LA CASE MÉMORABLE

La case mémorable est la case qui marque le lecteur dans son jeune âge. Porteuse d’atmosphère, source de fascination ou de répulsion, elle titille son imaginaire. Raymond en parle très bien ici

Lors de mes lectures, différentes cases m’ont marquées. Revues à l’âge adulte, je réalise à quel point le prisme du souvenir les a déformées et embellies. (la "voiture-vache des As, par exemple) Néanmoins, certaines gardent leur charme.

Voici l’une d’elles, tirées de Janus Stark 14 (Mon Journal) paru en octobre 1976.

A Londres, au début du 20e siècle, un mystérieux colosse fait dérailler les trains de nuits. Janus Stark le poursuit et découvre son identité.

La mise en scène, l’éclairage expressionniste, la taille du monstre, son allure pataude et son geste menaçant m’avaient alors fortement impressionné. J’y voyais toute la démesure de l’affrontement entre le héros et cette créature, héros qui me semblait d’autant plus courageux qu’il était clairement désavantagé.

Et vous, des images qui vous reviennent ?

C’est le premier épisode des X-Men que j’ai lu quand j’étais petit (en VF dans Spécial Strange). D’ailleurs, à l’époque, je croyais que Diablo était géant. Bon, j’avais cinq ans, aussi.

Merci pour l’ouverture de ce topic, la précédente édition sur le forum était excellente et bien que je postais de temps en temps, je préférais lire les déclarations sur les cases, en tout cas je suis contente de la renaissance de La Case Mémorable, merci! Personnellement il y a de nombreuses cases qui ont marqué mes années de lecture, récemment j’ai relu le crossovers Act of Vengeance (qui date de fin 1989/début année 1990) qui raconte l’alliance de plusieurs vilains parmi les plus puissants qui décident d’échanger leurs ennemis pour les faire confronter à des personnages qu’ils n’ont jamais affronté afin de les vaincre. le récit est excellent sur sa longueur (il se passe dans plusieurs titres) et fait à un évènement majeur concernant les Avengers.

L’une des parties que j’adore (et dont j’ai déjà parlé sur le topic Act of Vengeance) concerne la série Captain America, et ici plus particulièrement le numéro #367 de Mark Gruenwald et Kieron Dwyer. Erik Lehnsherr aka Magnus aka l’un des personnages les plus charismatique de l’univers Marvel et que je serai prête à suivre s’il me le demandait (on me dit à l’oreille que Magnus est un personnage de fiction ^^) se voit confronté au monstrueux criminel de guerre Nazi, Red Skull. La confrontation entre les deux est historique en plus d’être particulière, l’un est un Nazi et l’autre un Juif.
Le passage marquant est celui-ci:

http://img15.hostingpics.net/pics/986832Sanstitre1.jpg

J’ai réduits la page pour une meilleure diffusion sur le forum. Ce passage est marquant, je vous raconte ce qu’il y a eu juste avant. Magneto a posé une simple question au Nazi, il voulait connaître son implication dans les terribles évènements de la WW2, en plus d’avoir eu des propos franchement dérangeant, effrayant et surtout la façon dont il donne sa vision de l’extermination des Juifs fait mal. Survivre au camp est déjà horrible en soit, mais être confronté à l’un de ses bourreaux est terrible. A l’époque (j’ai découvert le récit quand j’ai eu 8 ans donc 7 ans après sa sortie) j’étais vraiment mal à l’aise vis à vis du récit vu que c’était une année particulière pour ma famille vis à vis du conflit et de ce qui était arrivée en Europe de l’Est et en Russie. Le passage que je vous présente est marquant car Erik se venge de façon cruel et pourtant on a une forme d’acceptation qui se ressent en nous. Je ne sais pas si je m’exprime très bien désolé!
Savoir que Skull va souffrir comme on souffert la famille de Erikk est un moment de pure satisfaction, Magnus explique la situation simplement et je suis sur que si on pouvait entendre sa voix, il serait calme, pas froid mais calme! Red Skull va se retrouver seul, avec pour simple moyen de survivre pendant un temps le peu d’air qui passe dans la pièce et les bouteilles d’eau. Il n’y a rien, personne ne sait qu’il est la. il est enfermé sans rien à part ses souvenirs et se sentiment d’impuissance, une vengeance lente mais satisfaisante, le personnage va souffrir autant que ses victimes et on ne peut qu’être d’accord!

C’est peut être un sentiment malsain je le conçois mais de savoir qu ce monstre va souffrir comme il a fait souffrir (du moins lui et ses semblables) ses victimes! Le choix de l’éclairage sur les cases est excellentes, il y a un côté froid et surtout angoissant comme le montre très bien le visage de fin de Red Skull. C’est l’un des passages les plus horribles que j’ai eu à lire dans mon enfance et que j’ai relu de nombreuses fois, il n’y a pas de violence à proprement parler (à part un affrontement entre Skull, quelques gardes et Magnus) mais ce sont dans les propos et la tournure des évènements que je fus choqué et surtout en présence d’un des récits les plus marquant de ma petite vie. Je vous recommande la lecture.

Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de lire le récit en France, vous pouvez le lire en tout cas intégralement dans un excellent omnibus de plus de 700 pages. Voila ma modeste contribution, j’espère que cela vous donnera envie de lire cette histoire.

Cette opposition Crâne Rouge/Magneto, c’était un des très bon trucs, très intelligemment gérés, dans Acts of Vengeance.

D’autant plus surprenant qu’à ses début, Magnéto ressemblait plutôt à un super-vilain hitlérien avec son discours sur l’homo superior. Dans les 1ers épisodes d’X-Men, il s’empare d’une petite nation sud-américaine. Ses soldats portent alors l’uniforme allemand avec casque d’acier assorti.

Tiré de Spécial Strange n° 20, 20 juin 1980.

Mon premier contact avec les Nouveaux X-Men.
Un de mes potes venait de l’acheter.
J’ai juste entrevu la 1ère page avec cet abominable homme des neiges qui emporte sa victime dans ses bras.
Je suis revenu l’acheter en vitesse plus tard, le magasin allait fermer.
En fait, il s’agissait d’un bon, le Fauve, qui portait son amie Jean Grey alias Phénix, dans ses bras, en plein désert antarctique.
Ils se pensent alors les seuls survivants du groupe, les autres sont enterrés dans la base secrète de Magneto… Mais ressortent en Terre Sauvage où ils affronterons Sauron et Garokk, l’Homme de Pierre.
Claremont/Byrne/Austin au mieux de leur forme !

La vignette montre le Fauve méconnaissable sous la couche de neige, avec les angles inquiétants formés par ses cheveux. L’héroïne est alanguie dans ses bras. Pose ultra-classique des films de monstres (La Créature du Lac Noir, Frankenstein etc.) Le titre de l’épisode est intégré au dessin et même les récitatifs ont l’aspect de blocs gelés.

Quand on parle de « case », il s’agit d’une vignette de bande-dessinée, donc d’un élément d’une continuité narrative. Elle est un élément d’une suite de cases, si vous préférez.
Elle peut figurer le début d’une action (on peut parler de case d’exposition - genre la grande case qui ouvre l’album d’Astérix), une étape de son déroulement (même si la BD fonctionne par ellipses, on ne peut pas tout éluder) ou un aboutissement (genre la scène du banquet d’Astérix - mais elle ne clôt pas obligatoirement le récit, juste l’action.) Par exemple :

La première vignette montre le début de l’action (des vampires se préparent à attaquer) et la situe dans l’espace et dans le temps (une ferme, la nuit) ;
La seconde montre l’action en cours (les vampires pénètrent la maison) ;
la 3e montre la fin de l’action (le vampire agresse le fermier : l’action ne semble pas achevée - le fermier non plus - mais sur cette vignette se termine le récit en flash-back - dites "analepse" pour vous la, péter dans les cocktails mondains - donc il s’agit bien de la case finale.)

La case va nous marquer pour une raison X ou Y : parce qu’elle présente un coup de théâtre ou un cliffhanger (par exemple, l’apparition de Galactus à la fin d’un épisode des Fantastic Four), un retournement de situation (Arcade éclate de rire lorsqu’il annonce à Fatalis que Diablo s’est évadé de son piège), parce qu’elle met en exergue le moment de tension paroxystique d’un récit (le fameux climax - par exemple, Iron Man décoche le coup de poing fatidique qui va mettre Hulk KO debout), une action saisie dans son déroulement (Giraud était marqué par une vignette de Jigé montrant un indien se ruant sur Jerry Spring alors que, simultanément, le cow-boy ouvrait le feu avec son fusil sur son agresseur cf. Les cahiers de la BD) etc.

La case mémorable n’est pas nécessairement le fruit d’une prouesse graphique particulière (elle fait partie d’une suite or un dessinateur n’est pas un illustrateur, il ne pense pas ses cases séparément mais en fonction de l’action qu’il veut rendre), néanmoins elle marque le lecteur (peut-être plus qu’elle ne le devrait) au point qu’il en garde le souvenir et l’embellit… Au risque d’être un peu déçu quand il la revoit. Par exemple, un de mes amis était marqué par la vue en coupe du Baxter Building dans un récit des Fantastic Four.

Est-ce qu’un dessin de couverture est une case mémorable ? Oui et non.

Non parce que le dessin de couverture n’appartient pas à une suite : il synthétise une action clé du récit en BD voire plusieurs actions, et annonce le contenu du livre. Il est donc autonome. (Et parfois, il n’est pas l’œuvre du dessinateur du récit - cf. les cover artists des comics - ou il est exécuté dans un style radicalement différent - cf. les couvertures peintes des albums franco-belges - les couvertures des Chevaliers du Ciels ont d’ailleurs été refaites pour que Tanguy et Laverdure ressemblent à leurs incarnations télévisuelles, ce qui laissait perplexe le jeune lecteur lorsqu’il découvrait la tête de Laverdure dans l’album !)

Oui, parce que certaines cases synthétisent une action : par exemple, la fameuse vignette de Tintin(que je me garderai de reproduire), tirée de l’album Le Crabe aux Pinces d’Or, dans laquelle Hergé décompose à travers l’attitude de différents berbères le mouvement de fuite des pillards effrayés par les cris de colère du capitaine Haddock (en réalité, ils sont effrayés par l’approche d’une colonne de méharistes… Peut-on parler de double focalisation ? Non. ça suffit pour ce post la masturbation cervicale !)

Donc, postez les images de BD qui vous ont marquées, ce qui compte, c’est de se faire plaisir.

La série n’était plus traduite en france… On s est arrêté aux épisodes de Stern/Byrne pour reprendre avec Waid et Garney (Soit les périodes Dematteis et Gruenwald non traduites). On a eu juste Streets Of Poison.
Pour moi, c est un des meilleurs ties Ins de Acts avec Punisher War Journal (Où Pupu est confronté à Bushwacker, qui lui aussi a failli être prêtre) et Daredevil (Ultron par Nocenti).
C était le chant du cygne de Dwyer sur le titre!
Tres bon tie in!!! une des meilleures histoires de Magneto, pour moi.
Au départ Magneto interroge le Skull car ce dernier était censé être mort à la fin de Cap 300. Il revient au 350 où on apprend que son esprit à été transféré dans un clone de Rogers par Zola mais Cap pense que c est un imposteur jusqu au 370-371…

J’ai lu la Couronne du Serpent hier (et je me suis aperçu que je ne connaissais pas cette saga).
Et on y voit donc la « naissance » de Hellcat!

Alors c’est assez intéressant, parce que la splash page de Hellcat m’a rappelé un souvenir.
Je me suis dit, tiens ça me rappelle quelque chose, mais cette aventure, je ne m’en rappelle pas.
Donc, je me suis rué sur un de mes Strange Special Origines, où il y a la naissance de la Chatte (avant qu’elle ne devienne Tigra il me semble que c’est la même, je n’ai pas relu l’épisode).

Et donc, effectivement, les deux postures sont identiques. Clin d’oeil, je suppose?
Et c’est mémorable pour moi, parce que j’aimais beaucoup cette image, très sexy!

Sans doute, vu qu’il me semble que Hellcat reprend le premier costume de Tigra (quand elle s’appelait The Cat).

Une bourde de traduction extraite de l’album Martin Mystère, Le Secret de Saint-Nicolas, (novembre 2000, éditons Sémic), p. 207. Un témoin raconte le bombardement fatal du croiseur américain John Harwey à Bari, le 2 décembre 1943. Une bombe provoque l’explosion du bâtiment (1). Or, dans la 2e vignette, celui-ci est rebaptisé… Santa Barbara.

L’explication ? La traductrice a confondu le nom italien de la Sainte-Barbe (nom donné à la poudrière sur un navire de guerre) avec le nom du vaisseau. Et cela aura échappé au relecteur (s’il y en a eu un…)

(1) On est censé dire « bâtiment » lorsqu’on parle d’un navire de guerre.

La même erreur se retrouve, de mémoire, dans la Ballade de la mer salée, d’Hugo Pratt.

Si les Italiens parlaient français, ça n’arriverait pas.

Dans Spirou 37, Le Réveil du Z (1988), de Tome et Janry, page 1, une allusion perfide à un éminent personnage de SF :

(Le lecteur ressemble à Coluche…)
Plutôt sympa, cette période de Spirou. :slight_smile:

Alors si quelqu’un l’a c’est une toute petit case de la mort de captain marvel. On y voit son pied et un pistolet brisé ainsi qu’une petit tige métallique. Je me souviens avoir passé des heures gamin sur cette image à me demander comment on pouvait intégrer cette tige dans le pistolet. :unamused:

C’est tout à fait mémorable pour moi

Les questions métaphysiques qu’on se pose, enfant…

Nouvelle case marquante due à George Perez (encreur ?) dans La Ligue de Justice (DC-Arédit, 1982).

Darkseid, le dieu du mal est mort à l’issue de la série New Gods (alors abandonnée par Jack Kirby). Il se manifeste alors à des pions terriens qui seront l’instrument de sa résurrection.

Dans cette vignette (panoramique verticale), le dieu crève le sol et se dresse de toute sa hauteur. Il a l’aspect d’un gigantesque golem composé de béton et de pierres. Les canalisations évoquent des serpents autour de lui puis dessinent des veines saillantes sur son corps minéral. Bien qu’il ne s’agisse que de matière animée, Darkseid semble présent, habité par la colère et l’esprit de revanche. Devant lui, les vilains paraissent minuscules, écrasés par une force qui les dépasse.

Une image qui m’avait marqué tant Perez avait su rendre la fureur et la puissance du dieu vindicatif.

C’est plutôt une séquence.
mais c’est vrai que ça marque.

Une autre.
Lorsque j’apercevais mon grand-père entrer chez le père Sahut (le marchand de journaux du bourg), je me collais dans son sillage avec l’espoir de me faire offrir un « illustré ». Ce jour-là, comme souvent, pépé était disposé à m’offrir une BD, à condition que ce ne soit pas « des pifs et des pafs » (comprendre Pif Gadget ou assimilé.) Je jetais alors mon dévolu sur une revue dont la couverture, dynamique m’attirait…

On y voyait une créature de métal, dans une pièce remplie d’ordinateurs, qui tentait de foudroyer de son regard un homme costumé en diable et sa compagne tout de noir vêtue… tandis que, derrière lui, deux êtres, en métal également, pénétraient dans le laboratoire. Cette scène avait quelque chose de fascinant. Elle donnait envie de voir à l’intérieur…

Auto-promotion pour Arédit.
Le type à la mitraillette m’avait impressionné.

Ah, il a plus de gueule en BD, Jean Dujardin, ça c’est sûr.