LES CONDUCTEURS DU DIABLE (Budd Boetticher)

Guerre
Long métrage américain
Réalisé par Budd Boetticher
Scénarisé par John Michael Hayes, d’après une histoire de Marcy Klauber et William Grady Jr
Avec Jeff Chandler, Alex Nicol, Charles Drake, Sidney Poitier, Jacqueline Duval…
Titre original : The Red Ball Express
Année de production : 1952

Principalement connu pour ses westerns avec Randolph Scott, Budd Boetticher s’est illustré dans plusieurs genres et notamment le film de guerre. C’est d’ailleurs dans ce domaine qu’il a fait ses débuts derrière la caméra en 1942, en mettant en boîte sans être crédité des scènes de deux bisseries de Lew Landers, Submarine Raider et U-Boat Prisoner. C’est ainsi qu’il a appris son métier et dès 1944, il a pu réaliser en solo en enchaînant cinq polars en deux ans pour le compte de la Columbia. Son film de guerre suivant fut The Red Ball Express (à préférer au titre français Les Conducteurs du Diable) en 1952, sur un sujet rarement traité à l’écran.

Le Red Ball Express a véritablement existé. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’agissait d’un important système de convoyage routier établi par les forces alliées pour transporter des vivres, des munitions et une grande quantité de carburant afin d’alimenter régulièrement les divisions sur le théâtre des opérations. Le trafic était ininterrompu et la fatigue était l’une des principales causes d’accident, élément que l’on retrouve dans les péripéties du scénario des Conducteurs du Diable.

D’après les informations disponibles, environ 75% des chauffeurs du Red Ball Express étaient afro-américains, soldats qui étaient le plus souvent incorporés dans des unités de soutien à cause de la ségrégation. C’est un aspect qui aurait pu prendre plus d’importance à l’élaboration du projet mais le Département de la Défense a insisté pour que cela soit atténué afin de mettre l’accent sur un angle plus positif. D’après Budd Boetticher, l’armée ne voulait pas que le public sache que les chauffeurs étaient sacrifiables…qu’importe si une partie du convoi n’arrivait pas à destination tant qu’il restait assez de camions pour sauver les tanks du général Patton.

S’il y a finalement peu de soldat noirs au sein du Red Ball Express cinématographique, la question du racisme est tout de même évoquée à travers le personnage interprété par un Sidney Poitier alors en début de carrière. Le film en fait une illustration par les tensions qui se dégagent de certaines interactions, dont l’une qui se termine en baston…cela ne dure pas et les épreuves finissent par rapprocher les hommes. L’histoire se concentre alors sur l’antagonisme plus classique entre les deux hauts gradés du Red Ball Express, divisés par leur expérience passée.

Le petit budget des Conducteurs du Diable fait que Budd Boetticher a du utiliser des images d’archives pour faire le lien entre les scènes, ce qui donne un petit côté documentaire à l’ensemble. Le scénario fait un bon dosage entre légèreté et moments plus intenses comme les attaques allemandes sur le chemin du convoi et le très bon final, traversée dantesque d’un village en proie aux flammes. La réalisation de Boetticher est aussi solide que sur ses westerns et comme à son habitude il sait bien tirer parti des moyens modestes à sa disposition pour fignoler une bonne petite série B guerrière.

En tête d’affiche des Conducteurs du Diable, on retrouve l’athlétique Jeff Chandler (Le Salaire du Diable), l’un des acteurs les plus populaires des années 50, remarqué grâce à son rôle de Cochise dans La Flèche Brisée de Delmer Daves au début de la décennie. Il a ensuite enchaîné les tournages, jusqu’à cinq ou six par ans, et sa carrière fut stoppée net en 1961 suite à son décès à cause d’une erreur médicale.

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