L'ENFER EST POUR LES HÉROS (Don Siegel)

Guerre
Long métrage américain
Réalisé par Don Siegel
Scénarisé par Robert Pirosh et Richard Carr
Avec Steve McQueen, Bobby Darin, Fess Parker, Harry Guardino, Nick Adams, Bob Newhart, James Coburn…
Titre original : Hell is for Heroes
Année de production : 1962

Le scénariste Robert Pirosh a débuté sa carrière au milieu des années 30 (il fit notamment partie des nombreuses plumes qui ont participé à l’élaboration du scénario du Le Magicien d’Oz). Après plusieurs longs métrages (dont Ma Femme est une Sorcière de René Clair), sa filmographie marque le pas dans la deuxième partie des années 40, suite à sa mobilisation après l’entrée en guerre des Etats-Unis. Son expérience sur le front a durablement marqué sa carrière.

Il a ainsi puisé dans ses souvenirs de guerre pour écrire Bastogne (1949), récit semi-autobiographique sur la Bataille des Ardennes pour lequel il a reçu l’Oscar du Meilleur Scénario. Il a ensuite écrit et réalisé Tout ou rien (1951), portrait de soldats nippo-américains qui ont combattu en Europe. Robert Pirosh s’est ensuite diversifié (comédies, drames, aventure, westerns) avant de revenir sur le sujet au début des années 60 avec L’Enfer est pour les héros.

Il était prévu que Pirosh réalise ce qui devait être son sixième passage derrière la caméra…mais suite à de nombreux désaccords avec sa star Steve McQueen, il a préféré claquer la porte pour aller créer la série Combat ! (5 saisons entre 1962 et 1967). Don Siegel (L’Invasion des Profanateurs de Sépultures), qui enchaînait alors les épisodes de séries TV, a été appelé pour reprendre la production au pied levé. Siegel a tenu à procéder à quelques changements, changeant notamment la tonalité de certaines scènes, proches de la comédie noire, pour insister sur le drame.

L’histoire suit une unité de G.I. envoyée en première ligne pour tenir une position stratégique face à un blockhaus allemand. En attendant les renforts, les soldats ne sont qu’une petite dizaine et doivent trouver des solutions pour faire croire aux nazis qu’ils sont plus nombreux. Ce qui occasionne quelques situations qui peuvent paraître absurdes tout en étant inspirées par l’expérience personnelle de Robert Pirosh. Pendant sa première heure, L’Enfer est pour les héros met plus en avant les hommes que les combats tout en réussissant à maintenir une certaine tension, aussi bien à cause de cette menace qui peut se manifester à tout moment qu’au sein des relations entre les soldats américains.

Le personnage interprété par Steve McQueen (qui a les répliques les plus percutantes) est très différent de celui qu’il a ensuite incarné dans La Grande Evasion de John Sturges. Reese est un sous-officier dégradé pour mauvaise conduite, un asocial détesté par presque tous et qui ne s’accomplit vraiment qu’au combat. Il se dit aussi que ce n’était pas vraiment un rôle de composition pour l’acteur qui s’était mis à dos pratiquement tout le monde, un côté renfrogné et détaché gardé pendant la totalité du tournage. À ses côtés, on retrouve une distribution solide, de Fess « Davy Crockett » Parker au comique Bob Newhart (dans son premier rôle au cinéma) en passant par James Coburn (qui venait de jouer avec Steve McQueen dans Les Sept Mercenaires avant de le côtoyer à nouveau dans La Grande Evasion).

Comme Don Siegel l’a déclaré en interview, il « n’aurait pas pu faire un film de guerre sans qu’il soit profondément anti-guerre » et c’est une prise de position qui imprègne le déroulement de L’Enfer est pour les héros. Si le budget modeste est un peu trop visible, principalement à cause de l’emploi très appuyé de stock-shots, Don Siegel a signé un suspense prenant qui culmine avec un assaut impeccablement mis en scène et pas avare en scènes-chocs. C’est aussi le manque d’argent qui a fait que le long métrage se termine de manière abrupte…et cela fonctionne bien car cette incertitude concernant l’issue de la bataille renforce l’aspect dramatique…

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Le Doc, il te répond à une question et 5 minutes après, il t’envoie un article de 5 scrolls.

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Détail amusant, à l’époque une grande partie des spectateurs francophones ne connaissaient pas le vrai prénom de l’interprète du Davy Crockett de Disney. En effet pour l’exploitation de ses films et séries, Fess Parker fut renommé Fier Parker.