REALISATEUR
Richard Fleischer
SCENARISTES
Clive Exton et George McDonald Fraser, d’après le personnage créé par Robert E. Howard
DISTRIBUTION
Arnold Schwarzenegger, Brigitte Nielsen, Sandahl Bergman, Ernie Reyes Jr, Paul L. Smith, Ronald Lacey…
INFOS
Long métrage américain/hollandais
Genre : aventures/fantastique
Titre original : Red Sonja
Année de production : 1985
Les crédits de Kalidor : La Légende du Talisman (le titre français de Red Sonja) indiquent « d’après le personnage créé par Robert E. Howard »…ce qui ne reflète pas du tout la vérité. Si le papa de Conan le Barbare a bien créé une héroïne nommée Red Sonya of Rogatino, celle-ci était en fait une aventurière de la Renaissance portant sabre et épée.
La Sonia la Rousse du film de Richard Fleischer s’inspire en fait du personnage de bande dessinée inventé par le scénariste Roy Thomas et le dessinateur Barry Windsor-Smith pour les besoins du comic-book Conan the Barbarian en 1973. Red Sonja était librement basée sur Red Sonya of Rogatino, ainsi que sur une autre création de Robert E. Howard, la française Dark Agnes de Chastillon. La « Diablesse à l’Epée » évolue dans l’Ere Hyborienne, où prennent place les aventures de Conan qu’elle a souvent côtoyé. L’anglais Barry Windsor-Smith est le premier dessinateur à avoir représenté Sonja sur papier, mais c’est en fait à l’espagnol Esteban Maroto que l’on doit son costume iconique : le fameux bikini en côte de mailles.
Sonja vivait avec sa famille en Hyrkanie, jusqu’à ce que leur modeste ferme fut attaquée par des mercenaires qui massacrèrent ses parents et ses frères avant de la violer. La déesse Scathach apparut alors à Sonja et lui fit don de fantastiques capacités de combattante. En échange, Sonja fit le voeu de ne jamais plus se donner à un homme, à moins qu’il ne l’ait d’abord vaincu en combat loyal.
Cette origine est reprise quasi-fidèlement dans les premières minutes du long métrage…sauf que l’instigatrice des tourments de Sonja est ici la maléfique reine lesbienne Gedren, que Sonja retrouvera des années plus tard lorsque Gedren mettra la main sur un talisman tout-puissant qui peut lui permettre de conquérir le monde.
Sur le chemin de sa quête, Sonja rencontrera un héritier du trône haut comme trois pommes, le serviteur de ce dernier et le Seigneur Kalidor (pour simplifier, un Conan plus habillé et avec de meilleures manières). La petite troupe sera le seul rempart à la soif de pouvoir et de destruction de Gedren…
Sorti seulement 3 ans après Conan le Barbare, par le même producteur et avec la même vedette (qui ne devait au départ ne faire qu’une simple apparition), Red Sonja tient en fait plus de la série B kitsch italienne que de l’opéra épique à la John Milius. Alors que le budget était tout de même plus que confortable (environ 17 millions de dollars, soit un peu moins que Conan), on peut se demander où est bien passé tout cet argent : les décors sentent le carton-pâte, les effets spéciaux font pitié…et rire involontairement aussi (ah, la fameuse grosse araignée en plastoc du trône de Gedren) et les figurants sont aux abonnés absents (pas très fournie, l’armée de Gedren).
L’interprétation ne relève pas non plus le niveau : la mannequin danoise Brigitte Nielsen, choisie pour son « corps d’Amazone », trouvait ici son tout premier rôle au cinéma…mais elle s’est vite révélée incapable de porter ce projet sur ses épaules, ses talents d’actrice étant très, mais alors très limités. Dino De Laurentiis « piégea » donc Schwarzenegger.
Pour son retour à l’Héroîc-Fantasy après avoir incarné le cyborg de Terminator (et parce qu’il devait encore deux films à Dino sur son contrat), Arnie ne devait avoir qu’un petit rôle, à la limite du cameo. Conscient (un peu trop tard) du manque de potentiel commercial de sa star féminine, le mogul italien s’arrangea pour garder Arnold sur le tournage plus longtemps que prévu (en prétextant des modifications de dernière minute du scénario) et demanda à son réalisateur de tourner des scènes supplémentaires (cavalcades, combats…) et de les injecter au métrage afin d’augmenter le temps de présence à l’écran du Seigneur Kalidor (l’expérience ne fut pas du goût de Schwarzie qui en parle comme de son « plus mauvais film »).
En France, le distributeur ira même jusqu’à mettre en avant Kalidor dans le titre, alors qu’il n’est clairement qu’un personnage secondaire.
Pour les autres rôles, c’est la foire au cabotinage : Sandahl Bergman (la valkyrie amoureuse de Conan dans le film de Milius) en reine maléfique, le très mauvais Ernie Reyes Jr en petit prince bondissant, Ronald Lacey en âme damnée de Gedren…seul Paul L. Smith (Midnight Express) tire vraiment son épingle du jeu, mais le scénario ne lui donne pas grand chose à faire…
Cette petite catastrophe artistique fait de Kalidor un nanar gentillet, aussi mal fagoté que divertissant dans l’ensemble, malgré quelques longueurs. En fin de carrière, le réalisateur Richard Fleischer tire quand même en quelques occasions son épingle du jeu dans les scènes d’action, même si l’ensemble manque de souffle épique (on est loin, très loin de son excellent Les Vikings). Et le film bénéficie d’une solide et entraînante bande originale composée par le maestro italien Ennio Morricone.
Le scénario fut adapté à l’époque en bande dessinée par une équipe créative entièrement féminine composée de Louise Simonson et Mary Wilshire. Le récit a été publié dans le numéro 38 d’une revue presque entièrement consacré à ce type d’exercice, Marvel Super Special.