LE FILS DE KONG (Ernest B. Schoedsack)

REALISATEUR

Ernest B. Schoedsack

SCENARISTE

Ruth Rose

DISTRIBUTION

Robert Armstrong, Helen Mack, Frank Reicher, John Marston, Victor Wong…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/fantastique
Titre original : The Son of Kong
Année de production : 1933

Ruiné après la débâcle Kong, Carl Denham se terre dans son appartement new-yorkais. Pour échapper aux journalistes et à ses créanciers, Denham accepte de partir en mer avec le capitaine Englehorn, un autre survivant de l’expédition du Venture qui a amené Kong en Amérique. Mais là aussi, les affaires vont mal. Pendant une escale dans un port d’Asie de l’Est, Carl Denham se lie d’amitié avec Hilda, une orpheline, et retrouve Hellstrom, le capitaine sans scrupules qui lui avait fourni la carte de l’Île du Crâne. Hellstrom lui fait miroiter la promesse d’un trésor, qui se trouverait dans une partie inexplorée de l’île, ce qui décide Denham à retourner au seul endroit où il avait juré de ne jamais remettre les pieds…

Sorti aux US.A. en mars 1933, le fabuleux King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack est d’emblée un succès qui permet de renflouer les caisses de la RKO. Les responsables du studio décidèrent donc rapidement de capitaliser sur l’excellente réception du long métrage en commandant une suite à ses auteurs. Mais Cooper et Schoedsack, toujours sous contrat, déchantent vite devant les conditions imposées : la suite doit impérativement être prête pour Noël 1933…et pour un budget trois fois moins important (269.000 dollars contre 672.000 dollars…l’équivalent de plus de 12 millions de dollars actuels…pour King Kong), ce qui leur laisse un peu moins de 9 mois pour la production entière !

La scénariste Ruth Rose (déjà au générique de King Kong) a décidé de partir dans une direction différente (impossible avec ce montant de rivaliser avec ce qui a été fait précédemment) et ainsi d’injecter un peu plus d’humour à cette seconde expédition. Le fiston de Kong, affectueusement surnommé Kiko pendant le tournage, est un gentil gorille albinos, un « petit Kong » un peu neuneu et au grand coeur qui se prend rapidement d’affection pour Carl Denham et Hilda. Il a été véritablement pensé comme un personnage comique, avec ses mimiques cartoonesques accentuées comme dans un film muet.
Dans les combats, Kiko se révèle aussi pugnace que son paternel et affronte vaillamment un ours géant et un dinosaure pour sauver ses nouveaux amis.

Réduction du budget oblige, l’Île du Crane a été réduite à quelques cavernes et à un temple caché, mais le scénario, qui exploite bien ces quelques décors et miniatures, ne manque pas de rebondissements qui font de la deuxième partie du Fils de Kong (le long métrage dure un peu moins de 70 minutes et Denham & cie arrivent sur l’île pile à la moitié) un divertissement bien ficelé, amusant, émouvant et accrocheur, qui se conclue de manière dramatique par un très beau plan…même si je reconnais que l’astuce scénaristique finale est assez convenue (on la retrouve dans de nombreux films de monstres de l’époque).

Techniquement, l’animation image par image est réussie et donne un résultat toujours aussi charmant, même si les moyens limités se font parfois ressentir (certaines créatures, comme le nothosaure qu’affronte Kong Jr., auraient mérité d’être un peu plus peaufiné en post-production, mais le temps manquait). Le magicien Willis O’Brien avait bien évidemment débuté le tournage mais touché par un drame atroce (sa femme malade a tué leurs deux enfants avant de faire une tentative de suicide), il a laissé son assistant terminer les effets spéciaux et a ensuite toujours refusé de parler du film…ce qui explique qu’il y ait très peu d’informations sur cet aspect de la conception du Fils de Kong.

Les 30 premières minutes du métrage souffrent de quelques longueurs mais elles ne manquent pas d’intérêt, avec un ton très différent du film d’aventures familial qu’il devient progressivement. Le Fils de Kong est également un récit post-Grande Dépression sur le désespoir et l’échec. Carl Denham, à nouveau très bien interprété par Robert Armstrong, recherche la rédemption pour le mal causé par son hubris et il doit affronter un avenir incertain aux côtés de la douce Hilda au regard triste.

Le scénario se fend aussi d’une petite charge anti-communiste plus ou moins subtile…la mutinerie à bord du Venture (qui se produit parce que les marins n’ont aucune envie de se rendre sur l’Île du Crane) est comparée par Denham à la révolution bolchévique…et le chef des révoltés est un rustre surnommé « Red » !

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