REALISATEUR
Roger Corman
SCENARISTES
Charles B. Griffith et Peter Bogdanovich (non crédité)
DISTRIBUTION
Peter Fonda, Nancy Sinatra, Bruce Dern, Diane Ladd…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/action
Titre original : The Wild Angels
Année de production : 1966
Entre 1960 et 1964, le stackhanoviste Roger Corman a réalisé 19 films, dont son célèbre cycle d’adaptations d’Edgar Allan Poe qui font partie du haut du panier de sa filmographie (La Chute de la Maison Usher, Le Masque de la Mort Rouge…). Puis on remarque une pause de deux ans entre La Tombe de Ligeia (dernière entrée du cycle Poe) et Les Anges Sauvages. Un peu fatigué par ce rythme intensif (il finira par lâcher la réalisation après Le Baron Rouge pour se consacrer pleinement à la production et à la distribution) et par les thèmes qu’il abordait, Corman cherchait alors à se renouveler et souhaitait se tourner vers des sujets plus contemporains, plus en phase avec l’émergence de la contreculture. C’est alors qu’il a décidé de consacrer un long métrage aux Hells Angels.
Comme souvent, on peut dire que Roger Corman a eu du nez. Le succès de The Wild Angels (tourné pour moins de 360.000 dollars, il en rapportera plus de 15 millions) a été le déclencheur d’un nouveau sous-genre du cinéma d’exploitation, la bikesploitation, de nombreux producteurs s’engouffrant ainsi dans la brèche (suivront notamment Les Anges de l’Enfer avec John Cassavettes, La Guerre des Anges avec Dennis Hopper ou encore Le Crédo de la Violence pour ne citer que quelques titres).
Bon, je l’avoue, je ne suis pas vraiment fan des films de motards…j’ai même eu du mal à terminer Easy Rider. Il y a des choses qui me gênent, comme cette contradiction entre l’exaltation d’un mode de vie libre (le « We want to be free to do what we want to do » du discours de Blues, le leader des Wild Angels campé par Peter Fonda) et détaché des contraintes de la société et l’omniprésente (et gerbante) imagerie nazie adoptée par les Hells Angels. C’est quelque chose que je ne comprendrais jamais. Au moins, Roger Corman ne cherche pas à glorifier ses personnages, à en donner une version romancée…
Le scénario (crédité au seul Charles B. Griffith, habituel complice de Corman, mais en grande partie réécrit par Peter Bogdanovich, alors ancien journaliste qui faisait « ses armes » à l’« Ecole Roger Corman ») ne déroule pas une intrigue structurée. La recherche d’une moto soi-disant volée par un gang de mexicains déclenche un règlement de comptes interrompu par les policiers, ce qui aboutit à la mort d’un des membres des Angels. Un décès qui va remuer profondément Blues…
Le déroulé du récit est très inégal (deux bonnes scènes d’action, dont une que l’on doit à la seconde équipe dirigée par Peter Bogdanovich, du remplissage ennuyeux peuplé de protagonistes inintéressants) avant un dernier acte nihiliste, une transe orgiaque et destructrice qui créé un certain malaise. En chef des bikers, Peter Fonda joue avec son habituel air détaché. Dans le rôle de sa petite amie, Nancy Sinatra est encore plus inexpressive (et n’a de toute façon pas grand chose à faire). Il y a tout de même de bons seconds rôles, comme Bruce Dern, sa femme Diane Ladd (pour la petite histoire, leur fille Laura Dern a été conçue pendant la production des Anges Sauvages)…et bien entendu l’incontournable Dick Miller a droit à son apparition.
Bref, Les Anges Sauvages n’est pas ce que je préfère dans la filmographie de Roger Corman, qui avait déjà à cette époque livré ses films les plus intéressants en tant que réalisateur.