LA TOUR SOMBRE (Nikolaj Arcel)

Ils en disent quoi de la Tour Sombre, grosso modo ?

Ce serait apparemment creux, avec trop peu de choses et d’explications : La Tour Sombre : un désastre à peu près total pour la critique américaine

En même temps, c’est une introduction …

Et puis, c’est la critique américaine…

Jim

Qui n’a pas aimé Valérian …

Certes.
Mais les images de la bande-annonce font penser à beaucoup de gunfights, et à des choix qui me surprennent : la punchline « je tue avec mon coeur » est de mauvais goût. Je crains un spectacle confus et volontairement trop centré sur l’action ; si j’ai beaucoup aimé la série de livres, et si je suis content qu’ils fassent du film une suite des romans, j’ai peur que ça fasse chou blanc.

Moi, j’ai pas lu les romans, mais justement, cette nouvelle bande annonce, que j’ai vue en salle, m’a bien plu.

Jim

Qu’est-ce qui t’a charmé ?

La vendeuse de pop-corn !

Justement cette voix off.

Jim

J’ai donc vu La Tour Sombre, avec de forts doutes, du fait de critiques négatives, d’une faible durée (un peu plus de 1h30 à peine), et d’une bande-annonce qui me faisait craindre le pire (beaucoup de gunfights, une voix off cérémonieuse).
J’ai eu tort - et j’en suis bien content !

De la série de romans, j’ai lu le premier tome, très apprécié, et la moitié du second, abandonné par manque de temps puis envie de diversité ; mais, toujours, j’ai été intrigué par cette oeuvre unique, inclassable, écrite sur plus de quarante ans (début dans les années 70, épilogue en 2003, roman complémentaire en 2012), brassant les thèmes de Stephen King et tentant de créer une geste chevaleresque.
Si le casting d’Idris Elba a initialement choqué (le personnage est pensé initialement par King comme un Clint Eastwood), les fans ont été rapidement rassurés par les déclarations du réalisateur et de l’auteur original sur la place du film dans l’oeuvre (il s’agit de la suite de séries de livres, via un nouveau cycle/réincarnation avec une Réalité modifiée, chut !) c’est surtout le scénario et son orientation qui pouvaient faire craindre le pire.
Si le premier tome était une course aride et désespérée dans le désert, le film a montré dès ses premières images qu’il serait différent : utilisation de New York, évocation de passages dimensionnels, rôle prépondérant de Jake… surprenant, pour ceux qui ont lu ou commencé les livres ; pas forcément emballant, dans cette bande-annonce, pour les autres, avec l’impression que c’était un film fantastique générique, avec une accroche vue 1.000 fois (« Leur guerre, notre monde », pitié) et une mélopée (« Je ne tue pas avec mon arme », le credo des Pistoleros, mais dont l’impact tapait à côté dans la bande-annonce) qui faisaient peur.

Et bien non : le film est une réussite.
Tant sur le point adaptation de l’esprit (c’est important) de l’oeuvre, que de sa qualité cinématographique (pour un blockbuster, s’entend).

Concernant l’adaptation, le film diverge clairement de la lettre de l’oeuvre ; et heureusement, car je crains que l’aridité du premier tome ne soit difficilement adaptable au cinéma, cela aurait nécessité de fusionner avec la suite, et impliqué des coupures dommageables.
Non, clairement, Arcel et son scénariste ont intelligemment suivi la perche tendue par King dans son épilogue

(ils l’utilisent et la valorisent, notamment via une réflexion de Walter sur « le dernier tour » et le Cor d’Eld qu’on entrevoit tellement dans le film, dans le dos de Roland…), et parviennent à emballer le film en proposant une aventure « inédite » mais qui respecte l’oeuvre elle-même (tous les ingrédients sont là, les principes sont là, mais le détail diffère).
D’une part, cela permet au film d’exister sans subir l’opprobre des fans sur les divergences obligatoires entre une série de huit romans et un film ; de l’autre, cela permet aux fans d’avoir un intérêt à voir le film, au-delà de découvrir sur écran ce qu’ils ont imaginé ; enfin, cela permet surtout au film de trouver une indépendance avec l’avancée de l’intrigue des romans, et ainsi de proposer sa propre version. Justifiant ainsi de confier le rôle dit principal (car, finalement, Jake est prépondérant ici, à la fois spectateur/porte d’entrée dans l’univers que moteur) à Idris Elba, dont la présence et le charisme mélancoliques et terribles fonctionnent totalement (son opposant est bon également, en brutalité charmante difficilement contrôlée, mais il correspondait déjà plus au modèle initial).

Comme film, La Tour Sombre fonctionne également : la durée n’est en rien un frein, et utilise intelligemment chaque minute pour proposer une intrigue solide et complète. Les gunfights ne sont pas aussi nombreuses, et sont même quasiment absentes, à part un moment d’anthologie ; au contraire, l’essentiel est centré sur la discussion, la marche, la découverte surtout, la plongée dans l’inconnu (pour Jake dans le Mid-World, pour Roland sur Terre). Une ambiance, véritablement, est créée avec talent, et tout est fluide et simple (hormis quelques clins d’oeil un peu lourds pour certains aux univers de King).
Je craignais que la mythologie perde les « non-initiés », mes camarades m’ont confirmé que non et, même, j’ai trouvé le tout extrêmement cohérent, clair ; beaucoup de choses demeurent inconnues, mais ce n’est pas frustrant. Cela passe par des explications qui ne sont pas des tunnels de dialogue, c’est même avancé avec choix.
L’essentiel est su, le reste est intriguant - et donne envie de découvrir la série de romans. Et c’est là le point fort.

Je ne pense pas que les projets autour d’une série TV et de suites auront lieu : le film est trop critiqué, et sera sûrement un échec financier ; dommage, mais… ce n’est pas si grave.
Ce film a l’intérêt fondamental de pouvoir être fini « ainsi » : la fin n’est pas définitive, une suite est possible, tout comme il est possible que cela s’arrête là ; les lecteurs sauront que non, mais… une « conclusion » est donnée, au moins sur un aspect de la mythologie. Et vu ce qui a été dit sur les liens entre les romans et le livre, c’est déjà beaucoup, pour lesdits lecteurs.
Surtout, avec ce film, je suis persuadé que ceux qui auront eu la curiosité d’y aller voudront se lancer dans la série de livres, car il est une porte d’entrée parfaite, notamment parce qu’ils y trouveront autre chose ; la même quête, mais différente.
Ils seront différents, ils seront surprenants, mais… l’Home en Noir s’enfuie toujours dans le désert, et le Pistolero le poursuit encore. Rien que pour permettre à certains de s’intéresser et de les rejoindre, le film doit être apprécié !

2 « J'aime »

Je ne suis pas du même avis. J’ai toujours dit que je n’avais rien contre les changements apportés à une oeuvre lors du passage à l’écran tant que l’esprit était conservé, mais là j’en suis ressorti complètement frustré. Le film de Nikolaj Arcel n’est qu’une version digest d’un univers passionnant, dont le scénario ne fait que gratter la surface. L’idée d’en faire la prolongation des romans était bonne, mais le traitement ne fonctionne pas pour moi. Ca manque d’ampleur, ça ne creuse pas assez les personnages et les péripéties s’enchaînent mécaniquement vers un final convenu.
Dommage, car certains décors sont très réussis, car Idris Elba est convaincant en Roland (Matthew McConaughey nettement moins en Homme en Noir hélas), car ça m’a tout de même fait quelque chose d’entendre réciter la prière du Pistolero…mais c’est peu hélas, vraiment très peu…

Qu’est-ce qui t’a manqué ?
Mais oui, c’est une version très synthétique, je l’admets.

Perso, je connais pas du tout le matériau d’origine (même si ça me titille de tenter le coup), et j’ai trouvé le film affligeant de bout en bout…

Trop de choses pour que j’ai le temps de développer tout ça. :wink:
On sait que le développement fut très long et au final les auteurs du film ont livré une version qui prend des raccourcis sur absolument tout. On parle quand même d’une grande aventure entre les dimensions et je n’ai pas du tout ressenti cela. J’ai vu Ca récemment et même si certaines choses m’ont un chouïa chiffonné (mais ça c’est du à mon attachement pour le bouquin qui est le premier roman que l’ai lu pour le plaisir quand j’avais 15/16 ans et qui a commencé mon histoire avec King), j’ai trouvé le travail d’adaptation nettement plus satisfaisant…

Je suis certainement plus « bon public », mais je n’ai pas ressenti, en le voyant, quelque chose d’affligeant. Tu peux m’en dire plus, stp ?

J’ai aussi vu Ca récemment (mercredi, sur Canal+), mais je ne l’ai pas lu ; pas encore, je devais cet été, mais La Trilogie de Wielstadt m’a occupé.
Après, je suis d’accord, La Tour Sombre est ultra-synthétique et synthétisé, où tout est énormément simplifié ; mais, pour un film de 1H30, après tant de development-hell, et tant de matériau de base, je trouve ça encore plutôt « pas mal ». Etonnamment, ça tient debout.

Très honnêtement, ça me sera difficile. J’ai vu le film sans a priori, et pour cause (ne connaissant pas le matériau d’origine), mais j’en ai très peu retenu. Au regard de « l’aura » des romans à la base, je trouve le film très anodin…
Je crois me rappeler que la narration était très balourde, et si le film était bien doté, il avait un côté anti-spectaculaire très peu adapté aux ambitions du projet.

Je viens de voir le film. Je ne connais du tout les romans (même si le côté « super-héros » me tente bien, mais c’est pas comme si j’avais le temps de lire des épopées), je ne suis pas super fan des gros pavés de King, lui préférant les romans courts et les nouvelles.
Donc bon, c’est avec un a priori pas super positif que j’ai jeté un œil. En soi, c’est pas désagréable, mais j’ai eu l’impression d’avoir un gros épisode pilote. Les acteurs sont sympathiques (le gamin qui fait Jake, je l’ai trouvé plutôt convaincant), les enjeux sont bien exposés (pas réellement passionnants, cela dit), et la construction pas trop mal branlée.
Après, les décors sont assez plats, la structure de récit initiatique avec rencontre, voyage et enseignement, est super chiante (je suis particulièrement rétif à ce genre de thèmes), même si la scène du serment prêté, par la force des choses et à l’aide de ficelles grosses comme des cordes de marine, fait son petit effet. Le va-et-vient d’un monde à l’autre dessert complètement le vaste univers qui se situe derrière et qui est censé être foisonnant, si j’ai bien compris. L’ensemble est réduit à deux décors (un désert et une ville, elle-même déjà vue et revue), à l’image d’une intrigue qui se résume à un duel.
Au final, au bout de l’heure et demie de récit, on a un sentiment de déception, malgré quelques belles scènes. Les monstres ne sont pas terribles, les bastons sont parfois mal éclairées, et l’ampleur qu’on nous promet n’est pas au rendez-vous.
Sans être une radouille finie, ce film est éminemment oubliable.

Jim