Cristal ! Empire ! Cet étranger tombé du ciel n’a que ces mots à la bouche. Maudit soit l’aéronef avec lequel il s’est écrasé sur nos terres. Est-il seulement ce qu’il prétend être : un scribe ? ne serait-il pas plutôt un espion ? Lapyoza ne peut lui refuser l’hospitalité, il sera donc notre hôte, mais il devra faire sa part :il aidera dans les diverses tâches de la communauté, avant qu’il puisse repartir vers l’Empire. C’est ainsi que Pavil, ordinaire citoyen de l’Empire, se retrouve plongé dans le quotidien de Lapyoza, village perdu d’un archipel battu par les vents. Loin de l’agitation des villes impériales, le scribe observe les rituels qui rythment la vie simple de ces habitants : changer le visage d’un immense totem, glaner de curieux artefacts, les fondre ensemble. Autant de mystères qui guident Pavil, sans cesse, vers cette île interdite, de l’autre côté de la baie ; là d’où viennent les masques ; là où vit celui que personne ne voit, mais que tous vénèrent, Hodä.
Editions 2024
160 pages imprimées en quadrichromie + un pantone
21 x 29 cm / épaisseur 2,5 cm
couverture cartonnée avec marquage bleu turquoise satiné
Fortement conseillé par mon libraire rennais, avant même qu’il ait un prix à Angoul’ (je crois qu’il en a eu un, ou je confonds), j’ai profité d’une séance de dédicace la semaine dernière pour me l’approprier. Et bien m’en a pris. D’abord, parce que Jérémy Perrodeau est quelqu’un de très sympa avec ses lecteurs qui lui posent des questions (dans la vraie vie, je ne sais pas comment il est, hein), et puis surtout, son bouquin est vraiment chouette (et vachement bien maquetté)
Le contexte est expliqué au-dessus, et disons qu’il exprime une sorte d’après-nous, si on continue comme ça (enfin, c’est comme ça que je le comprends). On reste en permanence au sein de cette communauté, Perrodeau ne nous amène jamais du côté de l’Empire. Il invente un tas de choses pour sa communauté, on est vraiment dans la création d’un autre monde, mais qui a des réminiscences du nôtre. L’utilisation du naïf en tant que héros est évidemment adéquate pour le coup. D’autant plus que l’auteur n’est pas avare en scènes et pages faisant découvrir la vie dans cette communauté. Mais c’est vraiment au service du récit, parce que la manière dont est construite l’histoire et là où elle va nous mener forcent à avoir ses passages obligés. La fin va dans un sens qui est complètement en phase avec mon schéma de pensée. Je peux pas en dire plus, mais disons que je pouvais qu’en ressortir ravi. Je serais curieux d’en discuter avec certaines personnes.
Au niveau du dessin, c’est assez difficile à expliquer le style. Ce n’est pas du tout réaliste, c’est plutôt anguleux (dans le sens 90°), mais ça marche vachement bien. Là où c’est épatant, c’est pour les habitats naturels, que ce soit dans l’eau ou la forêt. ça donne des planches magnifiques et qui ont un côté réalistes. Bien plus que ses choix de couleurs qui ont pour but de mettre en avant des choses, d’installer des atmosphères. C’est extrêmement particulier, mais ça fonctionne, parce que c’est tout en maîtrise (je l’ai vu dessiner une maison sur pilotis à main levée sans règle), avec beaucoup de réflexion (3 ans pour faire l’album), et puis, une richesse dans les pages.
Bref, pas déçu !