LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT (Matt Reeves)

Je me suis posé une question voisine : le film nous laisse entendre qu’ils n’ont pas de contact avec d’autres « colonies », et ils découvrent seulement maintenant les singes. Donc on peut imaginer qu’ils sont seuls. Alors pourquoi sont-ils à ce point fortifiés et protégés ? On peut imaginer qu’ils ont essuyé l’assaut de hordes de pillards, ce qui a nécessité des remparts. Mais des hordes de pillards seraient allées s’équiper à l’arsenal, et les défenses n’auraient pas tenu plus longtemps que dans le film, et même dans ce cas, les membres de la « colonie » ont dû effectivement cartographier un peu les alentours, afin de savoir qui s’y trouve.

Autre chose qui m’a fait sourire (mais je mets ça un peu dans le discours politique du film) : ils décident d’aller voir au barrage au bout de dix ans, au moment où l’essence qui fait tourner les générateurs de secours vient à manquer. Ils auraient pu s’en soucier un peu plus tôt (mais peut-être n’avaient-ils pas encore accueilli de technicien dans leurs rangs). Mais sur ce point, j’y vois une pique à l’intention du comportement actuel de l’humanité concernant les énergies fossiles (mais aussi du comportement en général : je suis dans un village où l’installation d’un rond-point a attendu qu’il y ait un mort pour qu’on se décide à faire quelque chose au sujet d’un croisement dangereux). J’y vois une métaphore de l’incurie des pouvoirs publics face à toutes les crises, qui attendent que la situation soit irréversible pour proposer des solutions.

Jim

Un peu comme Lord, c’est un film qui se laisse bien regarder, sans surprise, mais avec des éléments intéressants tout de même. La réponse de Jim m’a fait réfléchir un peu plus sur la comparaison des deux sociétés mises en place. Il y a même un petit côté biblique lorsque les singes apprennent plus ou moins des commandements pour le bon déroulement de leur vie en société.

[size=50]Ouaip, j’suis d’accord, bon nombre de films hollywoodiens ont de sérieux problèmes avec les chargeurs dans leurs flingues!

  • Bonjour messieurs, est-ce que vous auriez un problème ?
  • En effet monsieur l’inspecteur nous avons un sérieux problème : apparemment il y a beaucoup trop de balles dans ce flingue.[/size]

Le chargeur de poche, ça ne te dit rien ? C’est Franklin Richards qui l’a inventé en regardant John Wayne !

Mouais, bof. J’ai pas trouvé ça très intéressant et j’avoue que les arguments de Jim ne me convainquent pas vraiment !
J’avais pourtant trouvé le premier de la trilogie plutôt intéressant, le deuxième est cousu de fil blanc et bourré de clichés, avec une construction hyper classique !
En plus, je n’ai pas compris pourquoi les singes chassaient …

Et tout fonctionne comme si de rien était dix ans plus tard …

Pour illustrer l’idée qu’ils font autant de conneries que l’homme, sous prétexte de survie de l’espèce.

Jim

Mouais, mouais …

Euh… Si vous tenez à chercher ce genre de petite bête, sans aller dans la science-fiction, c’est un fait dans notre monde que certaines espèces de singes, en Afrique et en Asie, notamment des chimpanzés, des babouins, des macaques et des orangs-outangs, ont une alimentation en partie carnivore et pratiquent la chasse, parfois en groupe, et non seulement sur des petits mammifères ou des lapins mais y compris sur des proies d’assez grande taille comme des antilopes, des gazelles, des phacochères – ou d’autres singes. Accessoirement, on pense que le développement de l’alimentation parmi certaines espèces de primates carnivores comme celles-là fait partie des facteurs importants de l’évolution qui a mené à l’humanité.

Pour revenir au film, je l’ai beaucoup aimé, et je me permets outrageusement d’autociter ce que j’en écrivais à l’époque, parce que j’ai la flemme de reformuler :

Je serais nettement plus réservé sur le volet suivant, qui, s’il n’est pas la pure redite de celui-là que je craignais initialement, n’apporte quand même pas grand-chose et me semble globalement moins réussi, même si du point de vue purement esthétique ça continue à valoir de coup d’œil.

Ok, merci, c’est noté, j’en informe mon petit cerveau. Mais tu peux me tutoyer !:wink:

Après, le récit et l’enchaînement des évènements n’est pas très original non plus, …

J’incluais Jim dans la réponse, puisqu’il participait aussi et histoire de ne pas avoir l’air de te cibler méchamment. icon_mrgreen

Comme j’écrivais, je ne prétends pas non plus que c’était le film de l’année ou, a fortiori donc, que ce soit celui de la décennie. Mais des grosses productions comme ça où l’inévitable affrontement est présenté sous l’angle d’une défaite en soi ? Il est possible que j’oublie ou que j’ignore d’autres exemples, mais spontanément j’ai du mal à en trouver.

J’ai pas trop ressenti la défaite …:flushed:
Avatar ?

Après, c’est ma lecture perso. Mais je constate, au minimum, que mon intuition entre en résonance avec l’article sur Vodkaster qui a été posté plus haut sur le topic, qui lit une partie du film comme une parodie de film d’action hollywoodien, critiquant le modèle qu’on se serait attendu à le voir représenter. Le fait indéniable est que ceux qui font preuve de violence dans le film sont les « méchants », et ils appartiennent aux deux camps.

Ça aurait pu, si le film avait été un peu plus pensé… ça aurait pu donner quelque chose un peu dans le genre du roman d’Ursula Le Guin Le nom du monde est Forêt (The Word for World is Forest, 72) (il y a un certain nombre de coïncidences entre le livre et le film qui font qu’il est difficile de ne pas penser à l’un quand on connaît l’autre et réciproquement), où la population humanoïde paisible d’une planète « verte » se soulève violemment contre la déforestation imposée par les humains, mais trahit et renonce, ce faisant, à tout ce qui faisait la spécificité de sa culture. (Sans certitude, je suspecte, soit dit en passant, une influence des premiers tomes du cycle de Dune de Herbert, dans lequel le fait de voir leurs « prophéties » réalisées marque aussi le début de la fin pour les Fremen.)

Encore une fois, je peux me tromper, mais je n’ai souvenir de rien qui aille particulièrement dans ce sens dans le scénario ou la mise en scène d’Avatar, où tout est fait pour que le spectateur exulte avec les Na’vis qui (conduits par leur « sauveur blanc », quand même, déconnons pas…) dézinguent les vaisseaux « modernes » à coups de flèches. Je ne connais rien non plus dans les propos de Cameron tenus en marge du film qui accréditerait l’idée qu’on doive, ou puisse, penser que les Na’vis ont « tort » ou perdent une part d’eux-mêmes en se laissant entraîner dans ce soulèvement.

(Le film a d’autres qualités, hein ; mais je n’en suis pas grand fan.)

Je ne suis pas fan d’avatar, donc je disais surtout pour trouver un éventuel exemple.
Ensuite, c’est donc une victoire à la Pyrrhus en fait ? ça doit exister en film ça !
(sinon, au-delà de la fin, c’est le chemin parcouru qui me semble quand même très téléphoné …)

Si je comprends bien ce que vous dites. Le premier Indy est ce type de victoire. Il perd puisque les nazi récupèrent et ouvre l’arche, mais il finit par gagner grâce à la vengeance divine.

Je ne pense pas que le premier Indy soit une victoire à la Pyrrhus !
Pas pour moi en tout cas !

En tout cas il ne gagne pas par lui-même mais par défaut et c’est ce qu’il me semblait te voir dire.

Non, ce n’est pas moi qui dit ça, c’est Tonton !
Mais une victoire par défaut, je ne sais pas si c’est une défaite (enfin, pas pour moi). Et ce n’est pas une victoire à la Pyrrhus non plus !

Non tout à fait. Si je comprend bien tonton, il dit que les Singes perdent dans le film, ce qui est pas faux et qu’ils l’emportent par défaut grâce aux hommes et à l’éboulement de la montagne. D’ou ma comparaison avec Indy qui gagne grâce à Dieu.

Mais j’ai pas du bien suivre votre débat sur ce raisonnement je vous laisse entre vous.

Alors j’ai effectivement pas dû être clair. Je ne dis pas que les singes perdent. Je dis que ce qui perd, c’est le camp de la paix et de la coexistence. Camp qui a des partisans aussi bien parmi les singes que parmi les humains, mais dont on sait depuis le début qu’ils sont « condamnés par l’Histoire » (because préquelle).

C’est en ce sens que je dis que l’affrontement est en soi une « défaite », ou en tout cas une catastrophe (et, à mon avis, montrée comme telle). Alors que par exemple dans Avatar que citait Soyouz, on est content que les Na’vis (pourtant censément pacifistes parce qu’en lien avec la gentille mère nature etc.) pètent la gueule aux Marines, parce qu’il y a très clairement le camp des méchants et le camp des gentils qui ont raison de résister.

(Quant à Indiana Jones, même si Dieu en personne prend grosso modo le relai à un moment quand il est mis à terre, le personnage n’a jamais été un apôtre de la non-violence, a fortiori contre les nazis !)

X-men ?:wink:

Ah oui, tiens. La trajectoire de Magneto dans First Class notamment (encore une préquelle).