peu…

J’ai hâte de voir ton avis sur le tome 2 (le 3 est plus faible, selon moi).

Tori.

Que je ne connais pas. Et pourtant, y a Larry Hagman dedans, ça aurait dû attirer mon attention, ça.

Tu as vu le temps que j’ai mis pour finir ce premier tome ?
:wink:

Jim

C’est une série qui voulait concurrencer Ma sorcière bien-aimée, ça s’intitule I dream of Jeannie en VO (avec un jeu de mot entre Jeannie et genie)…


J’ai l’impression que la série a un peu sombré dans l’oubli (en tout cas chez nous).
Je ne sais plus comment j’ai connu la série : les chaînes de diffusion indiquées par Wikipédia ne me rappellent rien.

Tori.

Ouais, jamais entendu parler (ou alors, j’ai lu le titre quelque part et je n’ai pas cherché plus avant). Et pourtant, y a des séries dont je pense n’avoir jamais vu un épisode entier, et que je connais (genre I Love Lucy…).
Mais là, que dalle. Et pourtant, cinq saisons, ça ne passe pas inaperçu.

La première diffusion, j’étais pas né. La seconde, je n’avais pas de télé à l’époque. La troisième, soit je ne recevais pas TMC soit je n’avais pas de télé. Donc je suis vraiment passé à côté. Je pense que le sujet et l’acteur auraient pourtant constitué deux bonnes raisons de jeter un œil.

Jim

Le deuxième tome compile différentes histoires aux tonalités parfois complètement barrées (c’est le cas avec « L’île d’Haïraï Aujourd’hui », qui raconte une journée d’un élève atteint d’une rage de dent, où se bouscule animaux anthropoïdes, courses de voitures, grivoiseries et autres débilités…), mais aussi des récits qui partagent avec Dragon Ball des thèmes, des looks, des esthétiques, une typologie de personnages et surtout une sensibilité nettement tournée vers l’aventure.

C’est le cas de « Pink », qui suit les mésaventures d’une jolie voleuse dans un monde aride comme celui de Sand Land, de « Dragon Boy », qui raconte les aventures d’un élève de maître ès arts martiaux chargé de protéger et convoyer une princesse (et qui croise un personnage métamorphe semblable à une grosse boule molle), des « Aventures de Tongpoo », un explorateur spatial juvénile… On peut aussi citer une veine parodique, illustrée par « Mister Hô », un ancien soldat devenu justicier, « Kennosuké le petit samouraï », un mioche qui s’interroge sur la manière de gérer une épreuve insoluble : un rendez-vous galant, ou encore « Sonchoh », le maire du village Pon Pon, dont l’aventure se résume à une course-poursuite de voitures bardées de gadgets.

On sent que Toriyama a envie de parodier Alien, James Bond, les films de samouraï… Mais c’est le centre du recueil qui est frappant, tant on voit l’auteur tâtonner à la recherche d’idées qui feront florès dans Dragon Ball. Et à ce sujet, on peut reprocher au recueil de ne pas situer les récits, chronologiquement. Le copyright renvoie à l’année 1983, et quand on sait que son célèbre manga sort dans le Jump à partir de novembre 1984, on peut voir dans les récits les plus marqués aventure du recueil une sorte de tour de chauffe, mais un peu plus de précision aurait été tellement chouette : si ces recueils étaient publiés aujourd’hui, je me dis que la rédaction daterait le corpus plus précisément, mais ce n’était pas dans les habitudes en 1998.

Jim

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Oui, avec Tongpoo et Dragon Boy, on sent bien des prototypes de Dragon Ball.

Il me semble que les recueils japonais indiquent où avaient été prépubliés les récits. Je ne suis pas chez moi, j’essaierai de penser à regarder quand je serai rentré.

Parmi les histoires de ce recueil, Pink et Kennosuke ont fait l’objet d’adaptation animées, diffusées en double programme lors d’un Toei Anime Fair.

Tori.

J’aime bien quand un bouquin source un peu les trucs, crée un contexte (oui, en 2024, je répète des trucs racontés dans les années précédentes, vous verrez quand vous aurez mon âge…). Ça permet de retracer l’histoire des idées et des formes au sein d’une carrière.

Jim

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Oui, moi aussi, j’aime bien savoir quand, où, voire comment sont sortis les trucs. J’ai un petit côté archiviste pour ça.

Tori.

Ça donne aussi un aperçu de la « fragilité » d’une carrière, ça remet sur le devant toutes ces forêts que cachent les gros arbres.

Jim

Bon, j’ai vérifié : c’est bien indiqué à la fin de chaque histoire où ça avait été prépublié.
Premier tome (publié en juillet 1983) :

  • Wonder Island - Weekly Shōnen Jump 52 de l’année 53 de l’ère Shōwa (donc en décembre 1978)
  • Wonder Island 2 - Numéro spécial du Shōnen Jump du 25 janvier 1979 (toutes les années sont données selon le système japonais, mais par simplicité, je retranscris).
  • Girl detective Tomato - Numéro spécial du Shōnen Jump du 15 août 1979
  • Pola & Roid - Weekly Shōnen Jump 17 de 1981 (donc fin avril)
  • Mad matic - Weekly Shōnen Jump 12 de 1982 (donc fin mars)
  • Chobit - Weekly Shōnen Jump 10 de 1983 (donc mi-mars)
  • Chobit 2 - Fresh Jump de juin 1983

Deuxième tome (publié en mars 1988) :

  • L’île d’Haïraï aujourd’hui - Numéro spécial du Weekly Shōnen Jump du 20 avril 1979
  • Escape - numéro spécial du Shōnen Jump de janvier 1982
  • Pink - Fresh Jump de décembre 1982
  • Dragon Boy - Fresh Jump d’août et d’octobre 1983
  • Tongpoo - Shōnen Jump 52 de 1983 (donc en décembre)
  • Mister Ho - Shōnen Jump 49 de 1986 (donc fin novembre ou début décembre)
  • Kennosuke-sama - Shōnen Jump 38 de 1987 (donc probablement en septembre)
  • Sonchoh - Shōnen Jump 5 de 1988 (donc en février)

Troisième tome (publié le 9 août 1997 (j’en ai la première édition ! Contrairement aux autres pour lesquels je ne lisais pas encore de mangas quand ils sont sortis…)) :

  • Mamejirô-kun - Weekly Shōnen Jump 38 de 1988 (donc probablement en septembre ; dans ce tome, les années sont indiquées selon le calendrier gregorien)
  • Karamaru-kun - Weekly Shōnen Jump 13 de 1989 (donc fin mars)
  • Cashman - V Jump du 12 décembre 1990, du 26 juin 1991 et du 27 novembre 1991
  • Dub & Peter 1 - V Jump du 22 novembre 1992, du 30 décembre 1992, du 21 février 1993 et du 4 avril 1993
  • Go! Go! Ackman - V Jump de juillet 1993 à janvier 1994 et de juillet 1994 à octobre 1994

Les mois de parution que j’ai indiqués entre parenthèses sont des approximations : je ne suis pas aller chercher la date précise de parution des magazines en question. Mais ça donne une idée de la période de l’année.

Tori.

Merci.
Dommage qu’on n’ait pas ça dans l’édition française.

Jim

Surtout que ça prend juste une ligne à la fin de chaque histoire…
Du type « Bidule - Fin - Première parution dans XXX ».

Tori.

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Voilà.
Là, les exemplaires que j’ai achetés ont été réimprimés vers 2020 : ils auraient donc eu tout loisir, depuis le temps que c’est au catalogue, de corriger et de rajouter une ligne en début ou fin de récit, voire dans une page blanche de la fin du volume.

Jim

Ah tiens, sur le troisième tome des Histoires courtes, on trouve une mention à la dernière page de chacun des récits. Il faut que je vérifie, mais il me semble qu’il n’y a pas l’équivalent dans les deux premiers. Mon exemplaire a été imprimé en avril 2020.
Alors c’est assez succinct, parfois il manque le titre du magazine, parfois le mois, mais au moins, il y a un effort visant à situer chronologiquement les récits.

Jim