Western
Long métrage italien/espagnol/ouest-allemand
Réalisé par Sergio Leone
Scénarisé par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Luciano Vincenzoni
Avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonte, Luigi Pistilli, Aldo Sambrell, Klaus Kinski…
Titre original : Per qualche dollaro in più
Année de production : 1965
Dans la Trilogie du Dollar (telle qu’elle a été surnommée rétrospectivement) de Sergio Leone, Clint Eastwood incarne la figure entourée de mystère de l’Homme sans Nom. Malgré des points communs, notamment au niveau de sa façon de s’habiller et de mâchouiller son cigare, il ne s’agit pas du même personnage à chaque fois. Dans Pour une Poignée de Dollars, il est un étranger qui propose ses services à deux familles rivales dans une petite bourgade mexicaine. Dans les deux suivants, le pistolero devient chasseur de primes, là encore sans nom officiel : il se fait appeler le Manchot dans …Et pour quelques dollars de plus et Blondin dans Le Bon, la Brute et le Truand.
Le Manchot ne l’est pas vraiment, on découvre rapidement qu’il s’agit d’une ruse pour déstabiliser ses adversaires. Les premières minutes suivent le parcours croisé de deux chasseurs de primes aux méthodes différentes qui finiront par s’allier pour venir à bout d’un redoutable criminel et de son gang. Clint Eastwood partage ici la vedette avec Lee Van Cleef, autre acteur américain qui trouvait là l’un de ses premiers grands rôles après plus de dix ans de carrière. Superbe gueule de cinoche au profil aquilin, Lee Van Cleef était alors dans une situation difficile, en partie à cause de son alcoolisme. Il n’avait pas tourné pour le grand écran depuis sa participation à L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford en 1962.
Après plusieurs petits rôles dans des séries télévisées, Lee Van Cleef pensait même arrêter le métier d’acteur (il acceptait des travaux de peinture pour payer ses factures). Le choix de Sergio Leone de lui donner le rôle du colonel Mortimer a donné un coup de fouet à sa carrière, le succès du long métrage faisant de lui l’un des acteurs les plus demandés du western spaghetti (et du cinéma d’exploitation italien en général puisqu’il a aussi tourné dans des polars et des films de guerre) pendant plus de dix ans. Son duo avec Clint fait merveille, une dynamique qui joue sur la différence d’âge entre les deux protagonistes alors que les acteurs n’avaient en fait que cinq ans d’écart…
Avec …Et pour quelques dollars de plus, Sergio Leone continuait d’appuyer sur les différences entre le western transalpin et les productions hollywoodiennes, ce qui se traduit entre autres choses par le portrait du vilain. L’« Indien » incarné par un Gian Maria Volonte fiévreux, est un être incapable d’éprouver de la pitié, capable de tuer hommes, femmes et enfants, un junkie sadique et violeur. Si les démonstrations de violence ne sont pas particulièrement saignantes, elles n’en demeurent pas moins cruelles et intenses, comme la terrible scène de l’église.
Porté à nouveau par une impeccable bande originale signée par Ennio Morricone (la composition qui rythme le duel final est brillante), …Et pour quelques dollars de plus réutilise plusieurs acteurs du film précédent tout en ajoutant d’autres gueules incroyables comme l’allemand Klaus Kinski dans le rôle du bossu. Le long métrage fut encore plus rentable que Pour une poignée de dollars (N°1 en Italie et en Espagne, N°7 en France avec plus de 4 millions d’entrées…), ce qui décida Sergio Leone à enchaîner avec un autre western, l’excellent Le Bon, la Brute et le Truand en 1966.