LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT (Matt Reeves)

J’ai vraiment adoré le précédent, je l’ai trouvé intelligent, bien mené, angoissant, avec une thèse et un message mais pas envahissant, respectueux de la vieille série avec des références finement glissées, bref, une belle réussite.

Et le petit clip « viral » (hin hin) est astucieux et roublard comme il faut, là !

Jim

Ouais, pareil. J’ai aussi apprécié le fait que le film échappe au tout action des habituels blockbusters d’été pour se focaliser sur des personnages vraiment très bien construits. Le réal et ses scénaristes ont pris le temps de faire vivre cette « famille recomposée » tout en faisant monter la tension de manière implacable jusqu’à un ébouriffant dernier acte.

La Fox prépare déjà le prochain volet de la saga Planet of the Apes. Matt Reeves a été confirmé à la réalisation et participera à l’écriture de l’histoire avec Marc Bomback, le co-scénariste de L’Affrontement.

La nouvelle bande-annonce :

Elle donne envie cette nouvelle BA

J’ai beaucoup aimé le premier (personnages bien caractérisés, tension qui monte tout au long du film), j’irai voir celui-ci avec plaisir.

Oulala… Ça donne vraiment envie de le voir! J’ai pas mal appréciée le premier aussi alors c’est sure que je passerai pas à coté de ce second volet très prometteur.

Que s’est-il passé entre Les Origines et L’Affrontement ? Réponse ci-dessous :

Pas mal du tout cette suite. C’est pas original pour un sou, on voit venir les différentes intrigues mais ça reste correctement emballé et maîtrisé dans l’écriture. On évite les personnages caricaturaux (du moins à l’excès) et cette suite s’appuie sur le premier film sans jamais exagérer.

Ca reste un blockbuster sympathique et agréable à regarder notamment par la qualité de jeu d’Andy Serkis qui se révèle (encore une fois) incroyable. Je regrette toutefois certains choix effectués alors que d’autres auraient été plus couillus et intéressants. D’avantage montrer la chute de la civilisation humaine au quotidien qu’en dehors du générique par exemple (c’est surtout la récurrence de ce procédé depuis quelques années qui me gonfle surtout quand le reste du film se révèle en deça de ce qui est montré dans le générique), la mettre en parallèle avec l’élévation des singes durant la même période mais surtout je regrette le choix d’avoir sous-titré les dialogues en langage des signes entres les singes.

Enfin cela n’empêche pas le film d’être agréable à regarder. On s’emmerde pas, il y des passages vraiment excellent, c’est bien rythmé et filmé. Un bon film post-apo en somme.

C’était déjà le cas pour le premier, non ? Ou bien je me trompe ?

Jim

J’ai une mémoire de poisson rouge actuellement et pourtant je l’ai revu il y a deux semaines mais je crois que tu as raison (il me semble qu’il y a un début de dialogue entre César et Maurice).

Mais vu que dans ce deuxième on est clairement dans une société naissante et que langage est courant cela m’aurait plu de ne pas avoir eu besoin de sous-titrage. Déjà j’ai trouvé que c’était redondant pour la plupart des scènes (ce qui se passe à l’écran et tout à fait compréhensible) et surtout cela pouvait participer à ce manque de compréhension entre humains et singes.

edit : en plus je trouve que visuellement ca choque beaucoup. Ta une image assez superbe qui est cassé par un sous-titre disgracieux. J’y pense justement en ayant en mémoire la récente discussion sur le lettrage dans le sujet Comics/Francobelge/manga et je me dis que quitte à faire le choix de sous-titré, ils auraient pu jouer plus finement avec le lettrage.

(de mémoire il y a un seul film qui ai fait ça c’est Man of Fire de Tony Scott)

J’ai l’impression que la télé a mieux intégré le truc. Heroes avait proposé des trucs cools à ce sujet. Dans Sherlock, le sous-titrage apparaît pour retranscrire des trucs non verbaux.
Je suis sûr qu’il existe plein d’exemples auxquels on ne pense pas, et qui pourraient désigner des pistes à suivre en termes esthétiques.

Jim

Le film est très agréable. Et assez futé. En bref, dans la lignée du précédent, dont il reprend les personnages, mais également les enjeux, la dialectique, la psychologie, afin de tirer un film « conséquences ».
C’est d’ailleurs l’une des grandes forces du scénario, montrer que les personnages sont le fruit d’une expérience. Ça dépasse le simple déterminisme (genre « il tue parce qu’il a eu une enfance malheureuse ») qui aurait pu sonner comme du Zola à la petite semaine, et servir un discours de droite (« les pauvres sont pauvres et les méchants sont méchants parce qu’ils sont nés comme ça »), d’autant que tous les personnages luttent, chacun à leur manière et chacun avec ses moyens, contre le formatage que l’expérience lui a fait subir. En cela, il n’y a pas de pur méchant. Il y a des méchants, dans les deux camps, mais ce sont souvent des personnages qui font les mauvais choix sur un coup de tête, voire sciemment, mais après des dilemmes intérieurs, pas par pure malignité. De sorte, les personnages sont riches.

L’autre chose qui m’a semblé intéressante (et en cela, j’irais contre l’avis de notre Seigneur de Babylone préféré), c’est justement de montrer une société humaine survivante dont la situation chronologique est bien précisé (dix ans plus tard). C’est suffisant pour qu’un semblant de civilisation ait pu sédimenter, mais pas assez pour qu’une nouvelle culture se soit installée. Les personnages (dans les deux camps là encore) vivent dans le souvenir de ce qui était avant, et cela pose la question de la reconstruction. Reconstruction double, d’ailleurs, puisque d’un côté il y a un îlot humain et de l’autre un village simien, qui bâtissent deux modèles de société, aucun ne pouvant s’émanciper de la société humaine du premier film. Cela amène une interrogation sur le rapport à la technologie, à l’arme à feu, à l’éducation, au langage, qui est assez bien résumé dans les premières minutes du film. Le singe imite l’homme, mais le survivant imite l’homme du passé. Ça, c’est assez bien vu.
Et c’est d’autant bien vu que, justement, le film débute dix ans après l’épidémie, quand les deux groupes se retrouvent presque à égalité (numérique, technique, logistique…). Voir la chute de la civilisation humaine ne me semble pas très intéressant en soi, et n’aurait au final que dirigé l’empathie et l’identification vers l’humain. Or, il me semble que tout le propos des scénaristes est de canaliser cette identification vers le singe. Le film commence sur les singes, qui se sont organisés en société et reproduise des activités fondatrices de l’humanité (la chasse, notamment…), témoignant de la proximité qu’ils entretiennent avec l’homme (et donc avec le spectateur).

Et c’est là sans doute que le film prend une dimension vraiment intéressante.

D’une part, il évite l’angélisme qui accompagne souvent les récits autour de sociétés animales, où l’homme est le grand méchant. Là, les singes reproduisent les mêmes travers. Bon, c’est traditionnel, dans la licence Planète des Singes (le vieux cycle hestono-franciscain, la série télé, le film burtonien et les deux récents opus…), mais de mémoire, c’est la première fois qu’une intrigue propose une véritable confrontation entre deux groupes de taille et de poids à peu près égaux. On aurait pu avoir une prise de parti tranchée, mais en fait, non, c’est assez subtil.
D’autre part, si l’on part du principe que le spectateur est invité à s’identifier aux singes par l’ouverture du film (comment Denny Colt appelait-il, déjà, les cases de Grant Morrison où le personnage regarde le dessinateur ? « direct to eye » ? « eye to eye » ?), on peut considérer que les singes, c’est les Américains. Tout confirme cette lecture : il s’agit d’une civilisation en rupture de ban avec la société qui l’a abritée (et torturée, et marchandisée), mais qui reproduit les structures de la société précédente, celle-ci étant représentée par une poche d’humains survivants baptisée « la colonie », comme les colonies anglaises d’avant l’Indépendance. Dans cette perspective, il devient intéressant de constater que la « guerre » est déclenchée par un va-t-en-guerre paranoïaque mais pétri de bonnes intentions, qui préfère inventer un ennemi imaginaire afin de créer le conflit plutôt que de le subir, dans une version perverse du « si vis pacem, para bellum ». Et si l’on accepte la métaphore de l’Amérique, alors on a ici le portrait d’une Amérique qui invente un conflit pour affirmer son existence. Je trouve ça vertigineux.
C’est d’autant plus fort que le film se termine sur la promesse d’un contact avec des renforts humains, dont rien ne nous affirme, nous spectateurs, que c’est vrai. Le peu qu’on a entendu des messages radios sont des propos apparemment humains mais parfaitement inaudibles. Le mexican stand-off entre Malcolm et Dreyfus repose sur un bluff, dont le premier n’a pas l’explication, et qu’il transmet à César comme argent comptant. La société des singes, endurcie par le conflit, va donc se fédérer autour d’un mythe, celui de l’attaque imminente venue de l’extérieur. Il suffira d’un simple camion traversant la forêt par hasard pour conférer corps à ce mythe, et donner à cette nation naissante et paranoïaque des raisons de guerroyer.
Là encore, la métaphore tabasse.

Au-delà de ça, le film, au premier degré, est agréable. La scène d’action d’ouverture est assez bien amenée et ne fait pas « in your face », les décors sont pas mal (la San Francisco noyée dans la végétation est plus convaincante que la New York de Je suis une légende), le filmage contient quelques bonnes idées (la tourelle du char), les acteurs sont formidables (je ne connaissais pas Jason Clarke, et je trouve Keri Russell réellement craquantes), et la construction prend son temps sans donner l’impression de traîner.
Bref, aussi agréable à regarder que riche à commenter.
Tout bonus.

Jim

Là c’est marrant parce qu’après Transformers 4 qui offre une scène totalement reprise du jeux vidéos Uncharted, le San Francisco de ce film cite vraisemblablement The last of us du même studio (Naughty Dog).

Je trouvais cela gros au départ (des villes détruites et envahi par la végétation c’est pas nouveau) mais il faut rajouter à cela les noms des personnages de Keri Russell et de sa fille qui sont les mêmes que les personnages féminins de ce fantastique jeu.

Alors lui je suis vraiment content qu’il commence à exploser. Récemment il jouait dans Zero Dark Thirty de Bigelow et je viens de voir qu’il jouera John Connor dans le prochain Terminatruc. Il m’avait marqué il y a quelques années dans la série (que dis-je la grandiose et génialissime série) Farscape où il interprétait un chef d’armée Scarrans assez terrifiant.

Je n’ai aucune culture jeu vidéo, mais les pubs pour The Last of Us sont partout, donc fatalement, j’ai fait la connexion.
Après, c’est vrai que l’esthétique post-apo des années 1970 (Le Survivant, New York ne répond plus) privilégiait la sécheresse et l’abandon des villes désertes dominées par le vent. L’une des grosses exceptions qui me vient en tête, c’est L’Âge de Cristal (j’ai le vague souvenir qu’on y voit le Jefferson Memorial, mais faudrait que je revoie le film).
Les villes dominées par la végétation, dans le cinéma, c’est plus récent (même si Christin et Mézières connaissent bien…). Je pense que les documentaires post-apo de la chaîne National Geographic ont fait beaucoup pour diffuser l’idée que la nature reprendra ses droits. Et il suffit de regarder les trottoirs des zones industrielles de n’importe quelle ville (on des photos des zones résidentielles abandonnées de Detroit de nos jours…) pour comprendre que ça peut aller trèèèèèès vite !

Jim

J’ai trouvé ce papier sur le film plutôt intéressant…

vodkaster.com/actu-cine/plan … le/1275507

Vous en aviez peut-être déjà parlé remarque…

Ah j’avais repéré Black Hole, et j’avais bien senti que ça avait une importance, mais comme je ne l’ai jamais lu, je n’avais pas tellement de commentaire à faire (oui, il m’arrive de fermer ma gueule quand je n’ai rien à dire… mais c’est rare !).

Je suis quand même d’accord avec cette analyse, dans ses grandes lignes (et si certains passages ne me convainquent pas, j’aurais aimé en avoir écrit d’autres.

Ma foi, faudrait peut-être essayer, hein : vu les prouesses dans l’apprentissage de la lecture, ça peut peut-être devenir une motivation efficace.

Jim

Vu hier soir et j’ai bien accroché aussi. Rien de révolutionnaire dans le genre mais c’est bien rendu. Par contre y’a 2-3 points qui m’ont gêné. Genre en dix ans personne n’a fait le déplacement de SF à los Angeles alors qu’il avait encore de l’essence. Ou durant l’assaut des singes contre la communauté on voit les singes tirer avec des fusils sans jamais recharger leurs armes ( ils ont des chargeurs de 3000 balles ? ).
Malgré ces petites incohérences ça reste un bon block buster.