Thriller/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Sam Raimi
Scénarisé par Billy Bob Thornton et Tom Epperson
Avec Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves, Hilary Swank, Greg Kinnear, Gary Cole, J.K. Simmons…
Titre original : The Gift
Année de production : 2000
Même s’il ne date que de l’an 2000, Intuitions est un long métrage un peu « oublié » de la filmographie de Sam Raimi, qui était sur le point de connaître les plus grands succès de sa carrière avec la trilogie Spider-Man. Et pourtant ce croisement de genres, entre drame, fantastique et enquête policière, ne manque pas de qualités, à commencer par sa distribution. Cate Blanchett (magnifique !) est d’une grande justesse dans le rôle de Annie Wilson, une veuve qui doit élever ses trois garçons dans un trou perdu du Sud des Etats-Unis. Pour arrondir ses fins de mois, elle utilise son don de voyance pour tirer les cartes et prodiguer des conseils à ses clientes.
Cette occupation lui vaut parfois des ennuis, surtout quand elle reçoit Valerie Barksdale (Hilary Swank), une femme battue qui n’arrive pas à quitter son mari Donnie. Introduit en quelques plans particulièrement efficaces (un modèle de montage), Keanu Reeves est ici totalement en contre-emploi (et ça lui réussit bien) en redneck demeuré (pléonasme ?) qui accuse Annie de sorcellerie, allant jusqu’à menacer ses enfants. Le climat est donc déjà tendu et ça ne s’arrange pas lorsque Annie devient le dernier recours de la police pour retrouver une jeune héritière (une Katie Holmes loin de l’image lisse de la série Dawson).
Cette investigation n’est pas le seul sujet du film car l’héroïne essaye tant bien que mal d’aider son ami Buddy Cole, un garagiste mentalement instable joué par un très bon Giovanni Ribisi. Des années de mauvais traitements ont marqué Buddy à vie et Ribisi livre une prestation forte et touchante en jeune homme brisé, qui culmine lors d’une scène difficile de règlements de comptes entre Buddy et son père, coupable d’attouchements sur son fils des années plus tôt.
Après l’échec (injustifié) de son western Mort ou Vif, Sam Raimi s’était alors tourné vers un cinéma plus épuré, ce qui a donné dans un premier temps le très réussi Un Plan Simple. Sur ce film, il a rencontré l’acteur Billy Bob Thornton, qui lui a alors proposé ce scénario écrit des années plus tôt en s’inspirant des dons de voyance de sa propre mère. Après un détour pas totalement convaincant par le mélodrame sportif (le film de baseball Pour l’Amour du Jeu avec Kevin Costner), Raimi est donc revenu au cinéma fantastique avec ce suspense maîtrisé, au ton mélancolique et aux superbes décors (essentiels pour l’ambiance générale), porté par une actrice toute en nuances (rien que la scène du tribunal est une belle démonstration du talent de Cate Blanchett).
En plus des noms déjà cités, il y a aussi Greg Kinnear, Gary Cole et deux acteurs qui prouvent que Sam Raimi aime se créer une petite famille d’acteurs puisque J.K. Simmons (déjà dans Pour L’Amour du Jeu et futur J. Jonah Jameson dans les Spider-Man) est le chef de la police grognon et sceptique et Rosemary Harris (alias Tante May) fait une apparition fantomatique en grand-mère de Annie Wilson.