Sauf qu il y a des lecteurs qui sont trop jeunes pour s y intéresser ou qui ne s intéresseront jamais.
A part les passionnés de pop culture, j ai pas l impression que l histoire, la technique intéressent tant de monde que ça…
et dans la culture « reconnue » ce qui compte c est l histoire officielle des arts majeurs… Voler picasso c est mal… pomper kirby sur une toile c est de l art.
Bref je comprends ce que tu veux dire Jim mais je prefere donner de bons points d entrée aux newbie en esperant qu ils restent, qu ils aiment et qu ensuite ils s intéressent à l histoire, la technique…
Mais en premier lieu si je pense que Ditko les fera fuir… ben tant pis je preferent qu ils lisent Straczinsky ou Slott. En espérant qu ils finiront par chercher Ditko (et tout en leur disant que c est le run majeur de Spiderman)
Malheureusement je le pense aussi. Et là je m’interrogè sur mon propre parcours. Via X-Men Saga, j’ai découverte en même temps les X-men de Jim Lee et ceux de Byrne alors que j’avais 13 ans. Vu que je faisais plein de bouquiniste, je pouvais lire en même temps le Spider-Man de Buscema, celui de McFarlanne et celui de Bagley. J’ai jamais ressenti de blocage. Pareil pour les films ou séries, je pouvais autant aller mater au ciné Jurassic Park pour ensuite regarder Les Sept Mercenaires, La Belle et la Bête etc. Sur les séries je regardais et m’éclatais à la fois sur X-Files et La Quatrième Dimension.
Du coup c’est moi qui était un alien ou il y avait autre chose ? Sans considérer mon cas comme un exemple (vu que d’autres gus de mon âge avait ce genre de blocage) je me demande si le fait qu’on avait accès à moins de truc (pas de net, juste quelques librairies, juste la téloche) et qu’il y avait une concentration plus restreinte (6 chaines qui t’impose ce que tu regarde) n’a pas joué sur le fait qu’on acceptait plus de chose
Ouais c’est vraiment un truc étrange. Peut-être à relier avec l’accessibilité immense. « de mon temps » on avait pas le choix, on prenait le truc comme ça venait et on était bien content.
Cà c’est le truc que beaucoup de gens (et des pro) ont du mal à admettre quand ils s’étonnent du succès des mangas. Mec quand tu as de la BD à même pas dix balles face à des trucs à plus de 20 ou 25. Quand tu es ado et que tu pas trop thunes, le choix est vite fait
Oui les vioques comme JIM et moi c est pire on avait toutes les periodes en même temps…
Je detestais Ditko dans Machineman ou la legion mais j adorais ces Doc Strange et j aimais bien ses spiderman…
Contrairement à Kirby ou j avais du mal sur ces debuts mais j aimais lk encrage de sinnot ou ses travaux des 70’s…
et pareil tu etais obligé de chercher… et en tout.
Quan dtu decouvres le rock c est pareil… tu étais un « vrai » que si tu as la face B de 82 ou la version live quasi introuvable…
Oui, mais ce que tu décris, c’est le « grand public », le public qui achète trois albums par an, tout ça. Mais dès lors qu’on s’adresse à quelqu’un, via Instagram ou un forum, on cible déjà plus, on cause à un public qui s’intéresse. Et s’intéresser, c’est pas seulement se tenir au courant de la nouveauté. Je m’intéresse à la science-fiction, et régulièrement je regarde un film ou découvre un roman que je ne connaissais pas. Mieux : je m’intéresse au cinéma d’horreur, genre dans lequel j’ai des lacunes. Je me vois mal ne regarder que les nouveautés, surtout quand je lis des commentaires sur des vieilleries. J’ai longtemps détesté le genre zombie, mais à force d’entendre parler des gens, je suis allé voir les classiques.
Je veux dire : quand on s’intéresse, on s’intéresse. Vraiment. Si on ne va pas voir derrière, c’est qu’on ne s’intéresse pas. Ce qui ne me pose aucun problème. Ce qui me soucie, c’est quand on me dit l’un et qu’on fait l’autre.
Ah ça, c’est encore autre chose, ouais.
Marrant, parce que pour moi, Steranko est hyper daté. Attention, j’adore, hein, ses Captain America et le reste. Mais c’est daté. C’est très connoté Kirby, et très connoté art pop. Ses Captain America peut-être un poil moins, mais c’est palpable. Du coup, je n’aurais pas conseillé (ou alors parce que c’est court).
Là encore, c’est quoi de bons points d’entrée ?
Bon, déjà, moi, je m’en fous un peu : les débutants ont à leur disposition des catalogues entiers de trucs et de machins, avec du rédactionnel dedans mais aussi en quatrième de couverture et des heures de lecture sur la toile s’il veulent. Tout plein de machins, de parcours fléchés et de béquilles qu’on n’avait pas, nous. Alors qu’ils se débrouillent.
Ensuite, s’ils me demandent conseil, moi je leur demande ce qu’ils cherchent. Est-ce qu’ils veulent découvrir l’univers de Batman ? Auquel cas je les renverrais vers Silence. Est-ce qu’ils veulent un truc définitif ? Killing Joke. Ou peut-être le Dark Knight ? Est-ce qu’ils veulent une grosse saga ? Knightfall. Et ensuite No Man’s Land.
Un jour, un libraire me dit qu’il est un peu perdu dans les Star Wars, qu’il connaît un peu mais ne sais pas trop quoi conseiller quand on lui demande. Je lui ai demandé s’il faisait bien le distinguo entre les séries qui se passent à hauteur de la première trilogie ou de la plus récente (c’était avant les derniers longs métrages). Il m’a dit oui. Alors j’ai répondu : « c’est simple : tu demandes à ton lecteur s’il préfère la vieille trilogie, avec la fin de l’Empire, ou s’il préfère la nouvelle, avant l’Empire. En fonction de ça, tu l’orientes, en lui disant que l’ensemble du catalogue couvre les deux périodes et qu’il peut picorer. »
Voilà.
Qu’est-ce qu’il veut, le débutant ? Un truc au long cours ? Un truc récent ? Un fondamental ? Les origines ? Un intemporel ? Un récit court ou un gros pavé ?
Après, je le répète : les lecteurs ont tous les outils à portée de main pour s’y retrouver.
Ce qui leur manque, c’est sans doute une offre kiosque, un truc pas cher pour picorer. On a eu la chance d’avoir ça, nous les vieux.
J’ai eu une discussion un peu musclée avec un gars, qui tenait un stand dans un marché, et le mec faisait des détournements de super-héros. Genre Captain America qui devient Captain Jamaica, avec un oinj au coin du bec. Truc sympa, rigolo, décalé. J’étais parti pour m’en prendre un ou deux, et puis le voilà qui s’embarque dans un discours genre « ouais, tu vois, en plus, nous, les illustrateurs, on les rémunère, c’est équitable ». Et là, du coup, je lui explique : « Bon, c’est bien de rémunérer les illustrateurs, je suis d’accord, mais dans ce cas, qu’il fasse un dessin complètement original. Parce que là, tu vois, tu Captain Jamaica, c’est un détournement d’un dessin de Jack Kirby. Et celui-là est repompé d’un dessin de John Romita, et tous les tee-shirts que tu exposes, c’est un décalque d’un dessin déjà créé pour Marvel, pour lesquels ces mecs ont été payés une fois et n’ont jamais rien touché sur le merchandising. En recopiant leur boulot, tu cautionnes l’exploitation d’un dessinateur tout en te cachant derrière l’excuse d’en rémunérer un autre. Donc je ne vais rien acheter, parce que je ne veux pas financer ta bonne conscience facile. »
Oui, c’est aussi un truc que j’ai du mal à comprendre : ouais, on comprend pas tout, ouais on loupe des trucs, mais c’est pas grave, ça fait partie du charme.
Bah on est dans une société où l’on a appris aux gens que « le bon prix des bonnes choses », c’était pas cher. Or, non. Les choses sont chères. La culture entre autres. Un bon fromage par un artisan local, c’est cher. Plus cher que le fromage de marque distributeur. Mais c’est comme ça. La vie et ses plaisirs, petits et grands, c’est pas du discount.
Ouais, pareil.
Après, tu as l’air un peu plus jeune que moi. Moi, je fais partie d’une génération qui avait Strange Spécial Origines chez Lug et « La Dernière Séance » à la télé. Donc l’aspect patrimonial, on connaissait, on gérait. On savait qu’il y avait eu des trucs avant. Que ces trucs, parfois, étaient très bien. Même au-delà de la dimension historique, de l’aspect patrimonial, de l’approche « héritage / tradition ».
Aujourd’hui, les éditeurs commencent à peine à exploiter le fond (surtout chez DC, l’histoire de l’édition de comics en France faisant que cet éditeur a pris du retard). La télé, elle, n’exploite quasiment pas son patrimoine. Et l’offre, en matière de nouveauté, est tellement conséquente qu’on est dans une immédiateté tout le temps renouvelée…
Je pense aussi.
Et ma génération a connu la période trois chaînes seulement.
Ouais. Zactement.
Kirby, j’ai dû voir ses Machine Man à la période où je découvrais ses vieux Fantastic Four. J’avais du mal à comprendre…
Oui, ou les influences de tel groupe sur tel autre, les généalogies de musiques, de genres, de sons… Tu remontes le temps, tu pars de la new wave, tu passes par la batcave, le punk, et tu arrives à Iggy Pop ou au Velvet Underground.
Pareil que pour les comics : tu découvres Guice, tu remontes à ses premiers boulots, et tu découvres Gulacy parce que sans Gulacy pas de Guice première manière, mais sans Steranko pas de Gulacy, et sans Wally Wood pas de Steranko, et sans doute sans Will Eisner pas de Wally Wood…
Et c’est là où l’importance du prescripteur est fondamental. Quand j’ai commencé à m’intéresser au cinéma fantastique ou à la série télévisée, j’avais Mad Movies et Génération Séries en kiosque. Soit des revues qui parlait d’actu (quoique moins pour GS) mais avec une grosse exploration du passé et du « petit » truc (dans Mad c’était la rubrique direct-to-vhs, les Craignos Monsters de JPP, les dossiers de Toullec etc.). Pour les comic en papier on avait Scare et Comic Box.
Le problème du net aujourd’hui dès lors c’est qu’il va pas proposer un truc généraliste qui va te forcer à regarder le vieux quand tu est venu chercher le nouveau (comme Strange qui te « force » à lire Avengers alors que tu étais venu lire Spider-Man) et, surtout, j’ai l’impression que dans les nouvelles générations de prescripteur, il y a beaucoup moins l’envie de faire un vrai travail de critique. C’est à dire quelques chose proche du documentaliste, de la recherche, de la mise en contexte, du rassemblement de choses éparse pour mettre en relief des liens ou résonances qu’on avait pas vu etc. Bref faire le lien entre le passé et le présent. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’on commente ce qui sort (et surtout ce qui va sortir) mais qu’on se retourne pas en arrière.
(pour se brûler les yeux sur son lopin de terre et son viel arbre tordu au milieu)
Bon il y a des chouettes sites ou podcast hein mais j’ai l’impression que le courant principal va pas vers le besoin de transmission de l’héritage
(ce qui est paradoxale dans une époque ou la majorité de la culture pop est composé d’un immense recyclage tel quel de plein de truc du passé)
Aka la génération « Al Ewing/Soyouz/Lord/Photonik/Steinmetz/Winnetouch » (tous dans les mêmes eaux semble-t-il, vers la sortie de La Guerre des Étoiles). Puis en remontant un peu en arrière la génération « Jason Aaron/Le Doc/Mallrat » (vers la mort de Gwen Stacy & Norman Osborn) ou plus loin « Manticore/Peter David » (vers la période du début du Silver Age avec l’entrée en scène de Barry Allen & Hal Jordan).
Là je parle en général de truc « comics » mais qui attirent surtout les fans de Films et séries.
Et si trop cher car les trucs à 20/30€… c est au delà d un budget d un jeune au vu du temps que ca prend… ca aura toujours un prix plus cher qu un manga, qu un jeux video (rapporté au temps)…
Je pense vraiment que le fait que le comics deviennent un objet « luxueux » le rend moins accessible à un jeune public.
Transmettre, c’est ce que j’essaye de faire à mon humble niveau avec le ciné-club (et contrairement à Fred, je ne me lasserais jamais du cinéma d’avant les années 2000 ^^).
Et même si j’ai eu ma petite période Mad (où je dévorais les rubriques dont tu parles), le magazine ciné que je préférais lire était (sans surprises) celui-ci :
Pour ce qui est des critiques comics, j’avoue que j’ai toujours plus de plaisir à écrire sur du « patrimoine » que sur les séries récentes…
