Hier soir, je me suis lu le premier tome de l’intégrale. Histoire de faire remonter plein de souvenirs.
Car Les Casseurs, j’ai découvert ça dans Tintin à la fin des années 1970. Je ne me souvenais pas des intrigues (parfois tarabiscotées), mais j’avais encore en tête certaines scènes d’action. Notamment celles du deuxième album, « Sabotage à Fort Tempest », qui contient un aplatissage de bagnoles à l’aide d’un char et une poursuite avec une double tête à queue en jeep, que j’avais encore en mémoire.
Le dessin de Denayer, je l’avais également en tête : une approche très réaliste des décors et, bien entendu, des véhicules, et des personnages un peu plus semi-réaliste, lorgnant un brin sur le travail de Dany. Mélange pas désagréable du tout. D’autant que le dessinateur, après avoir commis quelques maladresses narratives dans le premier album, offre une grande lisibilité dans ses suites, sans jamais renoncer aux grandes cases sillonnées de traits de vitesse et adéquates pour les poursuites et les carambolages.
En revanche, j’avais oublié l’écriture de Duchâteau. Dans ma tête, j’associais ce scénariste à un style vieillot, lourd et bavard. Et en fait, dans cette série en tout cas, il est assez alerte, use (et parfois abuse) des ellipses, laisse l’action parler, et signe des dialogues certes un peu surannés, mais très rythmés et assez drôles. Une vraie redécouverte, pour moi, qui dépoussière l’image datée que j’avais de son travail.
Quant aux deux héros, Al et Brock, librement mais clairement inspirés des flics des Rues de San Francisco (et non de Starsky & Hutch, erreur communément admise : si la BD et la série sortent en 1975, les Casseurs précèdent le tandem puisqu’ils paraissent dès janvier), ce sont de vrais fous du volants, impulsifs et sanguins (malgré leurs origines et la différence d’âge, ils sont forts semblables), ce qui compensent leur naïveté chronique : ce ne sont pas des enquêteurs, ce sont des hommes d’action qui foncent là où ça chauffe. Ce qui donne de nombreuses scènes assez marrantes où les deux flics misent tout sur leur instinct.
Bref, une lecture agréable, qui me surprend moi-même : je n’ai que ce tome de l’intégrale et un autre album dépareillé, mais je vais sans doute aller fouiner pour en choper d’autres : c’est de la bonne BD classique, certes datée mais fort agréable à redécouvrir.
Jim