REALISATEUR
Lewis Allen
SCENARISTE
Richard Sale
DISTRIBUTION
Frank Sinatra, Sterling Hayden, James Gleason, Nancy Gates…
INFOS
Long métrage américain
Genre : thriller
Titre original : Suddenly
Année de production : 1954
Un peu oublié de nos jours, le metteur en scène britannique Lewis Allen a connu une carrière prolifique sur le petit écran américain pendant deux décennies jusqu’à sa retraite en 1977. Il travailla sur les plus célèbres séries télévisées de l’époque, dont Perry Mason, Le Fugitif, Les Envahisseurs, Cannon, Bonanza, Mission Impossible et La Petite Maison dans la Prairie. Mais avant cela, Lewis Allen signa une dizaine de longs métrages dans les années 40 et 50 et principalement dans un genre qu’il affectionnait particulièrement, le film noir.
Citons par exemple L’Invisible Meurtrier avec Joel McCrea, La Furie du Désert avec un Burt Lancaster débutant, Une âme perdue avec Ray Milland, Enquête à Chicago et Echec au Hold-up avec Alan Ladd, Le Témoin à abattre et Un Pruneau pour Joe avec Edward G. Robinson…et bien entendu Je dois tuer (Suddenly en V.O.) avec Frank Sinatra et Sterling Hayden (qui sera ensuite dirigé par Stanley Kubrick dans L’Ultime Razzia et Docteur Folamour).
Je dois tuer se déroule pratiquement en huis-clos, dans une petite maison située au sommet d’une colline surplombant la gare de la petite ville californienne de Suddenly (soudainement en français). Une bourgade d’ordinaire très tranquille, jusqu’à ce qu’un train spécial transportant le Président des Etats-Unis décide d’y faire une petite escale. L’occasion idéale pour fomenter un attentat…
Trois gangsters, dont le redoutable John Baron (incarné par Sinatra), prennent les habitants de la maisonnée, lieu parfait pour un sniper expérimenté, en otage : la mère, une veuve pacifiste qui ne supporte pas les armes; son fils et son père, ancien agent du gouvernement; et le shérif, le prétendant de la dame, que Baron a blessé au bras. L’attente ne fait que commencer…
Le scénario ne développe pas sur le contexte (on ne saura pas qui a commandité l’assassinat du Président) et s’attarde surtout sur la caractérisation des personnages. Le point de vue de la mère (qui vient de perdre son mari à la guerre) sur les armes offre une réflexion intéressante sur la violence et sa justification en temps de conflit. Analyse amplifiée par l’histoire du personnage campé avec intensité par Frank Sinatra : de héros de guerre, honoré par la Silver Star, il est devenu en rentrant au pays un tueur à gages qui loue ses services au plus offrant. Il est l’incarnation du « monstre » créé par le système : on lui a mis une arme entre les mains, il a appris à tuer, il a aimé ça et il continue de le faire…mais de l’autre côté de la loi.
Le réalisateur Lewis Allen tire bien parti des possibilités de son décor quasi-unique (à l’exception des scènes d’exposition et d’un gunfight dans le dernier quart d’heure) et cisèle un suspense tendu, dont la concision renforce l’efficacité (le film dure 75 mn), et porté par une solide distribution.
Pour la petite histoire, Je dois tuer fit longtemps l’objet d’une rumeur tenace (largement démentie depuis), selon laquelle Lee Harvey Oswald aurait vu le film peu de temps avant le tristement célèbre attentat de Dallas.
Le long métrage de Lewis Allen a également fait l’objet d’un remake en 2013, réalisé par ce grand tâcheron de Uwe Boll, avec Ray Liotta en shérif et Dominic Prison Break Purcell dans le rôle autrefois tenu par Sinatra.