LE RETOUR DE DORIAN GRAY t.1-2 (Stéphane Betbeder / Bojan Vukic)

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La critique de Le retour de Dorian Gray T.2 (simple - Soleil) par vedge est disponible sur le site!

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Tiens, Vukic est français ! Épatant ça !

Encore un migrant !
:wink:

Jim

En parlant de migrants, Diroan c’est de quelle origine ? :grin:
Je ne sais pas qui a moyen de modifier le titre mais avec Dorian, ce serait mieux. :wink:

C’est fait ! ~___^

Tori.

Merci : je tape trop vite.

Jim

Tandis que l’Homme Invisible fait régner la terreur sur Londres en dévalisant les plus grandes bijouteries au grand jour, Dorian Gray est tombé dans la mendicité, traînant son portrait roulé de bouge en hôtel borgne. Et tandis que le premier perd lentement ses attributs, redevient partiellement visible et sensible à la lumière, le second est dévalisé par des enfants des rues. Quand il se met en quête de la toile le représentant, il tue, et découvre que le sang versé réactive le pouvoir magique du portrait.

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Le diptyque écrit par Stéphane Betbeder et illustré par Bojan Vukic va suivre les deux hommes, dont les pouvoirs sont autant de malédictions. L’Homme Invisible, découvrant qu’il ne peut conquérir la haute société, se met en tête d’être le roi des bas-fonds, tandis que le second part en quête de sa jeunesse perdue. Premier petit souci : le résumé de dos de couverture laisse entendre qu’il veut tuer le seul être à l’âme plus noire que la sienne (vous aurez deviné qui) tandis que l’intrigue explique qu’il cherche un peintre capable de le représenter dans toute sa laideur, afin d’inverser les propriétés de la toile. Mais qu’importe.

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Si le récit est plutôt fluide, surtout dans sa première partie, où les différents protagonistes, et notamment Phillys Appleton, fille d’un politicien affluent, sont présentés avec clarté, le second défaut de cette série apparaît très vite : la dimension sordide de son intrigue. Dès le premier tiers du tome initial, le sang est versé, et les deux adversaires, qui se retrouvent alliés par la force des choses, sont présentés comme sombrant dans le côté obscur. Qu’il n’y ait pas de héros dans l’histoire, ma foi, pourquoi pas. Que le plan de l’Homme Invisible, s’il réussit, n’entraîne pas les conséquences qu’il attend, pourquoi pas aussi, même si cela désamorce les enjeux dramatiques. Mais force est de constater que la tonalité du diptyque est sombre, très sombre, désespérée, volontairement sans espoir. La fin est d’une tristesse absolue, qui n’est concurrencée que par sa gratuité.

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L’histoire ne m’avait pas plu à l’époque de la sortie. La relecture, aujourd’hui, fait ressortir sa structure formelle, plutôt efficace et bien rythmée, et ses choix d’ambiance qui ne me plaisent guère. Le récit, dans ses extrémités, va à contre-courant du potentiel d’émerveillement de la collection « 1800 », épousant radicalement un « grim & gritty », qui ne me semble pas du meilleur aloi en l’occurrence.

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Bojan Vukic, quant à lui, s’en donne à cœur joie. Ses décors, notamment des souterrains de la ville, sont impressionnants. Dans le tome 2, il livre une parodie du « Repas de noce » de Brueghel l’Ancien, qui emprunte aux visions infernales de Jérôme Bosch. Il joue à fond la carte de la reconstitution d’une société inégalitaire au pourrissement avancé, et ses représentations des quartiers pauvres sont assez éloquentes.

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Jim

Dans la planche juste au dessus, les gens au balcon collés à la scène ne vont pas voir grand chose à mon avis… :rofl:

Déjà que ceux qui sont au pied de la scène doivent avoir un peu la vue bouchée…

Tori.

Donc, à mon tour de donner mon avis :

Réalisée par Betbeder (déjà sur Dr Watson, que je n’avais pas spécialement aimé) et par Vukic (qui officiait sur Grands Anciens, excellent diptyque qui devrait être remboursé par la sécu, on ne le dit jamais assez). Eh bien, là, la narration est plus classique et plus linéaire, mais qu’est-ce que c’est glauque. Un parti pris que je ne juge pas particulièrement, parce que c’est plutôt bien fait, mais par contre, ça peut mettre par moment, assez mal à l’aise. En fait, ce sont surtout la première scène du 1er bouquin et la dernière du second qui m’ont fait ressentir cela. En fait, on peut ressentir du glauque par moment, mais c’est vraiment de la tristesse qui m’anime à la fin. C’est assez rare dans mes lectures. Et pour autant, je n’ai pas détesté lire cette histoire. Mais j’ai été mal à l’aise au tout début et à la toute fin.

Après, l’histoire autour des deux perso principaux que sont Dorian Gray et l’Homme Invisible est plutôt bien faite, s’enchaîne plutôt bien. Mais il y a aussi un gros pan sociale dans cette histoire (mais ce n’est pas le seul à avoir fait ça), avec une mise en avant de la misère que rencontrait une grosse partie des Londonien du début de ce siècle (parce que ça se passe en fait en 1902). D’ailleurs, l’auteur prend une légère liberté sur les évènements, puisque la manifestation des suffragettes a en fait lieu quelques années plus tard. Mais finalement, je trouve que ce perso féminin est peut être un pied de nez à l’œuvre originelle de Wilde, qui est, si j’ai bien lu quelques critiques (puisque je n’ai pas lu le bouquin), un brin misogyne (même la en mettant dans le contexte de l’époque). Je ne sais pas si c’est volontaire de la part de Betbeder. Sinon, les évènements contés donnent un drôle d’écho à ce qui se passe en ce moment en France …

Sinon, côté dessin, je trouve que Vukic retranscrit bien le côté glauque, la crasse du East End londonien, la folie dans le visage de Dorian ou dans son homme « invisible »… et ses arrières-plans sont toujours bien fournis, avec des détails qui ne sont pas là que pour faire joli. Ils sont là pour créer une ambiance, s’immerger chez les pauvres ou chez les riches.
Sinon, les bulles sont ici ovales, mais par moment un peu trop grosses par rapport à la quantité de texte.

Tiens,j’ai lu
« l’homme invisible ».

Pas mal du tout,comme bouquin.

Mon deuxième Wells.