LEGION (Saisons 1-3)

Chapitre 12 (2018)
Saison 2, épisode 4
Scénaristes : Noah Hawley & Nathaniel Halpern

Après un épisode plus « macro » (s’attardant sur cette contagion psychique, liée au moine albinos et à Amahl Farouk), la série enchaîne avec une épisode cette fois plutôt d’ordre « micro » (en s’attardant sur les problèmes personnels au long cours d’un personnages affecté par ses capacités dès sa naissance, faisant ainsi de cet épisode un miroir du pilote). À tel point qu’il pourrait presque être considéré comme appartenant à la catégorie de ces épisodes « bouteilles », généralement beaucoup moins coûteux à produire puisque confiné à un seul lieu (cet épisode-là met ainsi le holà du côté des effets spéciaux).

Un de ces épisodes « pas de côté » (plus original dans sa configuration que celui de la saison 1 qui revisitait l’hopital Clockworks), favorisant l’étoffement de la caractérisation, et par là même un aspect émotionnel clé, à l’avancée de l’intrigue globale (tout de même impactée à la toute fin). Si la Syd du présent avait jusque-là tendance à être éclipsée par son double du futur (celle avec un bras en moins) durant ce début de saison 2 (en passant le plus clair de son temps à attendre le retour de son homme ou encore à échanger sa place avec celle d’un chat), elle a cette fois droit un épisode conceptuel qui lui est intégralement dédié (via un David qui a cette fois beaucoup plus du mal à atteindre son objectif).

Par le biais d’une belle idée de scénario (la boucle narrative comme moyen de (re)visiter la vie d’un proche en tant qu’observateur invisible, de la naissance jusqu’au présent, dans l’espoir de saisir ce qu’il s’échine à dire et de comprendre ce qui constitue le centre de son existence) et en allant chercher Ellen Kuras (soit la directrice de la photographie du film Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Gondry, justement axé autour d’éléments similaires), cette saison 2 produit-là son meilleur épisode à ce stade.

Au-delà de ses propres qualités, cet épisode assez spécial a une finalité narrative très claire : mettre fin à la distance émotionnelle entre Sydney & David (tangible depuis son retour au bout d’un an), tout en dressant un portrait touchant de ce personnage féminin prédominant, et cela depuis le pilote (ce n’est pas un hasard si cette série se termine sur ces deux-là, là-aussi dans un cadre plus intimiste). Le genre d’épisode « character-driven » que les anglos-saxons ont l’habitude de qualifier de « character study ».

Le cadre du musée est aussi l’occasion de faire référence à la genèse du personnage principal (sa version papier plus précisément), puis l’autoportrait d’Egon Schiele (une très forte influence de Bill Sienkiewicz, le dessinateur des New Mutants) avait justement inspiré le look de David Haller/Légion.