LE GRAND INQUISITEUR (Michael Reeves)

Je ne vais pas tout citer parce que ce serait vite indigeste, donc je vais essayer de répondre point par point en espérant que ça demeure clair et qu’on s’y retrouve.

Sur la subjectivité : je ne suis pas sûr de voir où on ne se comprend pas. Je maintiens que pour ce qui est ma remarque initiale (l’explication de l’exclusion de Valerie… de la « trinité » emblématique, sur la base de la définition de cette trinité par des Anglais considérant un corpus purement anglais), je n’ai fait que relayer ce qui me semblait une subjectivité autre que la mienne (en gros, les biais de Haggard puis Gatiss). Ça n’empêche absolument pas de considérer que la définition du genre a pu être élargie depuis et qu’un film tchèque y a sa place.

Maintenant, pour ce qui est de ma propre subjectivité, bien fondée comme je l’ai dit non sur la nationalité d’origine mais sur des thématiques, — et je rappelle encore une fois que j’ai lu le roman de Nezval (écrit entre 1935 et 45) mais non vu le film, donc je me fonde sur le premier, sous réserve que l’adaptation n’apporte pas des éléments complètement nouveaux — il est vrai que je ne suis pas sûr du tout de voir Valerie ou la semaine des merveilles comme un pinacle de la folk horror. Pour moi, on est plus dans le registre de la relecture surréaliste subversive d’un schéma de conte de fée, mâtiné de Faust et d’Alice au pays des merveilles, centré sur le thème du passage à l’âge adulte via l’accès à la sexualité. Je n’y vois pas beaucoup de folklore, pas vraiment d’horreur, et rien du conflit central qui est pour moi le nœud de la définition du genre.

Mais ce n’est pas de ça que je parlais dans ma remarque initiale.

Sur le fait de citer FHR : j’ignorais que tu étais lié à ce site, donc n’y vois ni flagornerie ni tentative de mise en porte-à-faux de ma part ! :smile:

Sur le « danger de sortir quelque chose de son contexte » : mais je le précisais juste après, le contexte…?? :face_with_raised_eyebrow:

Sur la théorie de la désillusion post-hippie : comme je le disais avant-hier soir dans le topic sur The Blood on Satan’s Claw, loin de moi l’idée de nier absolument le mérite de cette idée ; mais si elle fonctionne très bien pour les deux titres les plus tardifs de la « trilogie impie », ça marche beaucoup moins pour la production des années 60 (voire 50 si on part, mettons, de Rendez-vous avec la peur de Tourneur). Dont ce Grand Inquisiteur dont il est question ici, d’ailleurs. Sans remonter aux calendes grecques, il me semble qu’il y a d’autres facteurs à considérer pour la genèse du genre — je pense notamment à l’essor du néopaganisme dans les années 50, avec les écrits de Gerald Gardner qui codifie et popularise la Wicca, et son intégration dans la contre-culture des années 60, via par exemple les groupes folk-rock psychédéliques. Que là-dessus intervienne en 70 le contrecoup négatif du mouvement hippie, qui vient apporter « la dernière touche », c’est évidemment aussi une donnée importante. Mais ça n’est pas tout.

Sur l’Urban Wyrd : là, j’avoue que, de mon point de vue, on est dans l’exemple-type où à force de considérer les ingrédients de façon disparate au lieu de ce qui fait la spécificité de la recette, on arrive à un point où tout est dans tout et réciproquement.

Sur l’appartenance ou pas de Blair Witch au « corpus » : pour moi on est un peu aux limites de la FH, mais on retrouve suffisamment d’éléments constitutifs pour que ce ne soit pas absurde de le considérer. Et par ailleurs le film a une influence évidente sur la production postérieure.

Sur le coup des « sticks », ou en tout cas des objets « craftés », il me semble que ça se trouve déjà dans Harvest Home de Thomas Tryon, roman paru un an avant la nouvelle de Wagner — et qui relève pour le coup de façon indéniable et « pure » de la FH.

Concernant la liste FHR : « Google Drive : accès refusé » :tired_face: :tired_face: :tired_face:

(Et sinon, joyeux non-anniversaire Photonik !)

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