LA MORT DE CAPTAIN MARVEL (Jim Starlin, Steve Englehart, Doug Moench / Jim Starlin, Pat Broderick)

Tu es déjà levé ?

Si c’est pas écrit dans Wiki, c’est pas de la culture. En plus ils étaient pas nés.

Hahahahaha ouais je comprend. C’est pour cela que quand des lecteurs qui sont arrivéq dans les années 2000 sortaient cela, je souriais intérieurement en me disant que ce type d’affirmation te revient souvent dans la face quelques années plus tard.

J’imagine que c’est le même genre de blocage qui existe face à un jeune public à qui tu montre des films en noir et blanc et/ou des films post-80. Je le constate régulièrement lors des séances scolaires qu’on fait au cinéma. L’avantage c’est qu’une fois enchainés sur le siège dans la salle, ils ont pas le choix et ils regardent le film en entier. Et ils aiment de manière général (et en ce moment ceux qui critique Les Dents de la Mer disparaissent dans le 3ème sous-sol du ciné)

Ca c’est une bonne approche. Je peux l’avoir aussi, cela dis j’essaye de ne pas amoindrir la qualité de l’ancien. « C’est datée mais… » ça dévalorise quand même alors qu’en disant « plus ancien mais totalement novateur… ». Enfin bon…je me dis qu’il y a généralement pas trop à faire pour faire sauter ce verrou.

Juste pour répondre. Quand je dis « peut paraître vieillot » , je n’insulte pas les dessins hein ^^ je fais juste référence au fait que esthétiquement, les dessins correspondent à une certaine époque, bien éloignée des canons actuels.

Ils ne sont pas dépassés ou mauvais (en plus perso j’adore) mais j’ai déjà discuté avec d’autres lecteurs qui trouvent plus jeunes qui trouvent les dessins assez propres à leur époque (sans rien enlever à la narration ou au récit en lui-même restent intemporels).

Les dessins sont excellents, mais si t’es pas habitué et que tu es biberonné à Sean Murphy ou Simone di Meo, tu vas tout de suite capté que c’est un récit du débu 80’s.

Mais ça n’enlève rien à la qualité du dessin ou du storytelling quoi.

Et dis toi que ceux-là vont tirer une tronche dans une dizaine/quinzaine d’année quand on leur dira que Murphy c’est viellot ^^

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Tu t’en fous de ça. Justement faut les éduquer en leur disant le côté novateur à l’époque et lesi qualités que possèdent toujours le titre.

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Eh bien justement tu verras que je parle aussi du storytelling et du récit en lui-même qui sont d’une grande modernité voir intemporels.

Voilà. Donc tu n’as pas forcément à penser à leur place. Parce que sinon, faut aussi que tu te mettes à la place des vieux.

Ça m’amène plusieurs réflexions (qui sont liées).

Mais avant toute chose, un petit mot à Zouzeman, que je ne veux pas effrayer par mes grands élans !!!
:wink:

Après avoir tapé mon premier message, celui avec tous les extraits, je me demandais à quoi pouvait se résumer cette petite étincelle qui fait que je suis toujours emballé par des choses qui ont vingt ans, quarante ans, soixante ans. Et je crois que ça tient à un truc tout bête : l’intercase. Ce que l’on appelle la gouttière (tiens, encore un anglicisme).
L’évolution de la bande dessinée américaine, d’un point de vue graphique (donc mobilisation de plusieurs outils visuels) est concomitante de la disparition progressive de l’intercase, sous l’effet de plusieurs choses, que ce soit une réflexion sur le blanc du papier, donc sur le rapport plein / vide, ou « espace négatif » comme disent les anglo-saxons (Frank Miller a été l’un des premiers à pousser ses cases jusqu’à la coupe, indiquant que le blanc tournant, on pouvait jouer avec, voire le faire disparaître) ou l’émergence des comics peints dans les années 1980, grâce notamment aux progrès de l’impression.
Petit à petit, l’image a grossi, prenant plus de place, enflant au point de faire disparaître l’intercase, un peu comme l’eau qui monte dans le bateau qui coule, et qui chasse la bulle d’air. L’exemple qui résume bien ça, c’est Superman #75, la mort du héros : l’épisode est composé de pleines pages et chaque nouvelle planche propose une image qui occupe toujours plus de place, si bien qu’au début de l’épisode on a un blanc tournant, mais on n’en a plus à la fin. Un résumé parfait de l’évolution graphique des comics. Un parfait condensé de la logique « in your face » d’Image. Sur le papier, il n’y a plus de papier : il n’y a qu’une image.
Or, selon moi, ce qui fait la spécificité de la BD, sans doute encore plus que la bulle ou l’onomatopée, c’est l’intercase. C’est ce rythme entre la vignette et le vide, cette ponctuation entre chaque phrase visuelle, chaque image. Selon moi, la grande narration visuelle, c’est la gestion de ça, la gestion de la succession de cases. Quand on pousse les bords au point d’effacer l’intercase, on fait disparaître l’effet de narration. Pas la narration elle-même, mais plutôt le signal entre le bédéaste et son lecteur, qui fait que le premier fait son effet et le second y est sensible.
Je prends beaucoup de plaisir à regarder les planches de Jorge Jimenez sur Batman, mais pour moi, c’est essentiellement une galerie d’illustration, parce que le gommage de l’intercase transforme chaque planche en une vaste image où la hiérarchie se fait surtout par la taille de ce qui est représenté.

Ce qui m’amène à mon second point, qui est lié au développement du marché des galeries, truc qu’on a déjà évoqué ici à plusieurs reprises. Beaucoup de dessinateurs qui travaillent encore en traditionnel (Jim Cheung, Bryan Hitch…) placent de plus en plus des personnages en pied dans la plus grande case de la planche, parce qu’ils savent que c’est vendeur, que la planche partira à bon prix en galerie. La bande dessinée américaine est entrée dans une nouvelle ère dès lors.
Et moi, en y réfléchissant hier soir, je me disais qu’il y a des auteurs des décennies passées que je peux reconnaître à leur trait (le dessin en soi) mais aussi à leurs techniques narratives. Je peux reconnaître un Starlin, un Byrne ou un Miller à leurs cadrages, à leur montage, même si l’encreur a massacré le dessin. Aujourd’hui, je ne sais pas. Déjà, y a plein de dessinateurs que je n’arrive pas à identifier, même si j’apprécie le boulot. Mais surtout, je crois voir beaucoup de très bons illustrateurs, mais même s’ils racontent bien, je n’ai pas l’impression de voir évoluer des gens qui proposent une narration nouvelle, novatrice. Des gens comme Ronan Cliquet ou le regretté Robson Rocha, j’aime bien voire beaucoup, mais j’ai l’impression de voir des élèves d’Alan Davis appliqués, en matière de narration. Rien de neuf. Araujo m’a l’air intéressant, mais je connais trop mal pour vraiment en parler.
Et si je lis encore une quantité convenable de productions récentes, je me rends compte que les dessinateurs qui m’intéressent le plus (pas obligatoirement qui me plaisent) sont ceux qui utilisent souvent l’intercase, dont qui sont plus intéressés à l’idée de raconter une histoire qu’à celle de faire de belles illustrations. C’est peut-être pour ça que je continue à préférer le Greg Capullo des débuts que le complice actuel de Scott Snyder.

Jim

Dingue, hein !
J’ai bien dormi, mon tour de reins commence à passer, donc je reprends un rythme normal.

T’es encore plus méchant que moi.

Jim

Apocalyptique même

Il s’est jimleesé (cf. Hush)

Plus qu’aux canons actuels (voir mon post précédent : les dessinateurs actuels viennent bien de quelque part, si tu retires Romita Jr, Buscema et Frazetta, tu n’as pas Capullo), ça tient essentiellement au regard des lecteurs.
Or, on sait (les chiffres de vente le disent) que ce qui se vend le mieux, c’est la nouveauté. Dans des proportions de dingue. Si bien que la mise en perspective est difficile.

Entièrement d’accord. C’est pour ça qu’à un moment, il faut arrêter le biberon.
:wink:

Jim

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Alors eduquer est un grand mot…
Je suis vraiment pas fan pour ma part de Gil Kane, Joe Kubert ou Carmine Infantino… Je vois ce qui fait qu’ils sont de grands artistes mais leur dessin fait toujours baisser un peu mon ressenti final.

Apres je suis pas un grand fan non plus du trait de Gibbons… je le lis car il est trés fort en narration et sait choisir ses projets mais son trait est pour moi assez banal.
J ai de plus en plus de mal à regarder de vieux films … et là je parle même de films des années 80 où des trucs que j aimais me semblent trainer en longueur… (bon j ai toujours des films de 70 à 80 qui sont dans mon top ever) et avant les 70’s si c est pas Hitchcock… c est difficile.

Quand à la peinture… les trucs trop vieux ne me plaisent pas… l expressionisme, l art nouveau, le surealisme, l impressionisme; OUI… la naturalisme? ben pourquoi faire

Bref, ne pas dire à des gens dont je SAIS qu ils vont avoir du mal qu ils va y avoir une partie qu ils n aiment pas…
Ca me gene…
Si je dois recommander que ce qu ej aime… je ne recommanderais pas de xmen quoi (je plaisante)… bref mon but est que le lecteur a qui je recommande un truc ait une chance d aimer… donc je préviens…

Le gars qui aime pas Captain america car il le trouve trop culcul… je vais pas lui conseiller Gruenwald… et si je lui conseille Dematteis… je vais le prévenir quand même que ca risque de pas etre à son gout et qu il vaut peut etre mieux aller direct sur Brubaker ou Steranko.

J essaie de m adapter à mon interlocuteur pour le conseiller sinon…

Sur Brucelit, y a pleins de gens qui ont des gouts variés et qui sont pas des newbies… jamais je conseillerai Cap d englehart ou de Dematteis à certains… ca plaira pas… ca sert a rien.
Je dis que c est parmi mes préférés puis je dis qu il vaut mieux lire Brubaker sans doute (en esperant que si brub marche, la curiosité l emporte…)

De toute façon, tout évolue… les réalisations des films, la musique et l’enregistrement et ses conceptions, les dessins des BD, les machines, etc. - Après, c’est une question d’habitude ou de goût… j’aime bien tout ce qui a été fait dans les années 60 à nos jours. J’ai un peu de mal pour ce qui a été fait avant les années 60. On ne peut pas en vouloir aux jeunes qui trouvent certains dessins 《VIEILLOTS》mais comme l’a écrit @Lord-of-babylon, dans un futur, ils verront la nouvelle génération qui trouveront les dessins des années 90《VIEILLOTS》…

Édit : de tant plus, de nos jours, avec toutes les machines que nous avons, tout facilite les réalisations et les conceptions… grâce à l’ordinateur et ses logiciels, les tâches ne sont plus réalisées comme à l’époque : les techniques changent, évoluent… Je trouve dommage de ne pas se pencher sur ce qui a été fait avant dans le passé… C’est toujours intéressant de voir les changements et évolutions de technique et de pratique…

Moi je suis content quand les jeunes aiment Born AGain, qu ils trouvent « canon » même si le dessin est pas top (ils parlent du trait pas de la narration) et là je leur parle de la narration…
mais Mazzucchelli pour eux, c est Carmine Infantino pour moi quoi…

Éduquer ne veut pas dire faire adhérer ou faire aimer.
Je n’aime pas le chou fleur, mais je connais le goût, je sais pourquoi je n’aime pas et je sais d’où ça sort.

Ouais mais le truc c’est que ce n’est pas toujours vers le haut. Rien qu’en prenant le cinéma US faudra se lever encore plus tôt que Jim aujourd’hui pour me convaincre que les films actuels sont mieux que ceux des années 70 (voire 80)

Sinon quelqu’un a déjà fait cette remarque ? :grin:

Petite précision pour mon petit texte : il a été rédigé pour Instagram (nombre de caractères limités)et Facebook et l’âge moyen de mes followers et autres personnes qui fréquentent les groupes comics est assez bas.

Donc effectivement je m’adresse à une certaine population et je préfère les prévenir.

Mais à la fin j’ai des gens qui viennent me demander oû ils peuvent trouver cette oeuvre, donc à la fin l’objectif est atteint.

En voilà des goûts et des couleurs. Sérieux, il y a des films de nos jours qui sont bien réalisés et je ne parle pas des films à gros budget… :wink: