Western
Long métrage italien/espagnol/ouest-allemand
Réalisé par Sergio Leone
Scénarisé par Agenore Incrocci, Furio Scarpelli, Luciano Vincenzoni et Sergio Leone
Avec Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef, Aldo Giuffré, Luigi Pistilli, Aldo Sambrell, Mario Brega…
Titre original : Il buono, il brutto, il cattivo
Année de production : 1966
Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.
Il buono, il brutto, il cattivo. Le bon, l’affreux, le mauvais. Dans une interview d’époque, Sergio Leone affirmait qu’il voulait démystifier ces adjectifs dans le cadre d’un western. Clint Eastwood est le « bon »…beau, flegmatique, un brin arrogant, il a l’allure d’un héros mais dès sa première apparition dans un premier acte très bien structuré, il montre que ses actions sont loin d’être désintéressées (c’est basiquement un arnaqueur) et à l’écran son bodycount sera même plus élevé que celui des deux autres. « Blondin » a été comparé à un arlequin dans le sens où il a plusieurs facettes…et ce n’est pas faux car il peut être capable d’altruisme.
Eli Wallach est le « brutto », l’affreux, le truand pour la version française. Le personnage était le chouchou de Sergio Leone…et cela Clint Eastwood le savait car le jeu tout en exubérance et les répliques savoureuses de Eli Wallach font de Tuco le plus attachant des trois. Tuco est un vagabond crasseux comme on en pu en voir des dizaines et des dizaines dans le western spaghetti mais malgré ses actes, il a aussi un côté sympathique et il cache aussi une fêlure comme le montre la scène où il retrouve son frère (incarné par Luigi Pistilli, qui était dans le camp de l’Indien dans Et pour quelques dollars de plus) devenu prêtre.
Lee Van Cleef est le mauvais, la brute pour la V.F…et là, c’est quand même celui des trois qui correspond le mieux à sa définition et cela dès sa brutale introduction. Loin du colonel Mortimer du deuxième chapitre de la Trilogie du Dollar, son Sentenza est un être dénué de pitié, un professionnel froid et méthodique prêt à toutes les extrémités pour accomplir sa tâche, même s’il peut laisser d’autres se salir les mains à sa place comme le démontre la longue scène de torture (où l’on retrouve Mario Brega, l’une des sales trognes présentes dans les trois premiers westerns de Sergio Leone).
Les trois hommes sont à la recherche d’un caisse remplie de dollars, une quête picaresque qui se déroule avec un événement historique en toile de fond, la Guerre de Sécession, ce qui donne à ce long métrage plus d’ampleur que les précédents. L’absurdité de la guerre est mise en avant tout au long de scènes marquantes (la rencontre avec le capitaine nordiste alcoolique avant la destruction du pont) et les deux camps en prennent pour leur grade, notamment via les exactions dans le camp de prisonniers. Tout ceci mène à un flamboyant duel à trois, un « truel » une nouvelle fois magnifié par la musique du maestro Ennio Morricone.
À l’origine, Le Bon, la Brute et le Truand durait presque 3 heures lors de sa sortie italienne. Une quinzaine de minutes avait été coupée pour l’exploitation internationale avant d’être réintégrées pour le DVD en 2003. Une version complète que j’ai regardée pour la première fois…si les scènes sont chouettes à découvrir, elles ne manquaient franchement pas au montage le plus connu chez nous et le fait que les voix ne sont pas les mêmes (les doubleurs originaux nous ayant quitté depuis) distrait un peu trop (c’est surtout flagrant pour Eastwood, on est loin de la qualité de l’interprétation de Jacques Deschamps).
Quand on tire, on raconte pas sa vie !