Le coin des histoires courtes

Si c’est l’extraordinaire « Identity Crisis », je trouve effectivement que c’est un épisode fabuleux…

Oaw merci pour ces 2 belle chroniques

Ça m’a donné envie de lire le d’un de nocenti (dites moi aujourd’hui ça m’a l’air difficile pour les éditeurs de mettre une scénariste sur un perso masculin je ne pige pas pourquoi… Ou est ce une mauvaise impression)

C’est pas vraiment une mauvaise impression, mais ce n’est pas à mon avis non plus difficile. Il se purrat aussi que les diverses scénariste préfèrent travailler sur des personnages féminin ?

J’avoue que la dernière scénariste de ma connaissance à avoir bossé sur une série avec un homme c’est Devin Grayson sur Nigtwing d’ailleurs mon hushounet en avait fait une superbe interview (il y a déjà 10 ans, le temps file).
france-comics.com/rubrique.p … brique=250

Merci pour le lien je lirai ça plus tard

[quote=« Marko »]

Effectivement bonne remarque.
J’avais oublié de le préciser, peut-être parce que je n’ai pas encore lu la fin, vu que je me suis contenté des volumes vf publiés par Panini et Le Téméraire.
La lecture du bouquin de Yann Graff sur Momo m’a motivé pour enfin relire l’ensemble du run.[/quote]

si tu n’as pas lu l’avant dernier épisode, je ne te dirais pas comment on la retrouve. Les invisibles multiplie les narrateurs : dane racontant l’histoire à son ancien pote la veille du 2012 calendrier maya tout ça, raged robin écrivant l’histoire en la modifiant, el fayed etc. Autant de narrateur, autant de personnages principaux ou secondaire. J’ai lu une fois un itw de morrison disant que la véritable héroïne des invisibles était mme murray.

Comme boy qui quitte la série lorsqu’elle ne rentre plus dans l’opposition invisible/église extérieur, mme murray y revient sans pour autant s’inscrire dans cette opposition. Je ne dirais que ça.

Sinon rien à voir, mais ça fait longtemps Marko que t’es sur le forum ?

J’adhère beaucoup avec tes choix d’histoires courtes qui frappent par l’évidence du choix sans pour autant être des histoires qui viennent immédiatement à l’esprit.

sinon en histoire courte, beaucoup plus classique, il y a la leçon d’anatomie de moore sur swampthing. Un must absolue.

Et cherchant un choix pas forcément évident, il me vient le fill in de queseda palmiotti et haynes sur dd lors du run de mack et queseda. Très bien construit.

ça m’a donné envie de ressortir mes VI DD !

Relativement oui, j’ai un peu connu le forum Superpouvoir (j’ai dû le découvrir à l’époque du Punisher/Franken-Castle de Remender) et je me suis enfin décidé à m’inscrire lorsque j’ai découvert que la communauté du forum avait émigré sur Sanctuary.

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Detective Comics #633 (août 1991)
Identity Crisis
scénario: Peter Milligan
dessin/encrage: Tom Mandrake

Lorsque Milligan entame son run sur la série centrale de la franchise, il n’hésite pas à partir dans des directions inattendues et exploitées d’une manière complètement différente, se servant de la mythologie de la série pour mieux l’amener dans la direction qu’il veut et ainsi pouvoir utiliser ses sujets récurrents.

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Ce changement va lui permettre graduellement de déplacer la mythologie de la série dans un registre plus proche du fantastique, allant jusqu’à confronter le chevalier noir à l’inexplicable, lors d’intrigues à l’ambiance macabre et surréaliste, lorgnant vers le surnaturel et l’horreur et qui proposent de véritables nouveaux challenges pour le justicier qui n’est pas habitué à ce genre de menaces (du moins dans ses séries régulières).
Les caractéristiques du personnages ne sont cependant pas oubliées, et le scénariste met l’accent sur l’aspect détective, avec des enquêtes sur des crimes souvent hors du commun, qui permettent à Milligan de laisser libre cours à son sens de l’étrangeté et de l’absurde qui caractérisent certaines de ses meilleures oeuvres.
Généralement ses plus grandes réussites dans le domaine des séries mainstream ont en commun le fait que le scénariste a eu la possibilité d’y transposer ses principaux thèmes, et de réussir à en faire quelque chose d’assez personnel en se l’appropriant (plutôt que des projets alimentaires peu inspirés comme son passage sur la série Elektra).

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L’ensemble de son run est presque intégralement constitué de stand alone, et donc de divers récits courts qui vont lui permettent d’accumuler des concepts étranges, des crimes assez inhabituels, et une galerie d’opposants assez variée (des tueurs siamois dont la dégaine donne l’impression qu’il semblent tout droit sortis du Freaks de Tod Browning, un vieil homme d’origine juive qui crée un Golem dont il finira par perdre le contrôle en raison de sa culpabilité enfouie et de sa perte de repères identitaires).
L’arc le plus mémorable de cette période est sans doute l’excellent Dark Knight, Dark City, qui se démarque par son registre horrifique, utilisant parfois Gotham comme un personnage à part entière, avec l’idée que la ville a façonné Batman, une idée laissé de côté avant qu’elle ne soit reprise par son compère écossais (le scénariste ne tranche pas là-dessus et préfère conserver une certaine ambiguïté, à l’instar de l’utilisation du démon/entité Barbatos).

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Avec cet épisode en particulier, Milligan se concentre sur une de ses marottes thématiques, et cela donne lieu encore une fois à un histoire de haute tenue.
Le récit commence avec le réveil de Bruce au beau milieu d’une rivière sans aucun souvenirs de ce qui s’est passé auparavant.
En rentrant dans sa propriété, il découvre avec stupéfaction que la Batcave n’est plus là et que Alfred et Tim Drake lui assurent qu’il n’a jamais été Batman, étant donné qu’un autre assume ce rôle.
Tout cela le poussera à se confronter au chevalier noir qui selon lui ne peut être qu’un imposteur et un ennemi.
Les deux réalités finiront ensuite par se confronter, avec une séquence hallucinatoire qui laisse paraître les limites de cette réalité, la véritable mascarade étant ainsi dévoilée, laissant place à un final assez inattendu et pas du tout prévisible.

Avec cette intrigue dont la majeure partie est digne des Elseworlds, Milligan propose une situation assez inattendue et pour le moins intrigante, avec cette idée déjà exploitée dans un épisode des années 50 puis plus tard lors d’un épisode mémorable de la série animée Batman TAS (« Rêve ou Réalité ? »).
Vu le particularisme de l’intrigue, le lecteur aura tendance à croire (à raison) que tout cela se terminera avec une solution facile façon deus ex machina, ce qui est vrai, mais là où le scénariste se montre malin et retors, c’est justement dans cette conclusion puisque il n’utilise pas cette astuce narrative assez éculé du rêve qui se termine, préférant une option plus imprévisible et originale qui montre bien que tout le monde n’est pas capable de traverser ce qu’a vécu Bruce Wayne, et que le fait d’essayer de s’accaparer ses capacités et sa personnalité peu causer un effet boomerang.

En effet le personnage a toujours un plan de secours, prêt à user de mesures extrêmes pour s’en sortir (comme le montre par la suite ce qu’a fait Morrison avec la reprise/réinvention du concept de l’avatar de Zur-En-Arrh).
Tout cela montre que la psyché du héros est assez instable, et que tout le monde ne peut pas endosser ce fardeau sans conséquences, une élément repris également par Morrison au moment de R.I.P. et The Return of Bruce Wayne, décidément les deux scénaristes et amis semblent partager une certaine osmose dans l’utilisation similaire de certains personnages.

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Certains de ses adversaires peuvent l’égaler physiquement (Bane) voire intellectuellement (Ra’s al Ghul) mais dès qu’il s’agit de s’attaquer à sa psyché, c’est une toute autre paire de manches, ce que l’organisation du Gant Noir finira par découvrir à ses dépens, car la séparation identitaire qu’il a effectué ne peut qu’être difficilement dupliquée, tant ce lien est presque de l’ordre de la symbiose entre le personnage et son alter ego, via la questionnement et la quête identitaire lié au costume, avec la dualité que cela implique, ce que le scénariste continuera de traiter dans la mini-série The Extremist.

le style de Mandrake, qui à la même période faisait de l’excellent boulot sur la série The Spectre avec John Ostrander, est particulièrement adapté à cette histoire qui requiert une maîtrise de l’ambiance inquiétante et de pouvoir restituer une certaine forme d’angoisse existentielle propre au héros, la dimension psychologique du récit étant très bien géré par l’équipe créative.
Mandrake fait preuve d’une efficacité certaine dans la gestion des ombres (façon Colan) avec un trait qui joue sur une ambiance anxiogène, avec une expressivité des visages éclairés d’une telle façon qu’ils me rappellent un peu le côté détaillé de Alfredo Alcala.

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Milligan n’est pas resté longtemps sur la série durant cette période, un peu plus d’une dizaine d’épisodes tout au plus, mais l’héritage qu’il a laissé s’est avéré prolifique, qu’il s’agisse du run de Morrison ou encore de la saga Knightfall, dont le pitch de base venait justement d’une idée de Milligan à la base.
Il n’aura cependant pas le temps de l’approfondir, un mal pour un bien puisque ce fut pour lui l’occasion de se consacrer à sa grande oeuvre, à savoir l’ongoing Shade the Changing Man, une des meilleures séries Vertigo toutes périodes confondues, et un réceptacle sans doute plus viable sur la durée pour les obsessions et récurrences thématiques de cet auteur pas comme les autres.

« Milly, il s’appelle Milly, c’est un auteur pas comme les autres, mais moi je l’aime, c’est pas de ma faute … »

[size=50]Pardon, je m’égare, il est grand temps que j’aille me coucher …[/size]

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X-Factor #87 (février 1993)
X-Aminations
scénario: Peter David
dessin: Joe Quesada
encrage: Al Milgrom

En parallèle de sa reprise de la série Hulk et du lancement du meilleur titre de la gamme 2099, Peter David reprend avec succès la série X-Factor, en injectant comme à son habitude pas mal d’humour et un style d’écriture feuilletonesque, sur ce plan PaD fait partie de ceux qui on su le mieux gérer cet héritage du sub-plot de Claremont sur les séries des mutants, et plus largement l’aspect Soap Opera de la franchise.

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Sa reprise du titre et pour lui l’occasion d’apporter une bonne dose de fun, de dramaturgie, d’humour référentiel et d’inventivité (la création du personnage de Rhapsody, une mutante capable de contrôler les autres via la musique, une idée assez originale avec un certain potentiel visuel).

Cette période se distingue fortement de la précédente, l’équipe étant au départ constituée de la première mouture des X-Men, par l’utilisation de personnages secondaires pour la plupart, une groupe de seconds couteaux en somme, avec lesquels il a eu du coup une plus grande marge de manoeuvre, pour finir par les rendre tout aussi intéressants que les personnages plus populaires, réussissant à créer des interactions réussies entre eux et à les rendre attachants, en particulier le trio Jamie/Rahne/Guido qu’il a ensuite réutilisé dans son second run, qui est encore meilleur que le précédent je trouve.
Pour reprendre l’adage de Moore, il n’y a pas de mauvais personnages, il n’y a que des mauvais scénaristes, et cela PaD l’a prouvé avec ses divers runs, et notamment son appropriation du personnage de Shatterstar, crée à la base par Liefeld, comme quoi il sont tous susceptibles d’être sauvés à un moment ou à un autre, ou encore Layla Miller qui grâce au scénariste est devenue un des meilleurs personnages féminins de l’éditeur, alors qu’au départ ce n’était guère qu’un gimmick made in Bendis tendance deus ex machina mutant.

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Durant cette période, le groupe a un statut d’équipe gouvernementale menée par l’agent de liaison du gouvernement Val Cooper, dont le premier essai était loin d’être satisfaisant (Freedom Force l’équipe de renégats de Mystique).
Suite à un événement jugé traumatisant, afin d’évaluer les éventuels traumatismes, l’équipe se retrouve obligée de participer à une séance avec un psychiatre (dont l’identité n’est révélé qu’à la fin).

Apparemment agacé par les contraintes des tie-in récurrents des crossovers mutants et de devoir dépendre des dessinateurs stars, David décide de prendre un peu de recul par rapport à tout cela et de se consacrer à ses personnages, ce qui constitue une pause entre deux sagas ou plutôt ce qu’il considère comme étant des interruptions fâcheuses (un des épisodes du crossover X-Cutioner’s Song est symptomatique de cela puisque il est exclusivement concentré sur le trio Logan/Cable/Bishop tandis que le casting habituel est relégué à faire de la figuration).
Cet épisode peut ainsi être vu comme étant une réaction à ce qui a précédé (au propre comme au figuré vu que certains étaient choqués à propos des événements qui impliquaient X-Force et la tentative d’assassinat du professeur Xavier) de la part de PaD qui commence à en avoir assez de ces contingences éditoriales, et qui décide de s’en tenir exclusivement à son groupe de personnages, afin d’explorer leurs parcours respectifs et parfois d’amener un nouvel élément qui permet de mieux comprendre pourquoi ils ont ces problèmes.

Peter David se sert de cette séance de thérapie pour alterner les divers entretiens, une structure narrative qu’il reprendra dans une suite tardive lors de son second run, avec un autre épisode du même genre tout aussi réussi, ce qui permet de se focaliser sur sur la dimension psychologique, l’occasion de se concentrer sur la caractérisation et l’étude de leurs personnalités respectives.
Ce choix audacieux révèle la nature fondamentalement plus character driven de cet épisode moins porté sur l’action pure, qui montre également l’aisance du scénariste dans les scènes plus calmes, les intermèdes plus intimistes, et dans la gestion de la dramaturgie qui se base sur la connaissance de la continuité et sur certains approfondissements et réinventions, qui se révèlent tous pertinents car ils apportent une impression de complicité et de compréhension des personnages, permettant ainsi de leur donner une profondeur supplémentaire, ce qui fait que les lecteurs se soucient de leur sort.

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Chaques membres de l’équipe a ses propres problèmes à gérer, que ce soit Madrox et sa crainte de la solitude, Havok et ses doutes sur son rôle de leader, Lorna qui n’assume pas toujours son physique, Guido qui essaye de masquer sa douleur constante avec son humour, ou encore Rahne et sa recherche d’affection et de reconnaissance auprès de diverses figures d’autorité, ce dont elle a manqué dans sa jeunesse (ce qui explique peut-être son béguin pour Alex).
Rétrospectivement il est assez drôle de voir Polaris assumer son physique en dévoilant au psychiatre son nouveau look très connoté 90’s, je ne sais pas si Quesada en est responsable mais en tout cas il n’est pas terrible, le design de Steranko reste décidément encore inégalé.

Dans le lot il y a une scène en particulier se distingue des autres, et c’est celle qui détaille la condition particulière de Pietro.
Pendant la même période Waid reprend la série Flash avec succès, en se démarquant par une volonté d’aller au bout du potentiel des capacités du bolide avec en particulier la création du concept de la Speed Force.
PaD quant à lui, choisi une autre option concernant les implications d’un tel pouvoir, avec l’idée qu’il voit tout d’un tout autre point de vue, que sa perception de choses et bien différente car liée à sa vitesse, ce qui provoque une situation frustrante, voire infernale, expliquant ainsi le fait que son comportement est lié à une impression généralisée et ce pourquoi il est si désagréable et arrogant.
Ce retournement de situation s’avère assez brillant dans son genre, vu qu’il apporte un nouvel éclairage sur son comportement et sa mentalité, une approche vraiment innovante qui permet de montrer le personnage sous un autre jour, de le rendre plus sympathique en exposant son calvaire et d’expliquer en partie son attitude au fil des ans.
Depuis son casier chargé n’a cessé de s’élargir et je doute que l’explication de la nature de ses pouvoirs suffise à le dédouaner dorénavant.

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L’avantage de ce genre d’histoires, c’est que cela permet d’éviter les excès graphiques liés au début des années 90, avec un storytelling plus sobre qu’à l’accoutumé, sans splash pages et musculatures énormes, sauf à un moment, mais cela est logique vu le gabarit de Strong Guy.
Visuellement un épisode sans action et basé sur des dialogues est plutôt délicat à gérer, mais Quesada arrive à s’en sortir, qu’il s’agisse de l’utilisation des ombres, de l’expressivité ou encore du dynamisme des scènes de transitions.
Le futur éditeur et rédacteur en chef arrive alors à prendre la relève de Stroman, grâce à son style encore dans la lignée de Mignola/Kelley Jones et sa capacité de mimétisme (l’intro avec la parodie de Ren & Stimpy issue du rêve de Wolfsbane).
Il faut dire qu’il est bien aidé par Al Milgrom, un excellent encreur à défaut d’être un grand dessinateur, encore que il se débrouillait tout de même pas mal dans ce domaine (je garde un bon souvenir d’un de ses arcs de Captain Marvel avec la Légion lunatique et le procès de Uatu le Gardien, ce qui doit donc correspondre aux épisodes encrés par Janson).

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« They’re normal, Ms.Cooper. They’re refreshingly human. »

Cette phrase prononcée à la fin de l’épisode résume parfaitement la qualité d’écriture et la propension du scénariste à approfondir les personnages pour ne pas faire d’eux des figures unidimensionnelles, ce qui participe à renforcer la caractérisation de ce groupe remplis de fortes individualités, faillibles, vulnérables, mais tellement plus attachants que des montagnes de muscles comme Cable ou Bishop, pourtant bien plus vendeurs durant cette période des dessinateurs stars.

Vilain, tu me donnes envie de relire le premier run de PAD ! (alors qu’il est dans mes cartons).
Sinon, je me demande s’il n’a pas réutilisé une partie des spécificités de Rhapsody par la suite via Cyrène (ou alors j’ai vu ça chez un autre auteur avec Songird)

Pas grand chose à rajouter à ton post très complet. Excellent !!

Milligan est certes inégal (on en a parlé ailleurs), mais la liste que tu dresses, qui constitue le haut du panier de son travail, pour une bonne part, figure quand même un corpus impressionnant.
Cet épisode de Batman, découvert pour ma part via l’anthologie Urban, s’est tout de suite hissé en haut du classement de mes récits batmanesques préférés. L’idée de base est tellement bien calibrée à la thématique (très directement illustrée par le titre…) milliganienne de l’identité comme concept vide de sens.

J’aurais vraiment adoré voir Milligan sur « Incredible Hulk », il aurait pu tirer des merveilles de ce personnage-là aussi.

Je pourrais dire à peu près la même chose du diptyque du Rhino avec Fegredo, décidément à chaque fois ou presque qu’il collabore avec Milligan cela donne lieu à quelque chose de grandiose.

à propos de cette épisode,quel est le personnage qui se sacrifie à la fin pour sauver Tête-à-cornes?

Il y a eu un focus sur une tueuse dans "Wolverine"pendant l’histoire avec la Main Droite Rouge.

Sinon,Joe AIM et la nouvelle série sur Hank Johnson Hydra,c’est un peu ça aussi,non?

Un ancien camarade de classe de Murdock je crois.

Mici.

Tiens, je reviens un instant en arrière et sur ce que tu dis là, Nemo. Je suis en train de préparer une petite série de posts sur « The Invisibles » à l’occasion d’une nécessaire relecture, et je crois que je suis tombé sur la citation à laquelle tu fais référence, très éclairante en effet…

Je ne sais pas de quel entretien cette citation de Morrison est tirée, mais elle est reprise dans un livre d’Andrew Hickey, « Sci-ence ! Justice Leak ! », compilation d’articles dont la plupart traite de comics et quelques-uns de ceux-là plus spécifiquement de Grant Morrison.

On aura l’occasion d’en reparler ces prochaines semaines.

j’ai un bouquin sur les invisibles d’itw des équipes créatives, de commentaire des épisodes, de listing des persos, de référençage des easter egg etc : anarchy for the masses.

C’est de là qu’est tirée la citation, dans le long itw de morrison à la fin du volume.

Je suis en train de me faire une session Milligan en enchainant ses shade (en tout cas les 3 tpb, mais je crois que la série continue au delà non ?), ses travaux avec McCarthy, ses enigma.

Sans entrer dans le détails des œuvres, je relève tout de même une grande particularité dans son écriture, du moins celle des débuts : sans être du tout de l’hypercompression à la morrison, sa narration bd se caractérise à l’époque par une façon de condenser énormément les informations sur la page. Une ou deux cases sont généralement suffisantes pour traiter une action ou une émotion.

Les premières pages de shade (que je classerais illico parmi les plus grandes réussites de narration bd de l’histoire du medium) sont assez révélatrice, une vie racontée par un moment déterminant en quelque case avec une sorte de double flash back.

L’effet de lecture qui est produit par cette façon d’utiliser chaque case comme un événement est, je trouve, une invitation à un voyage : on a d’autre choix que d 'accepter de se laisser guider par milligan qui devient seul maitre du temps narratif : une case un moment, une case une vie, une case une émotion, on ne sait jamais ce que sera la suivante. La narration est propice à tout délire et surprise et il ne s’en prive pas dans shade et enigma. Les captions sont alors déterminants dans cette écriture, puisqu’ils donnent le tempo de la case qu’o ne peut déterminer à l’avance. On pourrait trouver cela verbeux, et peut être même anti bd puisque que la logique de lecture dépend très peu de l’enchainement des cases. Mais c’est un usage possible de la narration bd, si on regarde la page dans son entier, sans lire le texte, on ne peut savoir ce qu’elle raconte, ça provoque du dépaysement, une rupture propice au rêve, au lâché prise.

Du coup j’en suis venu à me dire que l’écriture de milligan était une ecriture adramatique, sans drame, c’est à dire qu’il utilise très peu d’enchainement de case qui vont vers une résolution, ce qui suppose une temporalité dont on sais à l’avance le tempo : une fin arrive…

J’y vois là peut être une cause au travaux inégaux de milligan : c’est une écriture je crois fortement incompatible avec le mainstream qui repose pour beaucoup sur le cliffhanger, sur le drame.

Avec les années, l’écriture de milligan se fait plus fluide, quoiqu’elle l’a toujours été en fait, juste il étale en plusieurs pages ce qu’il traitait en une ou deux cases avant. C’est sans doute une part de concession de l’auteur à la narration commune.