…. **[size=150]L[/size]**e seizième tome de la collection Le Meilleur des Super-Héros MARVEL (Hachette) propose encore un sympathique sommaire : deux épisodes de la série Avengers datant du Silver Age (1968 pour être précis), et une histoire complète en quatre parties de 2002.
Comme le titre du recueil l’indique celui-ci est tout entier consacré au personnage de la Vision, un « synthézoïde » !!
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[quote]La Vision est un être artificiel dont les origines remontent à l’Âge d’or des comic books. C’est aussi l’un des personnages les plus énigmatiques de l’univers Marvel. Revivez la première apparition de Vision dans deux épisodes de la série Avengers, devenus depuis des classiques.
Avec Avengers Icons : The Vision, notamment, le génial scénariste Geoff Johns vous invite à redécouvrir le synthézoïde sous un nouveau jour dans une histoire particulièrement originale.[/quote]
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Si la préface d’Ed Hammond évoque sans surprise la figure légendaire du Golem, et les Robots d’Isaac Asimov, auteur de science-fiction à qui l’on doit notamment les célèbres « trois lois de la robotique » (soufflées par le tout aussi célèbre John W. Campbell) ; il me semble que l’on peut tout aussi bien citer pour le coup un ancêtre tout aussi prestigieux, mais peut-être moins connu, du synthézoïde.
En effet la Vision peut se prévaloir d’un prédécesseur illustre quoi qu’un peu oublier, à savoir, Talos, le gardien de la Crête.
Talos est un automate géant qui selon Jacques Van Herp était un assemblage de métal mû par un système de ressorts et d’engrenages.
Une créature artificielle inventée par Dédale (oui celui du labyrinthe et des ailes d’Icare) pour protéger l’île de Candie, qui ne devait rien à un quelconque procédé magique ou à l’aide des dieux.
Mais, en tout état de cause c’est de la créature de Frankenstein que la Vision est certainement le plus proche. Êtres de synthèse, sans naissance, sans semblable, chacun est à sa manière, un individu absolu.
…. Ceci étant dit, les deux épisodes qui ouvrent ce seizième tome introduisaient à l’époque, au sein de l’univers de l’éditeur Marvel, ce « nouveau » personnage largement inspiré d’une Vision plus ancienne (si je puis dire) créée par Joe Simon & Jack Kirby en 1940 (vue récemment dans les All-New Invaders de James Robinson) ; ce qu’explique d’ailleurs fort bien le paratexte qui complète ce recueil.
Nonobstant l’absence totale de découverte en ce qui me concerne, et le passage du temps, j’ai trouvé ces deux numéros (Avengers #57 & 58) très agréables à lire.
Roy Thomas et John Buscema donnent beaucoup de rythme à l’histoire, chaque personnage à ses propres caractéristiques – qui sont montrées plutôt qu’expliquées -, tous participent à l’aventure ; et si tout cela peut sembler manichéen (ou enfantin), ce n’est jamais infantile.
…. **[size=150]L[/size]**a suite, plus récente puisqu’elle date de 2002, est une histoire complète, inédite en français, écrite par Geoff Johns et plutôt joliment dessinée par Ivan Reis.
Tout comme l’aventure précédent celle-ci repose sur un moteur dramatique simple : l’introduction d’un élément « perturbateur » dans un système (relativement) stable, en l’occurrence ici une famille (qui n’a rien d’atomique).
Johns habille son récit plutôt agréable même si sans réelle surprises, de nombreuses références.
Ainsi situe-t-il la première apparition de la Vision lors de la New York World’s Fair de 1939, autrement dit la Foire Internationale de 1939.
Une allusion à L’Homme de fer-blanc du Magicien d’Oz (de L. Frank Baum), fait d’une certaine manière le lien avec l’Exposition Universelle de Chicago de 1893 qui compte beaucoup dans l’imaginaire étasunien, et donc un antécédent devenu classique.
La Foire Internationale de New York dont le texte d’introduction du guide officiel commençait comme ceci : « Les yeux de l’Exposition sont tournés vers l’avenir – …] » ce qui pour un personnage dont le patronyme est la « Vision » cela semble de bonne augure.
Il y est aussi question de « gremlins » pas ceux de Joe Dante pour le coup, mais plutôt ceux de Roald Dahl ; revus et corrigés via Matrix par Ivan Reis.
Incidemment les deux histoires proposent en définitive un point de vue assez similaire sur le personnage éponyme.
Bref tout cela se lit très bien, grâce aux traductions respectivement de Geneviève Coulomb et de Stéphane Le Troëdec (MAKMA), et du lettrage de BIT et de **Cyril Bouquet **(MAKMA), mais offre d’une certaine manière une perspective assez effrayante de l’univers Marvel.
…. En effet ces deux histoires, celle de Thomas et celle de Johns montrent que l’univers Marvel est somme toute un monde …… orwellien si je puis dire.
Et qui ne s’en cache pas.
Chacun connaît peu ou prou le célèbre roman intitulé 1984 dont l’une des particularités, probablement la plus connue outre Big Brother, est le novlangue qui est l’incarnation du concept dit de « doublepensée ».
Un concept qui trouvera toute sa raison d’être si d’aventure vous lisez ce recueil.
La doublepensée telle qu’on la rencontre dans le roman de George Orwell permet (ou plutôt oblige) pour le dire vite, d’accepter deux points de vue opposés, et oblige tout autant à mettre (forcément) en veilleuse tout esprit critique.
Là, il ne fait aucun doute que si les deux personnages sont les mêmes, l’histoire de Geoff Johns est incompatible avec celle de Roy Thomas (et inversement).
Et pourtant elles sont présentées dans un même ouvrage comme allant de soi.
Ce n’est plus de la suspension volontaire d’incrédulité dont il faut faire preuve, mais bien de doublepensée.
Et pour ma part je les ai lues sans aucun problème.
Inquiétant, non ?! -_ô]