LA REINE DU MAL (Oliver Stone)

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REALISATEUR

Oliver Stone

SCENARISTES

Edward Mann & Oliver Stone

DISTRIBUTION

Jonathan Frid, Martine Beswick, Joe Sirola, Hervé Villechaize…

INFOS

Long métrage canadien/américain
Genre : horreur
Titre original : Seizure
Année de production : 1974

Après son retour du Vietnam, Oliver Stone a complété ses études à l’Université de New-York. Son diplôme en cinéma en poche, le futur metteur en scène de Platoon et JFK enchaîne les petits boulots avant de pouvoir s’attaquer à sa première réalisation, un film d’horreur à tout petit budget inspiré par un cauchemar récurrent. La Reine du Mal (Seizure en version originale, un titre qui a plusieurs sens qui s’accordent bien à l’histoire) fut son baptême du feu, une expérience compliquée dont les coulisses furent, selon les différents témoignages, extrêmement chaotiques.

Parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’argent, toute l’équipe de tournage et la distribution ont vécu dans la maison qui servait de décor quasi-unique. Et les choses ont vite dégénéré…il y a avait trop d’alcool à disposition, des disputes fréquentes entre Stone et ses collaborateurs (le responsable des effets spéciaux était jaloux du réalisateur parce qu’il pensait qu’il se tapait l’actrice principale qui n’en avait rien à fiche de lui), les acteurs étaient souvent en colère parce que la paye tardait, le négatif a failli être saisi pour payer les frais. Le film a quand même pu être mis en boîte, ce qui a presque tenu du miracle selon les mots d’Oliver Stone dans une interview.

La Reine du Mal déroule un récit décousu à l’atmosphère étrange, qui traite d’un thème récurrent de l’horreur aussi bien à l’écrit qu’à l’écran (l’auteur qui affronte des créatures sorties de sa propre imagination) tout en s’inscrivant dans le sous-genre de l’home invasion. Le théâtral Jonathan Frid (principalement connu pour son rôle du vampire Barnabas Collins dans la série Dark Shadows) est Edmund Blackstone, un écrivain spécialisé dans l’épouvante hanté chaque nuit par le même cauchemar dans lequel il se retrouve séquestré avec sa famille et ses amis par trois de ses créations. Mais un week-end, ces visions oniriques deviennent réalité…

Les trois vilains sont la Reine du Mal, campée par la troublante Martine Beswick (Dr Jekyll & Sister Hyde) avec un costume qui lui donne l’air de sortir d’un film de Jean Rollin; l’Araignée, nain philosophe et sanguinaire campé par Hervé Villechaize (L’Île Fantastique) avec son accent français très prononcé et Le Chacal, un colosse noir atrocement défiguré (qui n’est pas le personnage le plus développé des trois). Ces créatures s’en prennent à Blackstone et à son entourage tout au long d’une de ces nuits qui semblent ne jamais finir…

Dans des conditions pas très idéales, Oliver Stone a expérimenté avec les moyens du bord pour créer un climat surréaliste…mais le résultat est loin d’être convaincant. Certains effets visuels sont répétitifs et trahissent un manque de moyens évidents. Il y a tout de même une sensation de malaise qui se dégage de certains passages…alors que d’autres frôlent le ridicule. Du côté de l’interprétation, c’est assez limité (celui qui s’en sort le mieux est Joseph Sirola, avec son personnage outrancier d’hommes d’affaires détestable) mais les protagonistes ne sont pas vraiment creusés.

La Reine du Mal est pétri de faiblesses mais sa bizarrerie n’est dans un certain sens pas si désagréable même si l’ensemble est obscur et mal fichu…jusqu’à un twist final qui se laisse progressivement deviner…