LE RETOUR DE DORIAN GRAY t.1-2 (Stéphane Betbeder / Bojan Vukic)

Donc, à mon tour de donner mon avis :

Réalisée par Betbeder (déjà sur Dr Watson, que je n’avais pas spécialement aimé) et par Vukic (qui officiait sur Grands Anciens, excellent diptyque qui devrait être remboursé par la sécu, on ne le dit jamais assez). Eh bien, là, la narration est plus classique et plus linéaire, mais qu’est-ce que c’est glauque. Un parti pris que je ne juge pas particulièrement, parce que c’est plutôt bien fait, mais par contre, ça peut mettre par moment, assez mal à l’aise. En fait, ce sont surtout la première scène du 1er bouquin et la dernière du second qui m’ont fait ressentir cela. En fait, on peut ressentir du glauque par moment, mais c’est vraiment de la tristesse qui m’anime à la fin. C’est assez rare dans mes lectures. Et pour autant, je n’ai pas détesté lire cette histoire. Mais j’ai été mal à l’aise au tout début et à la toute fin.

Après, l’histoire autour des deux perso principaux que sont Dorian Gray et l’Homme Invisible est plutôt bien faite, s’enchaîne plutôt bien. Mais il y a aussi un gros pan sociale dans cette histoire (mais ce n’est pas le seul à avoir fait ça), avec une mise en avant de la misère que rencontrait une grosse partie des Londonien du début de ce siècle (parce que ça se passe en fait en 1902). D’ailleurs, l’auteur prend une légère liberté sur les évènements, puisque la manifestation des suffragettes a en fait lieu quelques années plus tard. Mais finalement, je trouve que ce perso féminin est peut être un pied de nez à l’œuvre originelle de Wilde, qui est, si j’ai bien lu quelques critiques (puisque je n’ai pas lu le bouquin), un brin misogyne (même la en mettant dans le contexte de l’époque). Je ne sais pas si c’est volontaire de la part de Betbeder. Sinon, les évènements contés donnent un drôle d’écho à ce qui se passe en ce moment en France …

Sinon, côté dessin, je trouve que Vukic retranscrit bien le côté glauque, la crasse du East End londonien, la folie dans le visage de Dorian ou dans son homme « invisible »… et ses arrières-plans sont toujours bien fournis, avec des détails qui ne sont pas là que pour faire joli. Ils sont là pour créer une ambiance, s’immerger chez les pauvres ou chez les riches.
Sinon, les bulles sont ici ovales, mais par moment un peu trop grosses par rapport à la quantité de texte.