Synopsis:
Comment galvaniser les troupes quand le moral sombre, que l’on pressent l’enlisement dans l’horreur ? En février 1915, un capitaine du contingent canadien, dépêché sur le sol français, forme un commando de snipers amérindiens, dont le fameux soldat Odawaa, matricule Tomahawk. Très vite ses faits d’armes, surhumains, d’une violence inouïe, sèment la panique dans les lignes ennemies…
Il s’agit de l’adaptation d’un scénario de long-métrage de Cédric Apikian, lequel s’est inspiré de l’existence de snipers amérindiens bien réels, notamment le héros canadien Francis Pegahmagabow pour écrire une pure fiction.
À partir de ce matériau de base, Apikian et Christian Rossi sont partis vers un monde leonien, dixit le scénariste.
Il s’agira, a priori, d’un album auto-conclusif de 84 pages.
Sortie prévue le 30 octobre, album vendu 19 €.
Deux planches extraites de l’avant-première proposée par le magazine ZOO [Pour en savoir +] :
En outre, les gens intéressés par le sujet, pourrons se tourner -en attendant l’album- vers un des romans de Joseph Boyden :
Nord de l’Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d’Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre.
A sa grande surprise, l’homme qui descend du train est son neveu Xavier qu’elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable.
Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l’engagement dans l’armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l’enfer des champs de bataille en France…
Durant la Première Guerre mondiale, parmi les troupes canadiennes, il y a des Indiens (que les Français considèrent comme des « sauvages ») faisant office d’éclaireurs et de tireurs d’élite. Parmi eux, Trois-Plumes, qui occupe la séquence d’ouverture, et surtout Odawaa, que personne ne voit, ni ses victimes ni sa hiérarchie, qui repart au front aussitôt que possible, qui ne dort jamais au camp, qui accomplit son œuvre de machine à tuer sans broncher.
Son supérieur, un officier canadien lentement miné par les circonstances de la guerre et par un sentiment de culpabilité qui l’étreint de plus en plus, doit, renvoyer Odawaa en première ligne afin d’abattre un officier allemand pourtant déjà listé par ses victimes. Dans le même temps, il croise un déserteur français qui lui fait part d’une étrange mission concernant une relique datant de Roncevaux. Parallèlement, un prisonnier allemand s’évade, laissant quelques morts derrière lui, et se dirige vers la zone de front où les autres personnages finissent tous par se rassembler.
La promotion dit de l’album qu’il s’agit d’un western. Et effectivement, même si la dédicace n’avait pas donné d’indication, il semble clair que le scénariste conserve en tête les grands explorations de l’Ouest menée par Sergio Leone, à qui il emprunte ici un dialogue, là un décor. La mécanique est plutôt bien troussée, d’autant que l’histoire met en avant un personnage qui se caractérise par son absence, sa discrétion, sa capacité à devenir invisible sur la ligne de front.
On pourra cependant regretter que les personnages principaux, qui sont amenés à se rencontrer dans une dernière confrontation, soient présentés au fur et à mesure de l’album. Cela génère un désavantage pour ceux qui apparaissent après les autres, et que l’on connaît moins. Cela provoque également un effet de « cheveu sur la soupe », notamment à propos de l’évadé allemand dont les liens avec d’autres personnages auraient gagné à être expliqués plus vite. Il est donc dommage que, quitte à copier Leone, Cédric Apikian n’ait pas fait le choix de présenter ses personnages en bloc en début d’album (comme dans Le Bon, la brute et le truand, par exemple), afin que le lecteur puisse les suivre à mesure que les fils narratifs se tricotent et composent une trame commune.
Graphiquement, Rossi continue à explorer les possibilités liées à l’encrage et au cadrage. Il utilise les ombres parfois de manière symbolique (la scène de l’escalier, dans une case présentée dans le post précédent, en est un bon exemple), et travaille les hachures et les modelés dans des styles qui évoquent des gens comme Hermann ou Corben. L’enchaînement des séquences est plutôt pas mal, même si, dans les premières pages, il n’est pas toujours très simple de savoir qui fait quoi (le fait qu’un des personnages n’apparaisse pas alors que tout le monde parle de lui peut aussi tromper les attentes). Je ne suis toujours pas convaincu du bullage de Rossi (qui mélange les phylactères ovales ou rectangles sans apparence de logique), mais son découpage est d’une telle sobriété qu’il fluidifie la lecture.