Bon je l’ai vu cette semaine et c’est un bon caca de compétition.
Le film répond très simplement à une question simple : Comment adapter 73 épisodes d’une vingtaine de minutes en un film d’1h30 ?
C’est simple, en faisant n’importe quoi.
Coincé entre l’omnipotence de Kurumada (qui, tel un George Lucas*, veux contrôler une création dont la qualité artistique est due à des artistes qu’il a écarté), les désir d’un studio qui sur-exploite cette franchise à tord et à travers et l’envie de toucher un nouveau public (sur le plan de l’age et de la géographie), le projet était voué à l’échec dès le départ.
On ne sait pas à qui s’adresse ce film. Incompréhensible pour quelqu’un qui ne connait pas du tout cet univers, il devient totalement ridicule pour une personne ayant vu la série d’animation ou lu le manga. Les choix visuels concernant les armures ou des chevaliers ne sont en soi pas franchement détonant mais la durée du film a pour conséquence qu’on est en face de coquille vide. La quasi-totalité des personnages sont des poupées jouant leurs rôles sans qu’on sache pourquoi exactement.
Je suis le héros parce que je suis le héros
Je suis le méchant parce que je suis méchant
Je suis petite chose fragile parce que je suis petite chose fragile**
C’est pas l’adaptation des Chevalier du Zodiaque en fait mais celle de Biouman, le sketch des Inconnus.
Du point de vue techniques il n’y a cependant pas grand chose à dire. Il y a un travail sur le son que j’ai apprécié. On entends bien le poids des armures. J’aime bien le design des différentes maison des Chevaliers d’or et l’idée d’un Sanctuaire dans un lieu hors le temps est bien représenté bien que je n’apprécie pas ce choix. En effet on passe d’un visuel fortement marqué alliant une imagerie mythologique forte et un certain modernisme à un visuel passe-partout (que je trouve influencé par Final Fantasy cela dis j’ai trop laché l’animation japonaise depuis un moment pour être sur de cela. Disons que le final, le look des héros etc etc me font fortement penser à ces jeux)
Le gros échec du film tient à deux choses. Il est impossible de retrouver l’impact dramatique de certains passages car ceux-ci sont construit sur la capacité d’une fiction tv a créer de l’émotion et des moments sur la longueur. Si le combat à mort entre Hyoga et son maître est un des grands moments de la série c’est qu’il est à la fois positionné vers le dernier acte de la grand bataille (Athena étant sur le point de mourir, le Dragon s’est sacrifié) et qu’il est l’aboutissement du cheminement du Chevalier du Cygne (bien que cela soit plus évident dans le manga que dans le DA).
En essayant de le reproduire tel quel dans le film, le réal se tire une balle dans le pieds car rien n’a était préparé en amont. Hyoga est une coquille vide depuis le début, on apprend ses liens avec son adversaire à ce moment etc etc.
Le film est ainsi traversé d’erreurs de ce genre. C’est d’autant plus rageant et dommage que le film laisse entrevoir qu’il aurait pu être bon en osant proposer des choses vraiment nouvelles et différente. Je pense à la façon dont est montrer Shyryu, le conflit générationnel, l’accent sur un Seiya plus canaille etc etc.
A vouloir reprendre l’arc le plus célèbre de la série et à faire des modifications de surface le film devient qu’une espèce de décalque foireux qu’on comparera toujours à l’original. Il aurait mieux fallu faire une histoire différente à la manière des autres films d’animations précédents
L’autre problème majeur du film est à mon sens le plus important car il aurait pu nous permettre d’oublier tous les problèmes cités plus haut s’il avait réussi ce point. Si la série d’animation Saint Seiya reste autan gravé dans les esprits ce n’est pas tant pour son histoire ou ses chevaliers (même s’ils y contribuent) mais surtout pour sa capacité à offrir des moments intense absolument incroyable. La série déborde de moment où la musique de Seiji Yokoyama sublime les visuels d’Araki et les réalisations des différents artistes. Je pense à la colère de Shyryu contre le chevalier du Cancer, au combat entre Hyoga et Camu, à Seiya contre le chevalier du Lion etc etc.
Jamais le film ne propose ne serait-ce que 10 secondes où musique et image se combine pour offrir une sorte de moment de grâce tel que la série nous en offrait.
Ce film est un échec complet. J’en suis pas étonné certes mais c’est dommage tout de même.
- D’ailleurs c’est révélateur, dans ce film le Cosmos est devenu un truc aussi con que la Force version midichloriens des épisodes-caca I, II et III
** La note de Boulet est très pertinente (en plus d’être drôle) : bouletcorp.com/2014/06/13/annecy-46/