Via le compte twitter/X animé par des passionnés des éditions LUG :
Triste nouvelle, Claude Vistel vient de nous quitter à l’âge de 86 ans. Cette grande dame, directrice des Editions Lug, est à l’initiative de la première publication des super-héros Marvel en France.
Merci pour tout Madame, et reposez en paix.
Ce nom ne vous dira sans doute rien, mais celle dont le nom figurait à l’arrière de chaque exemplaire des mythiques revues LUG (Strange, Spécial Strange, Titans, Spidey ou Nova) nous a apporté les séries Marvel en France, entre 1969 (Fantask, puis Strange l’année suivante) jusqu’aux années 1990.
J’apprends ce soir son décès.
Pour le petit minot que j’étais, les éditions LUG étaient bien plus que de simples traductions dans la langue de Molière. Elles abritaient à Lyon (capitale de la France, dès lors pour moi) les marchands de rêve qui ont bâti une manière tout à fait française (et belge, suisse, marocaine ou canadienne) de découvrir cet univers avec L’Araignée, les Fantastiques, les X-Men et tant d’autres.
Cette manière « francophone » de lire Marvel, elle se présentait par l’éclosion chaque mois en kiosque, par les créations des splendides couvertures peintes de Jean Frisano (puis de son fils Thomas), son courrier des lecteurs (que j’ai copié pour Fox-Boy), sa bourse aux échanges (que Mark Zukerberg a copié pour Facebook - je plaisante).
Dans Mustang (autre de leur revue), ils donnèrent les premiers à des auteurs français (Jean-Yves Mitton et Ciro Tota pour respectivement Mikros, Cosmo, Epsilon, Kronos pour le premier et Photonik pour le second).
Là aussi, vous imaginez bien l’impact qu’auront ces modèles de dessinateurs français de super-héro sur un petit lecteur breton.
Les éditions LUG (Lugdunum = Lyon) enfin, m’ont aussi inspiré le nom de mes fausses éditions ROA (Roazhon = Rennes en breton).
À votre tour de laisser ici en mot en commentaire si le cœur vous en dit, cet espace est désormais vôtre.
Il ne me reste qu’à dire MERCI, à Claude Vistel et toutes mes pensées vers sa famille et ses proches.
Tout a fait
Je vontinuerai de penser que dans les annees 80 ils ont rate plusieurs coches comme tenter d integrer plys de series aredit…tenter dc et de l indé… alors que eux sont veritablement en monopole ou moins s autocensurer
N empeche que sans eux et quand meme leur combativite …
Merci a elle
Je pense la même chose. Après, l’opportunité est arrivée au moment où Navarro allait prendre sa retraite et où la boîte était sur le marché pour un rachat potentiel, pas toujours les meilleures conditions pour aller de l’avant.
Au delà du choix des séries, de l’audace de lancer la publication, de les soutenir face à une forte censure d’Etat et malgré des critiques légitimes (notamment à cause de cette censure) je crois que la principale force de son travail et d’avoir réussi à proposer des parutions régulière sur un temps long. Régulière dans ses fréquences de parution et dans ses sommaires. On savait qu’on avait notre Strange tous les mois et on savait qu’on allait avoir la suite du numéros précédent. Et c’est cela qui a posé la force de Marvel en France par rapport à DC Comics.
Cette fidélité paye et marque sur le long terme de la même manière qu’une diffusion hebdomadaire d’une longue série télévisée.
(et c’est intéressant de voir que ces modes de parutions/diffusions ont aussi beaucoup évoluées ces dix/quinze/vingt dernière années avec, peut-être, une approche et un rapport différent à la chose surtout sur le long terme)
Complètement, et ça ne se limite pas au glissement vers la librairie. Cette translation s’est accompagnée de l’adoption du cartonné, de l’accroissement de la pagination (à un niveau parfois vertigineux), de la mise en avant des personnages (là où Strange, au même titre que Marvel, était une marque) puis des auteurs.
Lug est parvenu à ça non seulement en assurant une périodicité régulière (là où Sagédition et Arédit ont réussi à avoir quelques titres pérennes, mais pas aussi ponctuels sur la durée), mais aussi en stabilisant les sommaires et en instituant une relation avec les lecteurs (courriers, bourse aux échanges…). C’est l’association de ces trois axes qui a assuré leur succès.
Et je me répète, mais j’aurais aimé voir cette recette appliquée à DC. Surtout après Crisis. Un mag « à la Strange » avec, mettons, le Superman de Byrne, le Flash de Baron et Guice, le Wonder Woman de Pérez et un titre Batman (par exemple), avec leur expérience et leur méthode, j’aurais été bigrement curieux. À l’époque, DC était connu puisque Sagédition et Arédit venaient (ou étaient en train) de fermer boutique. Donc, dans l’hypothèse d’une reprise, Lug n’aurait pas pâti de la méconnaissance dû à l’absence d’offre constatée à la fin des années 1990.
À leur décharge, outre les changements en interne, les négociations de rachat et tout ça, on peut imaginer qu’ils aient été échaudés par l’échec d’Ombrax-Saga (qui était certes une idée bancale : pourquoi reprendre un ancien titre, pourquoi se contenter de deux séries et pas quatre…) et des autres tentatives post-Arédit (les Defenders dans Strange…). Un manque de vision qui débouche sur des résultats décevants, ça a dû les refroidir, à une période où la rédaction était occupée par autre chose.
Et puis les comics avaient changé… Elle avoua elle-même plusieurs fois que les comics des années 80 c etait pas sa tasse de thé.
Bizarrement c est là qu ils ratent le coches de pleins de choses en étant les seuls sur le marché… Je pense aussi que c est parceque les comics ne sont plus pour eux aussi « pasionnant » mais deviennent plus un boulot…
A contrario ils sentent dans les 70’s tout ce qu il faut et sont même entreprenant (avec les soucis avec marvel, fantask, le format album… la planete des singes…)
Mais ce st fou comme des Claude Vistel ou Fershid Barrucha vont quelque part influencer un marché entier par leur personnalité … dans les bons et mauvais coté.
Apres on peut pas leur enlever à eux et d autres anonymes tout ce qu ils ont apportés au lectorat français… sans eux ca aurait été differend…
Oui. Quand tu as vingt ou trente ans de boîte et que tu as essuyé toutes les grosses tempêtes, au bout d’un certain temps, ça devient une routine huilée. Et si ça marche, il est parfois difficile d’avoir la vision permettant de tenter autre chose.
Carrément.
Je n’ai pas regardé les dates, mais 1989, c’était déjà Semic (version scandinave), non ? On note un sérieux immobilisme, en effet. Qui ne sera secoué qu’avec l’exploitation du catalogue Image, une réussite éditoriale qui entraîne cependant le catalogue vers autre chose : papier glacé, culte des auteurs…
Et, paradoxalement, Semic avec le succès d’Image ringardise un peu les autres super-héros, et surtout le catalogue DC. Si ce dernier avait été exploité avant, il n’aurait sans doute pas pâti de la comparaison.
Carrément.
Bharucha a même en quelque sorte façonné les goûts de la critique. Dans ce pays où la critique ne s’intéressait qu’au seul album, boudant le périodique de kiosque, il y a une vision déformée de la production américaine forgée autour des albums de Fershid. Encensement de Berni Wrightson, de Neal Adams (pour peu qu’il sorte des super-héros), de Richard Corben, de Joe Kubert et de quelques autres, mais ignorance totale de John Buscema, de Gene Colan, et surtout de Jack Kirby et Steve Ditko, dont Fershid n’appréciait pas le travail.
Ça a contribué aussi à construire une vision critique élitiste de la bande dessinée américaine, avec quelques auteurs placés sur un piédestal en opposition avec un « tout-venant » méprisable : les bons comics et les mauvais comics. Cette vision manichéenne a commencé à se fissurer avec la vague d’adaptations en librairie, à commencer par Aedena puis Zenda, qui propose Dark Knight ou Watchmen ou Ronin. Mais on est déjà à la fin des années 1980.
Et aussi que le résultat t enthousiasme moins. Peut etre plus facile de se battre quand on aime le surfer de Lee/Buscema qu aprés quand on trouve que Miller c est trop violent…
Et là on parlait de Titans … et peut etre aussi que l echec des publications Atlas a compté… (qui elle était un peu dans un esprit « marvel »)
Oui et fin 89 c est Chroniques de Batman en kiosque chez comics USA
d ailleurs en regardant tout ca je me rends compte que sur le format, Lug a continué à innover dans les 80’s car RCM, Top BD, quelque part Ombrax Saga mais surtout la VI car Thor c est eux qui la lancent.
Possible aussi.
Je sais que Navarro était déçu des éphémères pockets consacrés à Martin Mystère et Dylan Dog, estimant qu’il aurait dû continuer un peu, quitte à perdre de l’argent.
Je sais aussi que leur tentative de manga (pourtant très sympas et bien produits) les a refroidis à l’idée d’explorer autre chose que du Marvel.
(à voir les dates, si c’était encore Lug ou déjà Semic)
Oui, belle occasion ratée, mais j’y vois sans doute l’influence de la nouvelle direction. Navarro est parti (ou part), Claude Vistel est sans doute en mode « c’est plus la boîte familiale, je ne suis que salariée », ce que je peux comprendre. Toute cette ambiance n’est pas propice à l’innovation.
Voilà : merci d’avoir regardé les dates.
Oui, je pense qu’il y a un avant et un après rachat.
Ben l aprés rachat c est plus la forme qui joue: multiplication des VI, arret de spidey, passage à mesuel 4 séries pour toutes les anthologies…
L innovation semic c est la collection privilège et le lancement des comics autres que marvel (Image)
Ian Gibson est mort à l’âge de 77 ans.
On se souvient de sa ballade d’Halo Jones avec Alan Moore ou ses Steed & Peel avec Morrison et d’autres séries 2000 AD comme Judge Dredd ou Robohunter.