Je sais pas trop : c’est un space-opera « réaliste » et martial, assez peu souriant même si très imaginatif, qui tire une partie de ses références militaires plutôt d’un univers à la Battlestar Galactica, et qui, en ressortant la vieille rengaine de l’ennemi insectoïde, marchent aussi sur les pas du Starship Troopers de Heinlein.
C’est plus Heinlein que Lucas, la grosse influence, je crois.
Là, c’est peut-être la cover du comics qui lorgnent vers Star Wars histoire de surfer sur la vague…
C’est pas mal, malgré les critiques que j’avance. Ça fait partie des trucs bien solides qu’il convient de connaître. Même si j’ai une petite préférence pour les trucs anti-militaristes de Haldeman ou pour les space-operas d’exploration comme le Marée Stellaire de David Brin, faut quand même reconnaître que Card pose une question assez formidable (pas neuve, mais toujours et encore pertinente) : une race qui pense différemment, donc qui a développé des systèmes politiques et sociaux (voir linguistiques) différents des nôtres, peut-elle éviter le conflit ? Sommes-nous condamner à affronter ceux avec qui nous n’arrivons pas à établir une discussion ?
Ce sympathique personnage est quand même un fidèle partisan de L’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours. Et un opposant farouche à toute forme d’homosexualité et au mariage gay.
Je trouve intéressant de comparer le cycle d’Ender (que je connais encore mal, mais promis, je vais rattraper le retard) de Card à celui de la Guerre Éternelle de Haldeman. Et notamment parce que Card et Haldeman posent tous deux de manière assez intéressante le drame de l’incommunicabilité entre deux races qui fonctionnent différemment (des insectes chez Card, des clones chez Haldeman). Dans les deux cas, l’ennemi a une pensée collective, de ruche. et malgré la lourde métaphore ruche / communisme, c’est quand même très intéressant chez Card, parce qu’il en tire une vision intéressante de l’esprit humain, et de ses personnages centraux. De même, il est intéressant de voir que dans son univers, Haldeman décrit une société humaine où l’homosexualité est normale, voire recommandée (et où l’hétérosexuel devient un objet de curiosité voire d’amusement).
Mais bon, d’un côté, on a un vétéran de l’armée qui écrit avec ses traumatismes du front, et de l’autre un prosélyte religieux. Fatalement, ça change la donne.
[quote=« nikohell »]Concernant le roman et le monde, il s’agit quand même d’une vision assez passéiste de notre monde. La terre est sous contrôle de l’Hégémonie (ovation au capitalisme et au modèle américain) auquel on oppose l’esprit de ruche des dorpyhores (communistes avez vous lu ? Que nenni … ), il néglige aucun aspect des clichés sur les pays issus du vieux monde, les dénigrant un par un : arrogance des français, sournoiserie chinoise, fierté espagnole … Ces clichés disparaissent quelque peu ou sont développés pour devenir une vue des personnages dans la saga parralèle, mais force est de constater que l’image que Card a de l’Europe est très mauvaise, et je ne parle pas de sa vision de la Chine, corrompue de bout en bout.
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En France, la saga parallèle, d’ailleurs moins eugéniste / militariste que la première, me semble plus appréciée et plus populaire. Là encore, faudrait que je me replonge dedans. Moi, ce que j’aime bien chez Card, c’est qu’il tire d’un matériau contestable à l’odeur vaguement putride de vrais intrigues, de vrais personnages, de vrais enjeux, sans se masquer la face par rapport à l’arsenal qu’il utilise. Certes, l’humanité de son univers glorifie l’armée et la guerre. Certes elle établit un programme de sélection génétique. Certes elle vit dans une attente messianique. Mais ça reste quand même un ramassis de crapule qui passe à côté des occasions de progresser et de grandir. Ça se sent déjà dans la saga de base, et la comparaison des deux sagas m’a laissé l’impression que l’une sert à contredire l’autre. C’est pas mal.
Après, certes, la chose religieuse et la vision presque caricaturale d’une Amérique qui a conquis la planète rend parfois le truc un peu lourd, mais en même temps, là encore, c’est au service du récit : si l’humanité entière est lancée dans une guerre galactique, on imagine mal qu’elle ait pu le faire sans un gouvernement planétaire. Et pour capitaliste et triomphant qu’il soit, il n’en est pas moins repoussant.
Il parvient à frapper le chaud et le froid, Card, je trouve : c’est le signe d’une certaine intelligence d’écriture.
Et puis, bon, avec Dune, c’est l’une des sources d’inspiration évidente du Kookaburra de Didier Crisse, et rien que pour ça, je ne peux pas lui en vouloir totalement.
Jim