LA CHOSE À DEUX TÊTES (Lee Frost)

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REALISATEUR

Lee Frost

SCENARISTES

Lee Frost, Wes Bishop et James Gordon White

DISTRIBUTION

Ray Milland, Rosey Grier, Don Marshall, Roger Perry…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur/comédie/action
Titre original : The Thing with Two Heads
Année de production : 1972

Maxwell Kirschner, un scientifique de génie, réussit sur un gorille la première transplantation d’une tête sur un corps étranger sain. L’expérience est concluante et pourra lui sauver la vie. En effet, Kirschner est atteint d’une forme sévère d’arthrite qui le paralyse progressivement et d’un cancer à l’estomac qui ne lui laisse que quelques semaines à vivre. Alors qu’il tombe dans le coma, son assistant poursuit la recherche d’un donneur. Ce sera Jack Moss, un homme injustement condamné à la chaise électrique qui a accepté de donner son corps à la science histoire d’avoir un peu plus de temps pour prouver son innocence…sans savoir ce qui l’attend tant l’opération est entourée de secret. La transplantation est un succès et Kirschner se réveille le premier, découvrant son « nouveau corps ».

…et c’est là que ce raciste découvre que Jack Moss est noir !

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La Chose à deux têtes est le long métrage le plus « grand public » de Lee Frost, un réalisateur qui a oeuvré toute sa carrière dans le cinéma d’exploitation le plus souvent à tendance érotique (Le Vampire érotique, L’Eperon Brûlant…). Avec son collaborateur régulier Wes Bishop, le bonhomme a touché à tous les sous-genres du Grindhouse, du film de prison (Chain Gang Women) au film de motards (Chrome and Hot Leather) en passant par la nazisploitation (Le Camp spécial N°7).

Lee Frost plante bien le décor de son improbable histoire, avec une première péripétie amusante (l’évasion du gorille à deux têtes qui se réfugie dans un supermarché pour y manger des bananes) et une discussion qui établit efficacement le caractère détestable de Maxwell Kirschner. Ray Milland (Le Crime était presque parfait), qui était alors dans le tournant bis de sa carrière, est très bon dans le rôle de ce chirurgien raciste prêt à tout pour que son génie survive à la détérioration de son corps.

La suite est plus inégale. Il y a de bons passages (comme celui du réveil des deux têtes) mais à partir du moment où Jack Moss s’évade, le récit n’exploite plus assez les possibilités de son concept et l’antagonisme entre les deux têtes (il y avait moyen d’en faire une satire aussi mordante que délirante mais on dirait bien que ce n’était pas le genre de chose qui intéressait Lee Frost) pour privilégier une course-poursuite interminable entre la police et la « chose à deux têtes ». Ce rebondissement, qui débute en voiture pour se terminer à deux roues en pleine compétition de moto-cross, dure une bonne vingtaine de minutes et se révèle un peu trop répétitif malgré quelques bons gags.

Petit budget oblige, les effets spéciaux ne sont à aucun moment convaincants (les deux acteurs sont engoncés dans le même grand costume pour les plans rapprochés, Rosey Grier se balade avec une fausse tête collée pour les scènes d’action) mais la vision croquignolette de ce colosse bicéphale participe au côté distrayant de cette série B bourrée de défauts, dont la légèreté s’exprime jusque dans la chouette double scène finale.

J’apprécie particulièrement le titre français de The Scavengers : « Cache ta femme, prends ton fusil, voici les scavengers » (bon, en fait, c’est le slogan sur l’affiche, mais c’est apparemment devenu le titre complet)…

Bon, j’ai envie de voir cette chose à deux têtes, maintenant…

Tori.

Ouais, j’ai vu ça. Le titre français donne l’impression qu’il s’agit d’un western spaghetti et c’était certainement le but…