REALISATEUR
Roger Donaldson
SCENARISTE
Dennis Feldman
DISTRIBUTION
Michael Madsen, Natasha Henstridge, Ben Kingsley, Marg Helgenberg, Forest Whitaker, Alfred Molina…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction/horreur
Titre original : Species
Année de production : 1995
Il y a 20 ans, des scientifiques du SETI ont envoyé un message dans l’espace, avec des informations sur la Terre et ses habitants dans l’espoir d’une rencontre avec d’autres formes de vie. Ils ont fini par recevoir des réponses, la deuxième sous la forme d’un échantillon d’ADN extraterrestre. Le docteur Fitch (Ben Kingsley en savant à la Frankenstein) tente alors avec ses équipes une expérience de fécondation et après de nombreux essais naît Sil, qui a l’air d’une humaine normale mais qui atteint l’âge de 12 ans en à peine 3 mois (elle est jouée par la toute jeune Michelle Williams, dans son premier rôle sur grand écran).
Mais Sil est jugée incontrôlable, notamment à cause de ses soudaines crises violentes. Fitch décide de l’éliminer (la scène d’ouverture cultive une certaine ambiguïté) mais Sil parvient à s’échapper. Dans un train qui l’amène à Los Angeles, Sil continue sa mutation et se transforme en une magnifique jeune femme (l’ancien mannequin Natasha Henstridge faisait également ses débuts au cinéma) qui n’a plus qu’une seule idée en tête : s’accoupler et engendrer une progéniture qui détruira l’humanité…
Natasha Henstridge n’est pas une très bonne actrice (loin de là) mais son côté un peu emprunté pour ses premiers pas devant la caméra est assez utile pour les séquences d’introduction dans lesquelles Sil découvre la vie urbaine…avant que ses pulsions la rendent de plus en plus dangereuse pour ceux qui ont le malheur de croiser son chemin. Pour la traquer, Fitch rassemble une équipe. Michael Madsen imposait une nouvelle fois sa coolitude et son interprétation décontractée (ou léthargique, c’est selon) en mercenaire à la tête d’un groupe qui réunit aussi un médium (Forrest Whitaker), une biologiste moléculaire (Marg Helgenberg) et un anthropologue (Alfred Molina).
La structure de la traque est assez classique et si la caractérisation est limitée à la simple fonction des protagonistes, la dynamique qui lie cette bande très hétéroclite est plutôt bonne. Le suspense matiné d’horreur et d’érotisme est surtout rythmé par les actions de Sil…mais la machine tourne tout de même un peu à vide arrivé à la moitié du métrage (une constante de la filmographie de l’honnête faiseur Roger Donaldson, passé par tous les genres avec plus ou moins d’efficacité) . Un « ventre mou » avant un dernier acte un peu plus mouvementé sans être exempt de défauts et d’emprunts un peu trop appuyés.
Le design de La Mutante est sorti de l’imagination de l’artiste suisse H.R. Giger, qui nous a quittés en 2014. Avec Sil, Giger voulait une nouvelle fois donner vie aux créatures de ses peintures, à travers cette guerrière aussi sensuelle que meurtrière. Il s’est impliqué dans la production, en imposant plusieurs de ses choix (notamment les scènes oniriques avec un train cauchemardesque) et l’ultime stade du développement de Sil ne manque pas d’impact. Il est alors dommage que l’abus d’images de synthèse (terriblement datées) dans l’affrontement final fasse perdre complètement l’aspect charnel de l’hybride (et la bouillie numérique pique les yeux).
Accueilli fraîchement par la critique, La Mutante a connu un succès suffisant (plus de 113 millions de dollars de recettes pour une mise initiale de 35 millions) pour engendrer une petite franchise : trois suites (dont deux direct-to-DVD), des romans et des comic-books chez Dark Horse.