JURASSIC WORLD (Colin Trevorrow)

Prenez un chewing-gum, Émile !

La nouvelle bande-annonce :

Fichtre.

Jim

Pas fan du mind control des Raptors, mais ça peut être sympa :slight_smile:

Vu et au final pas si pire que ça laissait présager. Ca vole pas bien haut, et on est plus dans un remake du premier avec des petites touche du second, mais le otut est fait habilmeent, parfois avec une pate toute spielbergienne comme l’arrivée du méchant que l’on voit que par petit bout avant de se dévoiler entièrement.

Pratt est pas mal du tout, mais je n’ai pas réussi à m’enlever l’image de son rôle dans les gardiens de la galaxie, un poil trop de temps morts. Il y a de l’humour et assez d’action pour tout faire passer.

Au final un bon divertissement sans plus ni moins.

[quote=« KabFC »]
Au final un bon divertissement sans plus ni moins.[/quote]

Tu attendais plus ?

Jim

j’attendais le niveau du premier, pas un cran en dessous.

Je n’attendais rien du film, mais j’en suis ressortie encore plus déçue que ce que j’aurais pensé.

Déjà, il y a un gros problème au niveau du rythme et de la gestion du suspens. Le film ne prend pas le temps de nous présenter convenablement les personnages et leurs relations, si bien qu’on ne tremble absolument pas pour eux ou pour leur survie. Non, on libère rapidement le méchant dinosaure (sur une erreur humaine dépourvue également de tout bon sens et incroyablement stupide, d’ailleurs. Au moins, dans le premier film, il s’agissait d’un sabotage intentionnel qui a mal tourné). Leurs réactions sont aussi complètement hors de propos compte tenu des situations vécues. On nous force tout du long une romance entre Chris Pratt et Bryce Dallas Howard mais impossible de s’y attacher ou de trouver ça crédible vu qu’ils ont juste eu un RDV qui ne s’est pas bien passé… Les deux frères sont irritants au possible et n’apporte rien du tout à l’intrigue, à part de donner une motivation à leur tante (Howard) de s’embarquer avec Pratt pour aller les chercher dans le parc (ce qui se révèle en fin de compte complètement inutile de surcroît).

On passe d’un groupe à l’autre d’une façon mécanique, juste histoire de faire bouger la vague intrigue du film, jusqu’à ce que ce petit monde soit rassemblé (et tout le monde accepte ça comme ça, sans rien dire, et les gosses tombent évidemment en admiration devant la classe de Chris Pratt. On dirait presque des fans de « Guardians of the Galaxy » qui rencontreraient l’acteur…), juste pour assister à la bagarre de fin (il faut bien des témoins). Bagarre de fin qui ne ferait pas tâche dans un Godzilla, d’ailleurs, mais en moins bien rythmé…

Les dialogues n’ont aucun intérêt et sont très mal amenés, avec quelques tentatives d’humour complètement déplacées par moment. Les réactions des personnages sont incompréhensibles (Dallas qui pleure pour un dino et ensuite semble complètement composée quand elle retrouve le téléphone détruit d’un de ses neveux), les morts sont soit anecdotiques soit complètement « overkill » pour un personnage qui doit avoir 1 minute sur l’écran en tout et pour tout et ne méritait pas du tout ça, tandis que le « méchant » humain a droit à une mort plutôt douce en fin de compte en comparaison.

Il y a des moments vraiment embarrassants, du genre toutes les scènes où le film fait référence de manière hyper-appuyée au premier JP. J’ai été assez déstabilisée par l’utilisation au début du score original de John Williams, où on s’attend à des scènes d’émerveillement et tout, pour au final regarder des séquences tout ce qu’il y a de plus plates et sans âme. Un vrai gâchis, et les autres musiques ne laissent aucune impression.

Je n’ai pas eu non plus l’impression une seule fois de voir la réaction d’un vrai dinosaure ou d’un vrai animal. Dans les autres JP, j’avais toujours l’impression de voir la réaction qu’aurait un animal obéissant à son instinct et défendant son territoire ou réagirait à un élément inconnu. Avec l’I-Rex, qui n’est pas un vrai dinosaure mais un monstre biologique, le rapport n’est plus tout le même, on est plus dans un film avec un monstre quelconque qu’il faut arrêter avant qu’il n’atteigne les populations. Les moyens à dispositions pour l’empêcher de nuire sont d’ailleurs des plus ridicules pour un parc fonctionnel avec autant de visiteurs, aussi bien au niveau armement qu’au niveau du personnel. Dans le premier, le parc n’était pas encore ouvert, donc il était logique d’y voir peu de gens s’en occuper. Mais ici…
Le fait que les raptors soient « domestiqués » posent de gros problèmes également, puisque ce ne sont pas non plus des « vrais » dinosaures comme on a pu les voir dans les précédents opus. Et les réactions des ptéranodons (ou je ne sais pas quel type d’oiseaux préhistoriques) une fois libérés n’ont aucune logique non plus, on dirait presque « Les Oiseaux » d’Hitchcock à ce niveau (sincèrement, pourquoi directement s’attaquer aux humains ?). D’ailleurs, j’ai eu l’impression de voir très peu de dinosaures dans ce parc à dinosaures, maintenant que j’y pense, c’est dire…
Le parc donne aussi une impression générique incroyable dans le design des bâtiments et des attractions, et semble vraiment petit. Il manque clairement cette impression de gigantesque et d’être minuscule en tant qu’humain face aux forces de la nature, comme on pouvait le ressentir dans les autres JP…

Jurassic World m’aurait moins déçu s’il s’agissait d’un film de monstre (au moins je n’aurais pas été le voir au cinéma), mais en essayant de l’insérer dans l’esprit JP, ça passe finalement très mal, parce que ça veut se prétendre l’héritier et le renouveau de la franchise, mais il ne parvient absolument pas à s’y faire sa place. Tout le monde crache sur le 3, mais au moins on retrouvait l’esprit et les dinosaures qu’on connaissait, ainsi qu’un personnage auquel on s’était attaché dans le premier film, et il savait gérer son suspens et l’apparition de ses dinosaures.

Mes propos partent dans tous les sens, tant je n’ai rien vu de positif dans ce film. Je me suis carrément ennuyée, c’est dire. Ce n’est même pas une question de débrancher son cerveau pour voir des monstres tout détruire sur leur passage. J’ai adoré Pacific Rim et beaucoup aimé Godzilla, mais je ne suis absolument pas parvenue à voir de l’intérêt dans JW, même comme un simple divertissement, tant rien ne colle avec l’esprit de la franchise Jurassic Park, tant au niveau des personnages, du rythme, du propos, du suspens ou des dialogues. Et il y a des moments beaucoup trop gênants et ridicules, trop de sous-intrigues qui ne mènent à rien, des références beaucoup trop appuyées au premier JP et qui semblent chercher à justifier sa légitimité à tout prix va ce moyen mais échoue misérablement tant c’est mal amené et forcé…

Bref, grosse grosse déception, je m’étonne qu’il reçoive autant de bonnes critiques, notamment sur Rotten Tomatoes.

Comme les deux gosses du premier Jurassic Park, comme le gamin du 3…

Ils ont pourtant repris l’intrigue du 1 moins le côté découverte.

Pour le côté les dino sont pas de vrais dinosaures, on t’explique et c’est dit aussi dans le premier que oui ce ne sont pas de vrais dinosaures puisqu’une partie de l’adn est constitué de grenouille ce qui explique qu’ils arrivent à se reproduire alors que ce ne sont à la base que des femelles.

Sauf que leur rapport aux autres personnages du film est radicalement différent, et ça joue sur notre empathie de spectateur. De plus, le cadre dans lequel ils ont atterris dans cette situation n’est pas le même du tout.

Dans le premier, ils se font attaqués avec tout le monde, et sont accompagnés d’un adulte pour le retour, et ce voyage sert à renforcer leur lien avec Grant. De plus, ce sont les petits-enfants du proprio du parc. Et on a vraiment l’impression qu’ils sont en danger lors des attaques des dinos, que ce soit dans leur réaction, etc.

Dans le trois, ce sont des parents qui vont rechercher leur enfant disparu, et le gamin s’est perdu à cause d’un accident et d’une imprudence de la part de son gardien.

Dans le 4, c’est une tante qui n’a plus vu ses neveux depuis des années, qui a eu 30 secondes d’interaction avec eux avant cela (et pas beaucoup plus une fois qu’ils se retrouvent), et un chasseur qu’ils n’ont jamais rencontré auparavant. De plus, ils se font attaquer par l’I-rex parce que l’imbécile de grand frère n’est pas retourné directement au hangar quand il a reçu le signal d’alerte (genre c’est quoi le pire qui puisse arriver dans un parc à dinosaures ?) et en plus, il s’est aventuré dans une zone interdite, avec une force défoncée (oh, je suis sûre que c’est parfaitement normal sur une île remplie de monstres, pas de quoi s’alarmer). Donc difficile de ressentir de l’empathie ou de la peur pour des gens aussi inconscients.

Oui et non. Oui, on a les dinos qui s’évadent et font des victimes, non, les raisons derrière, le rythme de l’action, la gestion du suspens et de la tension, la caractérisation des protagonistes n’ont rien à voir. De plus, les gens du premier était totalement désarmés face aux dinosaures du premier puisque le parc n’était pas encore ouvert. C’est quoi l’excuse du 4 pour aussi mal gérer une situation aussi dangereuse pour l’avenir économique du parc ? Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est par peur d’abîmer le l’I-rex, ils étaient bien mieux équipés dans « Lost World » que dans ce film…
Et le côté découverte manquant, c’est loin d’être une tare négligeable dans un parc d’attractions fonctionnels remplis de dinosaures… Même le premier sur son court parcours incomplet sans dinosaures rendait mieux l’impression d’un vrai parc…

Mais ça on sait que ce ne sont pas des vrais dinos, puisque personne n’a jamais vu de vrais dinos de toute façon… Mais les autres films arrivaient à nous faire croire à des animaux crédibles et dangereux, pas à des sortes d’aliens ou créatures de films d’horreur qui en auraient après tout ce qui bouge.

Le premier a pour lui le charme du merveilleux. Même vingt-cinq ans plus tard, il fonctionne encore sur la surprise. Malgré une caractérisation au pochoir et une fin bâclée.
Moi, j’adore toujours, mais c’est parce que j’adore les dinosaures. C’est ce qui me permet de revoir le deuxième, qui est pourtant incohérent de bout en bout, malgré un casting de premier ordre et de super dialogues (mais c’est un film construit à partir de deux scénarios différents patchés à la va-vite : une catastrophe).
Au final, c’est le troisième qui s’en sort le mieux. Cohérent, construit, avec une tonalité et un rythme très bien tenus, il parvient à maintenir la pression jusqu’à la dernière minute. On y trouve peut-être pas de visuels iconiques (comme les ronds dans l’eau) ou de scènes d’anthologie (comme la jeep), mais il y a des purs morceaux de bravoure (la volière).

Jim

[quote=« Therru »]
Sauf que leur rapport aux autres personnages du film est radicalement différent, et ça joue sur notre empathie de spectateur. De plus, le cadre dans lequel ils ont atterris dans cette situation n’est pas le même du tout.[/quote]

C’est ton empathie, ton ressentiment pas le notre, le mien est différend par exemple :wink:

Leur rapport aux personnage est le même. Le plus jeune des enfants est un fou de dino, ils sont loin de leur famille proche et ce sont 2 étrangers qui vont les aider. Même rapport, même chose, moins bien faîtes surement, mais exactement même rapport.

Le début c’est juste une variation sur le même thème, on est bien dans une équivalence, mais pas un copier-coller. :wink:

Après que l’on est pas peur pour les nouveaux, c’est autre chose, c’est dû au jeu d’acteur, au ressenti… Mais ça s’arrête là.

C’est un enfant fana de dinosaures (tient bizarre je sens un schéma qui se répète) qui est effectivement perdu et qui est sauvé par un scientifique qui comprend les dinosaure (j’admets que chris pratt est plus un éleveur qui comprend les dino qu’un paléontologue). Quand au « gardien » pour chipoter il s’agit de l’amant de la mère puisque le couple est en instance de divorce au début du film.

Quand les gosses rencontrent grant ils le connaissent pas depuis des années mais genre 10 min.

tu dois pas être casse-cou. Moi j’aurais tenté le truc à l’adolescence.

Je comprends que tu n’es pas aimé, mais bon faut pas se leurrer, c’est juste le même schéma que le 1 en moins bon.

Et le rapport avec l’intrigue ??? La réalisation ne peut être la même. D’un côté tu as Spielberg, un génie de la réal de l’autre un inconnu. Les problèmes que tu cites n’empêche pas le film d’avoir la même intrigue que le 1.

Oui et non. Oui pour les animaux ordinaire, non car pour l’Irex hormis le scientifique personne ne sait ce qu’il y a dedans, du coup son intelligence, et même le plan du méchant pour en finir avec l’Irex tombe à l’eau car ils ne savaient pas.

Pour le spectateur. Mais le film est remplis de défaut entendons nous bien. Le brontosaure qui fait 3 m au lieu des 15 à 20 et qui est aussi gros que moi, ça le fait pas.

Oui mais là on parle plus de la même chose, tu semble parler d’aspect esthétique, si tu parles d’animaux dangereux, on retrouve le ptérodactyle déjà dangereux dans le 3, le raton/T-Rex/I-Rex, ça en fait que 3 qui en veulent aux humains, pas une multitude et c’est globalement le nombre d’espèces dangereuses présenté dans chaque Jurassic Park.

Bon, je serais un peu moins vachard que nos amis Therru et Kab envers ce film que j’ai bien aimé. Moi, j’aime les films de dinosaures, les films de monstres et les films catastrophes. Donc là, bien évidemment, je suis client et je pars avec un a priori positif.

Mais le film n’est pas exempt de défauts. En premier lieu le rythme. Ça démarre pourtant très bien. En dix minutes, tout est posé (le voyage, les frangins, la tante, les investisseurs, la nouvelle attraction). Summum d’efficacité et de concision, on est à fond dedans. On a même les personnages essentiels au déroulement d’un film tendance catastrophe, qu’on aurait pu suivre et qui aurait pu faire office de relais auprès d’adjonctions supplémentaires. Bref, au bout de dix minutes, on est prêts à rouler.
Et puis paf, on commence à nous présenter un dresseur, son assistant, son éminence grise maléfique, l’investisseur en chef, etc etc. Comme les personnages ne s’enchaînent pas logiquement, qu’ils sont aux quatre coins de l’île, on a des scènes de parlotte interminables et des confrontations qui font doublon (la vitrine de l’enclos de l’I-Rex, deux fois, écrite et filmée presque tout pareil…). Et là, d’un coup, le film ralentit, retombe au point mort. Et mettra du temps à retrouver son rythme de croisière. On dirait le décollage de l’albatros dans Bernard et Bianca. Interminable.
C’est dommage parce que, une fois que c’est lancé, ça cartonne bien. Mais le préchauffage est trrèèèès long.
D’autant plus dommage que tout est amené avec soin, même l’idée saugrenue des Raptors qui font un numéro de cirque. C’est introduit dans le récit avec une certaine finesse. Mais comme on est dans la phase où le film marque le pas, ça mouline un peu à vide.
Bon, une fois que c’est lancé, c’est lancé. Et jusqu’à la fin, on a une belle tension. Autre truc assez chouette, c’est le premier de la série qui prend le temps de raconter une fin. D’ordinaire, les gens montent dans l’hélicoptère, soupirent un coup, lancent une vanne si le temps de péloche le permet encore, et paf, générique. Là, au contraire, le récit prend le temps de montrer les protagonistes, de faire le point sur les héros, bref, c’est plutôt un plus, on n’a pas l’impression de pliage de gaules à la va-vite des trois précédents, où les acteurs nous quittent comme des veilleurs de nuit.

Je reviendrai un instant sur le pourquoi et le comment de la panique. Effectivement, le premier film se construit sur un sabotage et une catastrophe naturelle (genre, pas de bol). Mais ici, il se construit sur une erreur humaine. Et je trouve ça intéressant dans le vaste cadre narratif dans lequel elle s’inscrit. Dans Jurassic Park, Hammond a « dépensé sans compter », mais on sait qu’il a refusé les demandes d’augmentation de Nedry, donc il n’a pas dépensé là où il fallait dépenser.
C’est un peu le cas dans ce nouvel opus. Les gens ne sont pas formés pour le boulot, ils ne sont pas compétents, ils ne sont pas motivés. On embauche des gens sans formation pour l’enclos des Raptors. On met des gardiens bedonnants et essoufflés qui se gavent de cacahouètes à l’enclos de la nouvelle attraction, les préposés aux attractions sont démotivés, sans doute sous-payés et ne connaissent pas le manuel et les procédures en cas de fermeture. Les dialogues de Gray nous permettent de comprendre que le parc tourne à plein régime depuis quelques années. De là, on en conclut qu’une certaine routine s’est installée, nourrissant une baisse de la vigilance, un laisser-aller, un désœuvrement. Et donc des négligences.
L’essentiel du personnel est divisé en deux catégories : les scientifiques et laborantins, qui profitent du gros des investissements, et les autres, qui sont dans la routine, dans la procédure. Bureaucrates et technocrates qui quantifient les choses sans savoir ce qu’elles sont réellement. Même les personnages somme toute sympathiques, comme l’informaticien Lowery qui dans un premier temps se pose comme la conscience pro-environnementale et anti-spéciste du film, est un incompétent pas fichu de faire son boulot en cas de crise.
Et là, le film revêt une dimension de critique du monde de l’entreprise assez forte. Une entreprise dirigée par un magnat attentif mais rêveur qui n’est pas assez souvent là et qui ne pose pas les bonnes questions. Une entreprise dirigée par des cadres rivés sur les tableurs et leurs agendas et détachés des réalités (corporation représentée par deux femmes : un peu de sexisme larvé ?). Et une entreprise qui tourne sur un personnel fatigué, blasé et mal formé. Portrait au vitriol, quand même.
Erreur humaine et connerie ? Sans doute. Quoique le mec, même s’il s’agit d’un imbécile, est pris de panique (qui ne ne serait pas ?) et semble être séparé des autres (et coupé de son chemin de retour ?). Ceci peut expliquer cela. Mais je trouve que, dans l’ensemble, le film met mieux en scène la théorie du chaos qui noie les dialogues de Jurassic Park. La théorie du chaos est à rapprocher des fractales, ces constructions mathématiques, géométriques et intellectuelles qui stipulent que le grand est la reproduction du petit, que l’ensemble est construit comme l’unité. Couplé au principe selon lequel tout action entraîne une réaction, le film propose une erreur qui entraîne des erreurs, une évasion qui entraîne des évasions, une catastrophe qui entraîne des catastrophes. La mise en image du principe me semble plus efficace que dans le premier film.
Cependant, elle est également plus simpliste. Et le film ne fait pas l’économie du simplisme. La vision de la génétique est quand même bien caricaturale, pour ne pas dire réactionnaire dans ses implications. L’I-Rex est une coquecigrue, une chimère, au sens mythique et génétique, un cocktail de plusieurs animaux. Mais il en chope les caractéristiques les plus spectaculaires et peut communiquer avec les espèces qui composent son « identité ». Sympa, comme vision : on a un peu d’ADN de quelqu’un d’autre et donc on se comporte comme lui. Si c’est une fort pratique baguette magique de scénariste, cette vision de la génétique dissimule une conception du monde et de l’identité assez odorante, pour ne pas dire pire.

Le film, d’ailleurs, est assez conservateur. Ce n’est pas étonnant dans le sens où il réinvestit un peu de l’esthétique du film catastrophe (panique, bâtiments qui s’écroule, destructions, foule hurlante…), genre souvent propice à un discours réactionnaire (pas toujours, cela dit). Ici, les méchants sont punis, le drame ressoude la famille, bref, le cocktail classique.
À ce conservatisme se combine une certaine noirceur dans la peinture des caractères. Les personnages ne sont pas ouverts à la rédemption. Ils ne changent pas. La technocrate a beau se mettre en bras de chemise, elle n’a pas appris à respecter ses employés. La déclaration d’amour du héros à la fin tombe d’ailleurs comme un cheveu gras dans le bouillon. Il ne l’aimait pas, il avait pris ses distances, et pourtant il revient à la charge, alors qu’elle ne semble pas s’être amendée ? Enfin bon, il a le droit d’avoir mauvais goût.
En revanche, si les personnages ne changent pas, ils ne sont pas d’une pièce. Masrani, le milliardaire, est complexe, à la fois attiré par les profits et attentifs au bien-être des visiteurs et des animaux. Magnat, c’est aussi un homme de terrain. Hoskins est un calculateur magouilleur, mais il a son instant d’humanité. Et ainsi de suite… Si bien que les personnages sont assez vivants. Les gamins sont pas mal, et la différence d’âge crée un tandem et une dynamique assez efficace. D’ailleurs, ils évoquent un peu la fratrie mise en scène dans San Andreas, avec la même petite touche luddite anti-technophilie (encore une petite touche réac ?).

Le film est remplie de références. Bien entendu à la trilogie précédente, mais aussi à Godzilla (le duel final au milieu des mini-pagodes évoque les acteurs en costumes rembourrés piétinant les maquettes. Duel assez impressionnant, au demeurant.
Mais au-delà des références filmiques, j’ai beaucoup pensé à Croc-Blanc, de London. Dans Croc-Blanc, la vie du héros canin est à un moment mise en parallèle avec celle de Jim Hall, un détenu violent. Le texte de London (auteur violemment de gauche et attaché à la notion du déterminisme social et de la capacité à la corruption dans la société) explique que la prison, et donc un contexte négatif, a fait de Hall un tueur, alors qu’un contexte social positif a fait d’un loup un chien.
En écoutant le discours d’Owen quand il visite l’enclos de l’I-Rex, j’ai repensé aussitôt à Croc-Blanc, qui est un livre sur la rédemption, sur la résilience, mais aussi sur la capacité à se transformer (en mal ou en bien, selon l’environnement). Et l’anecdote racontée par Hoskins me conforte dans l’idée que les scénaristes (ils se sont mis à quatre) avaient Croc-Blanc en tête.
Bon, au final, là où le roman de London permet à l’homme et à l’animal d’être le reflet l’un de l’autre, le film de Trevorrow est plutôt un constat désenchanté sur la construction sociale des grandes entreprises. Là où London se veut progressiste, le film est nettement plus conservateur.
Mais il se charge, en échange, d’une thématique plus vaste que les trois films précédents. Dans la première trilogie, le discours est simple et s’articule autour d’une certaine méfiance envers la science et envers le capital. On est dans une espèce de « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Mais Jurassic World élargit le discours en intégrant l’idée du complexe militaro-industriel (seul réel vainqueur du film) et de la possibilité d’autres utilisations des créatures brevetées. Mais surtout, il modernise le discours des premiers films en l’assaisonnant à la sauce écolo. Grosso modo, le film, par l’entremise d’Owen (et accessoirement de Lowery), dénonce l’approche comptable des choses et développe une conscience écologique. Il pointe du doigt l’instrumentalisation du vivant au profit de l’industrie (qu’elle soit de la médecine ou du divertissement). Et le discours anti-spéciste (que j’ai apprécié, au demeurant) pose la question suivante : à partir de quel moment c’est mal ? C’est mal d’utiliser des animaux pour la guerre ? Mais c’est bien de se servir de bébés tricératops pour des stages de « jurassique poney » ? Où se place le curseur ?

Au final, ce film conservateur pose une question fondamentale que les trois précédents n’avaient fait qu’évoquer de loin. À savoir la question du rapport au vivant. La question du rapport à l’animal. Les yeux sont alors très importants : ils sont cadrés de près, ils sont évoqués dans les dialogues, ils manifestent la présence de la vie (ou son extinction).
Cela fait écho à la mise en avant d’un dinosaure unique, spectaculaire, mais héroïsé, placé sur un piédestal. Le film touche alors à une certaine dimension de parabole, de fables modernes, dans la lignée de King-Kong. Ou plus précisément de Gorgo, le film d’Eugène Lourié de 1961 qui collisionne l’univers de Godzilla et celui du cirque (Jurassic Park avant l’heure : je le conseille vivement à ceux qui ne l’ont pas vu, de même que La Vallée de Gwangi, de 1969. Visuellement, ça a pas mal vieilli, mais la force évocatrice est toujours là).
On passe effectivement du film de dinosaures au film de monstre. Une évolution comme une autre, sans doute inévitable. L’I-Rex est un hybride, mais il fallait sans doute cela pour relancer la franchise : une hybridation.
Pour finir, je dirais que le film porte en lui une dimension de commentaire. C’est peut-être ce qui m’a le plus emballé, d’ailleurs. Dans les fameuses dix premières minutes où tout est posé, que j’évoquais plus haut, il est dit, par les investisseurs, que le public (et donc eux aussi) veut plus de spectaculaire, plus de nouveauté, « plus de dents ». Le public veut du sanguinaire, du bestial, veut de la chasse, de la mise à mort.
Je songeais à mes visites au zoo de Thoiry, quand j’étais môme. Les souvenirs les plus vifs que j’en ai gardés, c’est les enclos des lions, des tigres, des grands fauves. Les zèbres et les paons exotiques, ça s’évanouit dans la mémoire. Comme tout le monde, quand je vais au zoo, je veux du colossal (les éléphants) et du carnivore (les lions). C’est con, d’ailleurs, comme vision, réducteur et tout. Le film pointe du doigt ce genre de public.
Film nettement moins saignant que les précédents (à part quelques éclaboussures de sang, les gouttes écarlates tombant sur un bras, une main ensanglantée sur une vitre… il n’y a rien), Jurassic World prend la précaution de masquer les mort, derrière une voiture, derrière une foule… et justement, la scène où Zack téléphone pendant que le T-Rex boulotte la chèvre est explicite. D’accord, on ne voit pas le T-Rex tuer la biquette, afin de ménager la sensibilité des plus jeunes et des plus sensibles. À la place, qu’est-ce qu’on voit ? Des spectateurs qui exultent, se réjouissent et en redemandent. Qui satisfont leur envie de sang en exonérant leur conscience et leur morale : ce ne sont que des animaux.
Au final, après un À la poursuite de demain qui vend l’hypocrisie de Disney en la faisant passer pour des lendemains qui chantent, ça fait quand même assez plaisir de voir un film qui prend à rebrousse-poil l’industrie du divertissement et qui pointe du doigt la motivation essentielle des consommateurs : le goût du sang.
Des employés incompétents et des visiteurs qui se croient aux jeux du cirque. Le portrait est assez acide.

Jim

[quote=« Jim Lainé »]
Au final, après un À la poursuite de demain qui vend l’hypocrisie de Disney en la faisant passer pour des lendemains qui chantent, [/quote]

ça fait plaisir, d’après Kab, j’ai le « cœur noir » quand je parle de ce film …

[quote=« soyouz »]

[quote=« Jim Lainé »]
Au final, après un À la poursuite de demain[/quote]

qui vend l’hypocrisie de Disney en la faisant passer pour des lendemains qui chantent,

ça fait plaisir, d’après Kab, j’ai le « cœur noir » quand je parle de ce film …[/quote]

Je n’ai toujours pas relu les commentaires de Christophe Gans que tu signalais, et je ne suis pas assez calé en scientologie pour affirmer quoi que ce soit, mais selon moi, Disney nous a fait une pub de deux heures sur ses attractions à teneur « futuriste ». Avec une touche d’Ayn Rand light.
J’ai absolument savouré le film, mais j’ai trouvé quand même hypocrite que le plus gros braqueur de rêves du monde nous vende ses rêveries « à sept dollars la boisson fraîche », pour reprendre une expression du film dont au sujet duquel qu’on cause ici.

Jim

Je ne l’ai pas écrit parce que cela allait de soi et que beaucoup l’avaient déjà dit, mais il dit aussi que le film lui vend du Disney …

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« soyouz »]

qui vend l’hypocrisie de Disney en la faisant passer pour des lendemains qui chantent,

ça fait plaisir, d’après Kab, j’ai le « cœur noir » quand je parle de ce film …

Avec une touche d’Ayn Rand light.

Jim[/quote]

Pourtant, l’objectivisme semble bien être le véritable antagoniste du film. Objectivisme qui se casse la gueule , suffit de voir l’état visuel de Tomorrowland quand Clooney y revient. Et comme au ciné, les infos devraient logiquement passer par l’image…