J'AI VU LES SOUCOUPES (Sandrine Kerion)

J’ai longtemps pensé que c’était une réserve à idées saugrenues pour scénaristes amateurs et gourmets du mauvais goût. Dans les années 1980, moi et des potes, on en lisait, souvent avec gourmandise, comme s’il s’agissait d’une connaissance interdite à laquelle, paradoxalement, on n’accordait guère de crédit sérieux. Comme on regarde X-Files : en trouvant ça passionnant, mais en n’y voyant au mieux qu’une métaphore de la politique, de la société (mettons : les extraterrestres ou les reptiliens, c’est l’appât du gain qui oriente les sphères d’influence…).
C’est pour ça que je suis étonné, et somme toute déçu et désabusé, de constater que ces théories fumeuses, et souvent complotistes, ont quitté la sphère de l’imagination (où elles s’épanouissent car après tout, c’est leur véritable foyer) pour gagner celle de la réalité sociale dans une vaste confusion entre les choses à dénoncer les explications fourre-tout sans souci de vérification.
Le bouquin Ovnis nazis a été pour moi une sorte de révélation, en ce sens qu’il détaille une généalogie de cette confusion, qui est à la fois édifiante et fascinante. J’y vois une sorte de dissonance cognitive, qui conduit certaines personnes, dans leur volonté de dénoncer quelque chose, se précipiter vers les explications les plus nébuleuses qui, à la fois, renforcent leurs convictions et fragilisent leurs arguments.

Jim