LE RAYON U / LA FLÈCHE ARDENTE (Edgar Pierre Jacobs, Jean Van Hamme / Edgar Pierre Jacobs, Christian Cailleaux)

Quelques planches :

Jim

Jean Van Hamme était l’invité du 13/14 de Bruno Duvic.

Bruno Duvic semble attaché à la notion de « kitsch », un profond trauma sans doute.

Jim

Le Rayon U a connu une édition « fac-similé » reprenant les planches de la parution dans Bravo. C’était aux Éditions de l’Âge d’Or, en 2011. Plus d’infos ici.

C’est donc davantage conforme au travail d’origine de Jacobs, là où l’édition en album, en 1974, est un remontage recolorisé.

agrémentée des 5 pages de Gordon l’Intrépide que Jacobs avait dû reprendre en 1942 à la suite d’Alex Raymond, les planches de ce dernier n’arrivant plus en Europe du fait de l’entrée en guerre des Etats Unis

Jim

Apparemment, Dargaud prépare une version noir & blanc, vendue sous coffret, pour septembre prochain :

Jim

Je me sens faible face aux beaux objets :smiling_face_with_tear: .

Hum … les premiers avis ne donnent pas envie …

Après, on se demande à quoi ils s’attendent, les mecs.
Dargaud propose la suite d’un bouquin des années 1940 qui a été improvisé et réalisé un peu au doigt mouillé, en jouant à fond la carte du « à la manière de ». Ils s’attendaient au nouveau Thorgal ? Au nouveau Watchmen ? C’est à la fois un exercice de style, une blague et un coup commercial. Une figure de surf sur la grosse vague de la nostalgie patrimoniale.
Et Dargaud semble sûr de son coup, parce qu’ils ont tiré 150 000 exemplaires, selon les dires de Van Hamme. Et je pense qu’ils vont les vendre.

Jim

Je sais pas. J’ai juste vu deux avis mais pas de comparaison avec le Rayon U (que je ne connais pas).

J’ai un souvenir flou du Rayon U. Mitigé : genre, bon potentiel, lecture décevante.
C’est trop lointain pour que je te dise pourquoi précisément.

En revanche, ce que j’ai appris, en lisant pas mal de commentaire sur le sujet, c’est que l’édition en album, de 1974, celle que j’ai, est en fait un remontage, car l’édition dans le magazine Bravo n’était pas dans le même format (mais plutôt un format carré). Du coup, les planches étant introuvables, Jacobs et ses assistants sont repartis du matériel d’impression afin de recréer un noir et blanc et ensuite de découper les images pour remonter les planches. Ce qui veut dire que les couleurs ont aussi été refaites à l’occasion de cette édition de 1974, perdant du même coup les couleurs directes de l’édition en feuilleton.
Sachant cela, j’aurais presque aimé que Dargaud joue le jeu du patrimoine, s’arrange pour refaire une édition carrée (quitte à refaire les couleurs par Bruno Tatti, hein…) et fasse une suite également au format carré.
Mais bon, c’est parce que je suis un vieux con bougon.

Jim

Bougon, c’est déjà pas mal. N’en fais pas trop.

Je ne rajeunis pas, cela dit.

Jim

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Tiens, en attendant de pouvoir excaver ma précédente édition (afin de comparer les couleurs, entre autres), j’ai relu Le Rayon « U » hier soir.

Je crois qu’à l’époque de ma découverte, au collège je pense, je n’étais pas conscient du contexte de création. J’imagine que je savais que c’était avant Blake et Mortimer. Je pense aussi que je savais que Jacobs avait réalisé cette bande au moment où Guy l’Éclair n’était plus traduit (dans Bravo, mais je parie que je ne connaissais pas le nom de la revue à l’époque) pour raison d’occupation de la Belgique par les Allemands. Et encore, je n’avais sans doute que des informations bien parcellaires et brumeuses. Une chose me semble certaine : je n’avais pas conscience que l’album était un remontage de la première édition.

Le récit est frénétique : il y a une surprise et un retournement de situation à chaque page, suivant en cela le rythme de parution dans Bravo, où Jacobs fournissait une planche par semaine. Dans cette logique de feuilleton avançant au doigt mouillé, les personnages réunis par l’auteur cherchent à échapper aux dangers de la jungle où ils ont échoué lors de leur périple à la recherche de l’uradium, cette pierre pouvant faire fonctionner le fameux « rayon u ». Donc dinosaures, serpent géant, peuple d’hommes-singes, tout y passe dans un catalogue directement emprunté au cinéma (l’ombre de King Kong n’est pas loin). C’est désuet, charmant, plein d’entrain. Les récitatifs sont un peu répétitifs, bien entendu (c’est la narration de 1943, retravaillée en 1974 dans l’intention de conserver tout de même la touche d’époque). Les femmes y sont secondaires, mais très jolies quand même, ce qui fait regretter que les lois de censure (surtout françaises) aient condamné par avance toute présence féminine dans Blake et Mortimer.

Au sujet de ces deux aventuriers britanniques, il est intéressant de relire Le Rayon « U » avec en tête l’idée que le casting est en quelque sorte le prototype du fameux tandem : l’espion Dagon donnera naissance à Olrik, Lord Calder à Blake, le Professeur Marduk à Mortimer… D’après ce que j’ai lu, Le Secret de l’Espadon (qui raconte là aussi l’histoire d’une arme secrète) est né d’un premier script destiné à être une suite au Rayon « U » : il aura donc suffi à Jacobs de transposer les personnages et l’intrigue dans un univers plus proche de nous, en changeant quelques noms. Relire ce récit dans cette perspective est très intéressant.

Jim

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Ah ouais ?
Vu que tout est cyclique, j’espère qu’on ne reviendra pas à ce niveau, mais pour d’autres raisons.