LE SPIROU DE… (collectif)

Christian Durieux est né en 1965 à Bruxelles, ville dans laquelle il résida longtemps avant de venir vivre près de Bordeaux en 2008. Passionné de dessin dès son plus jeune âge, il a la chance de profiter, pendant ses années collège, d’un cours de bande dessinée gratuit prodigué par Bosse et Watch pendant la pause déjeuner des élèves. Bosse remarque vite l’implication et le talent du jeune Christian, alors âgé de 13 ans, et lui propose de rencontrer Alain De Kuyssche, son rédac’ chef chez Spirou . Christian s’y rendra avec ses planches timidement calées sous le bras. Aucune ne sera retenue ! Mais De Kuyssche lui offre une heure de son temps afin de lui prodiguer divers conseils. Un vrai cadeau de la vie… Durieux poursuit ensuite sa scolarité, obtenant une licence de Lettres modernes avant de s’inscrire à l’École d’arts graphiques de Saint-Luc, qu’il quitte au bout d’un an, s’estimant trop vieux pour poursuivre des études ! Il enchaîne alors travaux d’illustrations et de BD divers, en particulier pour le Journal Tintin . Invité en tant que jeune auteur à une émission de radio recevant quelques pointures du métier telles Berthet et Dufaux, il sympathise particulièrement avec ce dernier. Dufaux, séduit par le dessin de Durieux, l’embarque dans l’aventure « Avel », aux Éditions Glénat, à partir de 1990. Ce thriller psychologique nervé de mystère installe aussitôt Durieux dans le top 10 des auteurs réalistes avec lesquels il faudra compter… Sauf que Christian aime (se) surprendre. Il entreprend donc, avec Luc Delisse au Lombard, la série « Foudre », thriller futuriste pour lequel il développe un trait plus en rondeur. Durieux emporte ensuite ses lecteurs dans la trilogie « Mobilis », un concentré de mystère pur, scénarisé par le maître Andreas, avant d’adopter un trait enfantin à la fraîcheur totalement réjouissante pour dessiner « Oscar », les aventures d’un gamin orphelin aussi craquant que turbulent, scénarisées par Denis Lapière. Grâce à cette série, qui démarre en 2001 et connaîtra 7 tomes, Durieux peut enfin réaliser son vieux rêve de collégien : être publié dans Spirou ! Toujours chez Dupuis, Durieux signe en compagnie de Jean-Luc Englebert une série jeunesse pleine de monstres et de fantômes : « Gusgus ». Jamais là où on l’imagine, Durieux abandonne alors la BD jeunesse, devenu son terrain de jeu attitré, pour illustrer à partir de 2008 « Les gens honnêtes », une quadrilogie signée Jean-Pierre Gibrat. Christian utilise, pour cette très belle et très sensible chronique à hauteur d’êtres humains, un dessin semi-réaliste terriblement attachant. Durieux, qui a déjà travaillé en solo sur Benito Mambo (1997) et Le pont (2007) réalise par la suite Un enchantement (Futuropolis, 2011), jeu de séduction érudit et onirique se déroulant lors d’une nuit passée au Musée du Louvre. Puis il travaille sur Le captivé (Futuropolis, 2014, scénario de Christian Dabitch), Geisha ou Le jeu du Shamisen (2 volumes chez Futuropolis, 2017-2018, sur un scénario de Christian Perissin). En 2020, Christian Durieux dépasse son rêve de collégien en réalisant son propre « Spirou », Pacific palace, où il développe un dessin et une intrigue conjointement élégantes. Amoureux de la même femme - la fille d’un dictateur en fuite réfugié dans un palace - les grooms Spirou et Fantasio vont avoir, à cause de lui, fort à faire… Comme beaucoup des albums de Durieux, Pacific palace est réalisé en couleurs directes. Véritable caméléon graphique, Christian Durieux se fond avec un égal talent sur tous les scénarios qui lui sont proposés comme sur tous les terrains de jeux qu’il choisit de s’écrire. Réaliste sur « Mobilis » (avec Andreas), semi-réaliste sur « Les gens honnêtes » (avec Gibrat), résolument jeunesse sur « Oscar » (avec Lapière), cet auteur total s’offre en outre le luxe de s’essayer à toutes les techniques de dessin et de colorisation, même si la couleur directe est devenue depuis quelques années sa marque de signature.

Dès sa pré-publication dans Spirou on avait été accroché

Surtout le Doc et moi.

Tori.

Ce Pacific Palace à l’air alléchant… Ces revisites ne sont pas toutes d’égales qualités, pour ma part celle d’Émile Bravo est excellente, le lien entre l’Histoire et l’histoire est superbement menée, l’humour et la légèreté se mêlent admirablement au sérieux et au pire de l’Homme et amènent bien les plus jeunes à des sujets de réflexion sur des sujets durs… Vivement la suite !

Oh mais je sens que je vais le prendre fissa celui là

Je n’ai pas réussi à dépasser les premières pages.

Le Doc a eu plus de courage que moi, mais son constat n’est pas forcément en faveur du bouquin…

Tori.

Concernant Pacific Palace ?

Oui, lu en prépublication dans le journal de Spirou

Tori.

Ok j’en ai lu quelques pages et ça me semblait pas mal.
Je vais voir ça.
Merci de vos avis…

Dédicace de Verron dans Il s’appelait Ptirou, douzième tome de la collection « Le Spirou de… », qui ressortira plus tard en tant que premier tome de Mademoiselle J :

Jim

Aucune idée de la date, mais c’est de Bill Sienkiewicz.
image

Je confirme

1 « J'aime »

Arf, j’avais recherché dans le sujet sur la série Spirou et celui des « Spirou de ».

Mais c’est pas grave : un doublon de cette qualité, c’est deux fois plus de plaisir pour les yeux.

Jim

Jocelyn Joret, dessinateur de Kidz, sur son compte Facebook le 21 juin 2023 :

Spirou.

Il y a maintenant un peu plus d’un mois, on m’apprenait l’arrêt brutal du projet. 1 an et demi de négociations environ, 9 mois de travail, 27 pages encrées, 5 ou 6 crayonnées, le reste des 46 pages au storyboard. Nous avions signé pour 2 albums. Les 2 scénarios étaient bouclés. Les raisons évoquées : les derniers albums Spirou ne se vendent pas assez.

Spirou 1 :

Retour en arrière, un petit matin de janvier 2020, je reçois un courriel me disant en gros : Hey on a pensé à toi pour faire un Spirou ça te dit ? J’ai d’abord frotté mes petits yeux, faire un Spirou n’étant même pas un rêve que j’aurai osé avoir un jour. Spirou, j’ai grandi avec, ceux de Tome et Janry surtout, à l’adolescence. Jamais je n’aurai pu imaginer. Faire de la BD c’était déjà un rêve difficilement accessible, alors dessiner un Spirou …

Bon, ce n’était pas une blague. Un projet en cours, un one-shot scénarisé par Véro Cazot, cherchait un dessinateur ou une dessinatrice, Véro a pensé à moi ! Je la fait courte, j’ai fait le test, il a été concluant, tout le monde était content. Quelques mois plus tard la peur de froisser le vieux lectorat du groom a vaincu, cet album ne verra pas le jour. Dur. Encore plus dur pour la scénariste qui aura travaillé très fort sur ce projet, pour moi au final, ça ne sera que 2 pages et un dossier de recherches. Et la fin d’une aventure.

Spirou 2 :

1 an plus tard presque jour pour jour, janvier 2021, re-message, un autre projet Spirou se lance, on a pensé à toi ! Euh, ok mais chat échaudé … tout ça … mais merde c’est quand même Spirou ! Et puis le scénario me plait et celui-ci ne devrait froisser personne ! On y va. Du temps, du temps pour se mettre d’accord … on signe à l’été 2022, 2 tomes. C’est parti. J’ai du mal à y croire toujours mais c’est parti…

Il y a un mois donc, le couperet tombe, on arrête. Le mur. Je suis toujours en colère. Du travail gâché, du temps perdu, un rêve finalement devenu accessible, piétiné… C’est dur pour moi, et pour le scénariste aussi, investi dans ce projet depuis encore plus longtemps que moi.

Aujourd’hui ça va un peu mieux, Dupuis ne me laisse pas tomber et j’ai fait des livres déjà, c’est déjà formidable je crois. Reste à savoir si je continue ou pas, j’adorerai continuer, mais avec quoi ? Comment revenir après un Spirou ? Trouver les mêmes conditions ? J’hésite encore à retourner dans le jeu vidéo, même si ça ne semble pas la bonne période avec ces conneries d’IA qui nous foutent le moral en l’air … Je vais encore prendre le temps de réfléchir .

En tout cas, il m’est insupportable que personne ne voie jamais ces pages, alors je vais les montrer bientôt.

Ma façon à moi de dire au revoir à Spirou et de boucler tout ça …
Bye Spirou

Jim

1 « J'aime »

Il a posté les images du tome 1 de « Groom Army » dans cet album FB.

Les dessins de « Les Calots De La Colère » sont ici.

C’est petit dans les albums Facebook, mais il suffit de faire « ouvrir dans un nouvel onglet » sur chaque image.

Le Petit écho de Champignac s’est fait l’écho ici de l’arrêt, tout ou tard, de la collection « Spirou vu par… », confirmé par Stéphane Beaujean :

Nous avons décidé d’arrêter une grande partie des « Spirou Vu par », car toutes ces réinterprétations brouillaient l’identité du personnage (sachant que la série mère manquait de régularité). Il reste encore un ou deux Spirou vu par dont la création a commencé il y a dix ans dans les réserves, mais c’est tout [Hardy et Zidrou, et a priori le projet Stanislas (Spirou sauve le monde )]

Parallèlement, il est annoncé l’arrivée d’une nouvelle collection, intitulée « Spirou Classique », dont les tomes sortiront tous les deux ans, en alternance avec ceux de Spirou & Fantasio :

Aujourd’hui, nous allons publier un album de Spirou dessiné de manière plus classique tous les deux ans, en alternance [avec la série mère]. Pour le moment, dans cette collection Spirou Classique , il y a "La Baie des cochons ", prévu au printemps 2024, qui est l’équivalent d’un « Spirou 14 bis », où les héros feraient une halte à Cuba, entre l’Asie du Prisonnier du Bouddha et l’Ouest de Z comme Zorglub [il s’agit du projet (bien avancé !) DUFAU (avec Cl. Lemoine et M. Baril)], et un autre Spirou développé par Fabrice Tarrin et Lewis Trondheim , prévu pour 2025 ou 2026.

Jim

Dommage j’aimais bien cette collection.

Oui, moi aussi.
Mais à lire Stéphane Beaujean, il semblerait que les lecteurs et les libraires aient été un peu perdus devant l’offre : une série centrale, la série « vu par », Supergroom, Le Journal d’un ingénu
En gros, le franco-belge est en train de devenir aussi compliqué que le comic. Et comme le lecteur franco-belge n’est pas aussi tout-terrain…

Jim