REALISATEUR
Danny Cannon
SCENARISTES
Michael DeLuca, William Wisher et Steven E. DeSouza, d’après les personnages créés par John Wagner et Carlos Ezquerra
DISTRIBUTION
Sylvester Stallone, Armand Assante, Rob Schneider, Diane Lane, Jürgen Prochnow, Max Von Sydow…
INFOS
Long métrage américain
Genre : action/science-fiction
Année de production : 1995
LA LOI, C’EST MOI…ET L’ORDRE !
« L’histoire n’avait rien à voir avec Judge Dredd, et le Juge Dredd n’était pas vraiment le Juge Dredd, même si Stallone était parfait pour le rôle ». Bien résumé de la part de John Wagner, le co-créateur du plus célèbre des représentants de la loi de Mega-City One.
À la tête de cette opportunité manquée, deux hommes et deux visions totalement différentes. Alors inconnu, le réalisateur britannique Danny Cannon a été choisi par les producteurs sur la base de son film précédent, le polar indé The Young Americans avec Harvey Keitel. Grand fan du personnage (plus jeune, il avait même dessiné un faux poster pour un film Judge Dredd qui a été publié dans un courrier des lecteurs de 2000AD), Danny Cannon voulait rester le plus fidèle possible à la bande dessinée, à ses éléments cyniques et satiriques, à sa violence. Le film qu’il avait en tête aurait été classé NC-17 (interdit aux moins de 17 ans).
Sylvester Stallone ne connaissait pas le comic-book lorsqu’il a signé pour le rôle (Arnold Schwarzenegger fut un temps envisagé). Selon différents témoignages (dont celui du co-scénariste Steven E. De Souza), la star, qui venait de retrouver le succès dans le cinéma d’action (Cliffhanger, Demolition Man) après un détour raté par la comédie (L’Embrouille est dans le sac, Arrête ou ma mère va tirer), a imposé de nombreuses réécritures afin de tirer le film vers la comédie d’action (en encourageant notamment les improvisations pas drôles de Rob Schneider). Pour attirer un public adolescent, il visait une classification PG-13 (accord parental recommandé pour les moins de 13 ans).
Même s’il n’était pas producteur, l’influence de Stallone a donc été importante sur le résultat final puisque Sly a lui-même avoué des années plus tard : « le traitement raté de Judge Dredd est l’une des plus grandes erreurs de ma carrière ». Danny Cannon a quant à lui juré qu’il ne retravaillerait plus jamais avec un « grand nom d’Hollywood ». Après Judge Dredd, il n’a plus réalisé que 3 films (dont Souviens-toi…l’été dernier 2) avant de se consacrer au petit écran (il a travaillé sur Les Experts, Nikita, Eleventh Hour, Forgotten, Gotham…).
Et pourtant, ce premier Judge Dredd cinématographique commence plutôt bien. Le premier quart d’heure est toujours très efficace : la présentation de Mega-City One, le contraste saisissant entre les tours où vivent les plus riches et les bas-quartiers surpeuplés, la guerre des blocs, la démonstration explosive de la justice implacable de Dredd…une introduction qui aurait pu sortir tout droit des pages de 2000AD. Et puis à la quinzième minute, Dredd retire son casque et débute alors un processus d’humanisation qui n’a plus rien à voir avec le personnage (avec même un début de romance à la clé)…
Visuellement, le film fonctionne : les décors sont imposants; à part quelques transparences, les effets spéciaux n’ont pas trop mal vieilli et le ABC Warrior est une superbe création. Les scènes d’action et les bastons sont bien réglées. Et la distribution ne manque pas de (très) bons comédiens : Armand Assante (1492 : Christophe Colomb) et Jürgen Prochnow (Le Bateau) du côté des adversaires de Dredd, Diane Lane (future Martha Kent dans le DC Cinématique Universe) dans le rôle du Juge Hershey et Max Von Sydow (Le Septième Sceau, Flash Gordon, Conan le Barbare…) en digne Juge Suprême.
Mais la caractérisation de Dredd est à côté de la plaque, avec un Stallone de plus en plus grimaçant au contact de la caution comique navrante du long métrage : Fergee, l’insupportable sidekick interprété par Rob Schneider, complice régulier de Adam Sandler, qui réussit à plomber pratiquement toutes les scènes dans lesquelles il apparaît (et il y en a beaucoup). Bref, comme l’a dit John Wagner, ce n’est pas vraiment le Juge Dredd…pour ça, il aura fallu attendre 2012 et le Dredd de Pete Travis et Alex Garland.