IRONMASTER, LA GUERRE DU FER (Umberto Lenzi)

REALISATEUR

Umberto Lenzi

SCENARISTES

Alberto Cavalone, Lea Martino, Dardano Sacchetti, Gabriel Rossetti et Umberto Lenzi

DISTRIBUTION

Sam Pasco, George Eastman, Elvire Audray, William Berger…

INFOS

Long métrage italien/français
Genre : action/aventure
Titre original : La guerra del ferro : Ironmaster
Année de production : 1983

L’aube des temps. Les guerriers d’une tribu chassent le sanglier. La traque se révèle fructueuse, mais elle ne fait qu’accentuer la rancoeur de Vood, le fils du chef. Brun, barbu, le regard fou, Vood convoite le pouvoir et jalouse un autre guerrier, Ela, blond, glabre, le regard vitreux.
Sur le chemin du retour, Vood profite de l’attaque d’une tribu rivale pour occire son paternel d’un coup de massue en pleine tête. Témoin de la chose, Ela monte la tribu contre Vood qui n’a d’autre choix que de prendre la fuite. C’est alors qu’un stock-shot de volcan entre en éruption. Poussé par la curiosité, Vood se rend sur les lieux et découvre une barre de fer forgée par la nature déchaînée. Comprenant tout de suite le potentiel mortel de ce nouvel élément, Vood tue un lion, se coiffe de la pelure du bestiau et retourne dans sa tribu, défie Ela et le bat en duel. Pour le punir, Vood le met en croix (lui aussi, il a vu Conan ?) en plein territoire des terribles hommes singes.

Jump ! Go ahead and jump !

Il ne faut pourtant pas longtemps au vaillant Ela pour s’évader. Après un combat contre les hommes singes, il fait la rencontre de la belle Iza, membre d’une tribu pacifique, qui soigne ses blessures.
Pendant ce temps, Vood, qui a tout de suite compris le secret de l’acier, initie ses hommes à la métallurgie. Toute la tribu se retrouve armée et peut alors conquérir les terres environnantes. Personne ne peut résister au Roi Lion et à ses fiers-à-bras…jusqu’à ce qu’ils tombent sur la tribu de Mogo (qui est tout à fait sortable), où s’est réfugié Ela…

La deuxième moitié des années 70 marque un lent mais inexorable déclin de la créativité du cinéma d’exploitation italien. Il y aura bien entendu des exceptions (comme les films de Dario Argento), mais la période verra surtout une explosion des démarquages/pompages des plus gros succès du moment, à prédominance américains. Le début des années 80 sera par exemple marqué par une flopée de sous-Conan le Barbare (et pas qu’en Italie), suite au succès du long métrage de John Milius. La particularité de Ironmaster, la guerre du fer est que ce n’est pas juste une copie de Conan, malgré l’affiche qui copie sans vergogne le style de Frank Frazzetta (et qui n’est absolument pas représentative de ce qui se passe à l’écran) : le film de Umberto Lenzi reprend en fait certains éléments du genre héroïc-fantasy tout en surfant sur un autre succès du moment, La Guerre du Feu de Jean-Jacques Annaud.

- Zood, qu’il y a t-il de mieux dans la vie ?
- Ecraser ses ennemis, les voir mourir devant moi et mettre une peluche mitée sur ma tête !

La préhistoire de Ironmaster est sans surprises une préhistoire d’opérette, avec des personnages qui s’expriment en bon français (tout en parlant d’eux à la troisième personne), ont des coiffures modernes pour certains et des perruques filasses pour d’autres (le gentil neuneu ressemblant à s’y méprendre à un chanteur de hard-rock des 80s) et qui se caillent les miches les fesses à l’air (les bikinis en peaux de bêtes des actrices ont également un peu de mal à contenir leurs généreux attributs).

Comme ses compères Lucio Fulci (avec Conquest) et Ruggero Deodato (avec Les Barbarians), le tâcheron du gore Umberto Lenzi (Cannibal Ferox, L’Avion de l’Apocalypse) emballe un sacré nanar, qui s’empêtre dans les genres qu’il veut plagier tout en tentant de délivrer un pseudo-message philosophique sur la nature violente de l’être humain. Ambitieux ? Non, ridicule surtout vu les péripéties et les plans racoleurs (dont une attaque de lépreux qui ressemblent à des zombies purulents) et l’interprétation cataclysmique.

Ela, il l’a…ce don du ciel qui le rend bête…

Ce sous-genre du bis italien a été l’occasion de découvrir en têtes d’affiches de nombreuses montagnes de muscles américaines et européennes. L’hybride livide de Conan et de Rahan qui sert de héros à Ironmaster est campé par le culturiste Sam Pasco, qui trouvait là son seul vrai rôle au cinéma, puisqu’il s’est ensuite reconverti dans le porno gay. Dire qu’il joue mal est un doux euphémisme, mais au moins quasiment chaque apparition de cette grande courge emperruquée est l’occasion d’un joli moment de comique involontaire.

Face à lui, le méchant Vood est campé par un vieux routier du cinéma d’exploitation rital, George Eastman. De son vrai nom Luigi Montefiori, Eastman a débuté dans le western spaghetti avant de faire le méchant dans une quantité industrielle de navets de compétition (l’homme qui se mange lui-même dans Antropophageous et le guerrier sodomite des Nouveaux Barbares, c’était lui) et de se consacrer progressivement par la suite à son activité de scénariste (Bloody Bird). George Eastman use et abuse de son sourire carnassier et de son regard halluciné et livre à nouveau un numéro de cabotin d’anthologie.

On retrouve dans le rôle du vieux sage Mogo le très bon acteur autrichien William Berger, ancienne gloire du western spaghetti (Quand les colts fument…on l’appelle cimetière, 5 gâchettes d’or), condamné aux apparitions dans les pires navets dans la dernière partie de sa carrière.

Malgré quelques chutes de rythme par-ci par-là, Ironmaster, la Guerre du Fer est une sympathique daube, tellement ratée dans tous les domaines qu’elle en devient un spectacle sacrément divertissant. Il manque tout de même une partition musicale épique, parce que là elle évoque plus une comédie d’aventures de Bud Spencer et Terence Hill que Basil Poledouris…mais bon, vu le niveau général, j’en demande peut-être un peu trop…

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[quote=« Le Doc »]…]

Malgré quelques chutes de rythme par-ci par-là, Ironmaster, la Guerre du Fer est une sympathique daube, **tellement ratée dans tous les domaines **qu’elle en devient un spectacle sacrément divertissant. Il manque tout de même une partition musicale épique, parce que là elle évoque plus une comédie d’aventures de Bud Spencer et Terence Hill que Basil Poledouris…mais bon, vu le niveau général, j’en demande peut-être un peu trop…[/quote]

Bon sang en lisant ton article je me demande comment tu tiens devant ce genre de film ?
Tu as une sacré détermination. :wink:

C’est l’amour du genre, ça. :wink:
Je soupçonne d’ailleurs le Doc d’avoir le même réflexe que moi, c’est-à-dire d’aller au bout du film quelque soit son degré de nullitude. C’est parfois du temps perdu, mais on ne se refait pas…

Autant à peu près tous les autres filone du cinéma d’exploitation italien (giallo, western, polizziotescho, etc… ; peut-être pas le post-nuke, ceci dit, mais je m’y connais mal) ont accouché d’au moins quelques réussites voire d’authentiques chefs-d’oeuvre, autant on peut dire que le versant transalpin du film d’heroic-fantasy c’est vraiment pas ça.
Comme tu le soulignes, même Lucio Fulci (pas spécialement un manchot, même s’il était déjà sur le déclin à ce moment-là) s’y est cassé les dents avec le sympathiquement naze « Conquest »…

Finalement, mieux vaut se taper un bon vieux « Dar l’Invincible » de Coscarelli. Oui, je sais : pour certains c’est un nanar’, pour moi c’est une madeleine de Proust !!

[quote=« Photonik »]C’est l’amour du genre, ça. :wink:
Je soupçonne d’ailleurs le Doc d’avoir le même réflexe que moi, c’est-à-dire d’aller au bout du film quelque soit son degré de nullitude. C’est parfois du temps perdu, mais on ne se refait pas…][/quote]

Absolument, ce n’est d’ailleurs pas un reproche ; c’est surtout que pour ma part si un film ne m’accroche pas je ne vais pas au bout.
Et ce n’est pas lié au « statut » du film ; par exemple je ne suis pas allé au bout du deuxième Avengers.

Quant au temps perdu, je ne crois pas puisque ça permet au **Doc ** d’écrire ce billet, et à nous de le lire. :wink:

[quote=« Photonik »]C’est l’amour du genre, ça. :wink:
Je soupçonne d’ailleurs le Doc d’avoir le même réflexe que moi, c’est-à-dire d’aller au bout du film quelque soit son degré de nullitude. C’est parfois du temps perdu, mais on ne se refait pas…[/quote]

Bien vu… :wink:
Il ne m’arrive en effet que très rarement de ne pas aller jusqu’au bout d’un film que j’ai choisi de regarder. De plus, je suis passionné par la foisonnante histoire du cinéma de genre et souvent, regarder même un mauvais film et se renseigner sur sa production permet de découvrir plein d’anecdotes étonnantes et d’avoir encore plus d’idées de films à regarder (voir Les Nuits de Dracula et Cuadecuc Vampir par exemple). Parfois, il suffit juste d’un titre pour me rendre curieux…et le cinoche de cette époque regorge de titres (et d’affiches) alléchants…pour un résultat il est vrai pas toujours à la hauteur…

Et puis, il ne faut jamais sous-estimer le potentiel divertissant d’un hénaurme nanar. Mes années de vidéo-club me l’ont appris…:wink:

Ouais…je suis très fan de Dar L’Invincible !