LA CHAIR DU DIABLE (Freddie Francis)

Horreur
Long métrage britannique
Réalisé par Freddie Francis
Scénarisé par Peter Spenceley et Jonathan Rumbold
Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Lorna Heilbron…
Titre original : The Creeping Flesh
Année de production : 1973

La Chair du Diable est le dernier long métrage produit par la Tigon British Films, société britannique qui n’avait pas les moyens de la Hammer mais qui a réussi à se tailler une place dans l’histoire du cinéma d’horreur britannique grâce à des longs métrages comme Le Grand Inquisiteur de Michael Reeves et La Nuit des Maléfices de Piers Haggard. Tigon a toutefois fait son apparition un peu tard sur le marché et a abandonné son activité de production en 1973 (la Hammer était déjà empêtré dans ses propres problèmes) pour se concentrer sur la distribution.

Pour La Chair du Diable, la Tigon a réuni des noms régulièrement associés à la Hammer. C’est le cas du réalisateur Freddie Francis, talentueux chef opérateur à qui l’on doit notamment L’Empreinte de Frankenstein et Dracula et les Femmes. Solide artisan du genre, dont il n’était pourtant pas si fan que ça (il disait souvent que « les films d’horreur l’aimaient plus qu’il ne les aimait »), Freddie Francis savait soigner l’atmosphère de ses films, ce qui se vérifie encore ici avec la description des pubs et des rues sordides du vieux Londres. Francis travaillait d’ailleurs régulièrement avec le même directeur photo, Norman Warwick, au générique de productions comme Le Jardin des Tortures, Tales from the Crypt et Son of Dracula.

Les deux têtes d’affiches sont les gentlemen de l’horreur, vétérans de la Hammer et grands amis dans la vie qu’étaient Peter Cushing et Christopher Lee. Ils incarnent ici deux demi-frères qui ont chacun suivi des carrières scientifiques dans des domaines différents. Le personnage de Christopher Lee est un psychiatre qui dirige un asile d’une main de fer et qui est bien décidé à surpasser son demi-frère dont il raille les recherches. Peter Cushing joue Emmanuel Hildern, un savant revenu d’un voyage en Nouvelle-Guinée avec dans ses caisses un gigantesque squelette difforme qui, selon les croyances des autochtones, serait une sorte de dieu, l’incarnation du mal sur Terre…

En travaillant sur les origines du mal, Emmanuel pense qu’il pourrait le combattre comme on combat un virus. Encore plus étonnant, la chair du squelette se met à repousser lorsque l’os est au contact de l’eau…ce qui donne dans un premier temps un gros doigt à l’apparence un peu trop phallique (le squelette est un poil plus convaincant que les effets de maquillage). L’histoire familiale de Hildern est troublée par le destin tragique de sa femme, décédée dans l’asile (celui du frangin) où elle était internée depuis des années. Parce qu’il craint que sa fille souffre du même mal que sa mère, le savant décide d’expérimenter son vaccin sur elle. Monumentale erreur…

L’intrigue de La Chair du Diable se perd dans son charabia philosophico-scientifique mais c’était le genre de dialogues alambiqués que Peter Cushing savait déclamer à la perfection. Comme je le soulignais plus haut, l’ambiance est prenante, surtout lorsque les choses s’accélèrent dans une deuxième partie plus intense, entre drame (Cushing se montre assez touchant dans l’expression des aspects les plus tourmentés de son rôle) et horreur (une descente inéluctable dans la folie).

Le face-à-face entre Christopher Lee et Peter Cushing tient ses promesses et malgré les défauts (quelques chutes de rythme, des thèmes pas complètement maîtrisés, le maquillage de la créature…), les rebondissements assurent un dernier acte mouvementé…avant une ultime scène particulièrement ambiguë…

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