Tiens, j’en profite pour remettre l’une de mes chroniques (héhé : je ne jette rien !), au sujet de la couverture de X-Factor #1.
X-FACTOR
Couverture collector !
Il y a quelque temps, je songeais à une conversation que j’avais eue avec Walt Simonson, par mail. Je me suis demandé un moment si j’avais encore le fichier, parce que ça constituerait une chouette chronique dans « Viens dans mon comic strip ». Encore fallait-il que je retrouve une trace de cela.
Fort heureusement, j’avais conservé un fichier. Je me souviens que je destinais l’information à un petit article, type encadré, dans un dossier « Mutants » à destination soit de Scarce soit de SWOF, dossier qui, me semble-t-il, n’a jamais vu le jour, pour des raisons qui m’échappent (purée, quand je cause comme ça, j’ai l’impression d’être Stan Lee…). Bien entendu, entre-temps, j’avais changé d’ordi, et réenregistré sous lesdits fichiers, afin d’updater les dossiers. Comme j’ai la flemme d’aller fouiner dans les vieilles disquettes, j’ai rouvert le fichier que j’avais à portée de main, pour constater que j’avais été assez bête pour ne pas y copier-coller la date de l’e-mail échangé.
Dans la conversation échangée avec Simonson, je précise que je bosse sur l’ Encyclopédie X-Men publiée par Semic. Le bouquin étant daté d’avril 2003, je suppose que l’échange a eu lieu vers la fin 2002, sans guère de précision.
Tout tourna autour de la page 83 de ladite encyclopédie, reproduisant la couverture de X-Factor #1. Celle-ci est célèbre, dessinée par Walt Simonson et encrée par Joe Rubinstein. Sauf que les lecteurs de Spidey #88, chez Lug, savent pourtant que la couverture a été dessinée et encrée par Walt Simonson seul.
Étonné par cette énigme, je demande à l’intéressé. Laissons-le nous expliquer avec ses propres mots :
Actually, the answer is slightly more complicated than yes it is; no it isn’t. I haven’t seen the Ultimate X-Men Guide and I don’t know what version they’re showing (if any) but here’s the deal with that cover back at the beginning (as I remember it, of course).
At the time X-Factor #1 was being published, there was some rethinking of that cover. I seem to recall that Jackson Guise (who I believe drew the insides of the issue) did at least one version and possibly two versions for the comic, both of which were ultimately rejected by Jim Shooter, then editor-in-chief. At that point, Mike Carlin, editor of the book, asked me to do the cover. I drew a shot of the team running towards the viewer. I don’t think I saw Jackson’s covers at the time. My cover was colored and sent to the printer; I think Jim was out of town just then. However, a copy of the cover that was about to be printed was sent to him and he had it pulled back from the printer. He didn’t like my inks and had my cover reinked on an overlay by Joe Rubinstein whose work Jim preferred.
Joe reinked my cover altering the drawing slightly, particularly with regard to the Jean Grey figure and adding more ‹ points › to the flames in the background, but overall, it was pretty similar to what I had done. He signed that version of the cover ‘S/R’ somewhere down towards the bottom I think. And that’s the version that was printed over here.
However, some time later, I was sent an overseas reprint of X-Factor #1 in a sort of digest format–maybe from France although now I can’t remember for sure–and I was amused to see that the foreign reprint was in fact published using my original unaltered cover. I may have signed it somewhere although I don’t remember that for certain. But it was clearly the cover I had inked. When Marvel printed stuff back then, photostats of the original art were made at the time the stuff was being sent to the printer and put in Marvel’s files to be a master for whatever foreign companies needed copies for overseas reprinting. Apparently, by the time Jim called my original back from the printer to be reinked, a copy had already been made of my unaltered cover and filed.
I don’t know if a copy of my original drawing remained on file at Marvel over the long haul or not but I know that at least once, somewhere overseas, X-Factor #1 was published with my unaltered cover on it. But the American version has the Joe Rubinstein-inked version on the cover.
Hope that was all clear.
Pour les non anglophones, je vais me permettre de retranscrire les propos de Walt. Ce sera l’occasion pour vous de constater mes talents de traducteurs, mais ne vous moquez pas trop fort, si ça se trouve, des clients à moi lisent la chronique :
En fait, la réponse est un peu plus compliquée qu’un simple oui ou non. Je n’ai pas vu cet Ultimate X-Men Guide et je ne sais pas quelle version ils montrent, mais voici comment ça s’est passé à l’origine (pour autant que je me rappelle).
À l’époque de la publication de X-Factor #1, il y a eu beaucoup de réflexion autour de cette couverture. Je crois me rappeler que Jackson Guice (qui dessinait l’intérieur, il me semble), a proposé une ou deux versions de la couverture, qui ont été rejetées par Jim Shooter, alors rédacteur en chef. Alors, Mike Carlin, responsable éditorial du titre, m’a demandé de dessiner l’illustration. J’ai représenté l’équipe courant vers le lecteur. Je crois que je n’avais pas vu les couvertures de Jackson à l’époque. Ma couverture a été colorisée puis envoyée chez l’imprimeur, et il me semble que Jim était absent à ce moment. Toujours est-il qu’une copie de la couverture qui était chez l’imprimeur lui a été envoyée, mais il a demandé à l’imprimeur de ne pas l’utiliser. Il n’aimait pas mon encrage et il a demandé à Joe Rubinstein, dont il préférait l’encrage, de réencrer sur un calque.
Joe a légèrement changé le dessin, notamment en ce concerne la silhouette de Jean Grey, et il a ajouté quelques « pointes » aux flammes dans l’arrière-plan, mais cela restait en gros très proche de ce que j’avais fait. Il a signé cette version d’un « S/R » quelque part dans le bas de l’image, je crois. Et c’est cette version qui a été imprimée.
Cependant, quelque temps plus tard, j’ai reçu un exemplaire d’une édition étrangère de X-Factor #1, dans une sorte de compilation, peut-être française, mais je ne m’en souviens plus très bien. Et j’ai trouvé amusant de constater que cette édition étrangère utilisait ma version originale, sans modifications. Je l’ai peut-être signée, quoique je n’en sois pas sûr. Mais c’est clairement la version que j’avais encrée. À l’époque, quand Marvel imprimait quelque chose, des copies du matériel original, des « photostats », étaient fabriquées au moment de l’envoi chez l’imprimeur, puis rangées dans les archives de Marvel afin de servir de master pour fabriquer le matériel d’impression dont les éditeurs étrangers pourraient avoir besoin. Apparemment, avant que Jim ne rappelle mon illustration originale de chez l’imprimeur, une copie de ma première illustration avait déjà été faite et rangé dans les fichiers de Marvel.
Je ne sais pas si une copie de mon dessin original a été conservée depuis tout ce temps chez Marvel, mais je sais qu’au moins une fois, quelque part à l’étranger, X-Factor #1 a été publié avec ma couverture sans les modifications. Et l’édition américaine est illustrée avec la couverture encrée par Joe Rubinstein.
J’espère que j’ai été clair.
On ne peut plus clair, selon moi. Et ce qui est clair, c’est que les heureux propriétaires de Spidey #88, édité par Lug en mai 1987, possèdent un collector évident (que nous vous offrons ici en bonne résolution, histoire de flatter vos yeux d’esthètes) orné d’une couverture originale de Walt Simonson que les lecteurs américains ne connaissent pas.
Cependant, ils sont au courant. En mai 2013, l’excellent scannblog Marvel Comics of the 1980s s’est penché sur le sujet, ici. L’auteur a rassemblé les différentes traces qu’il a pu trouver sur la toile de la création de cette couverture, reproduisant notamment les essais de Jackson Guice (l’un d’eux connaîtra même les honneurs d’une recherche couleurs). Il s’avère qu’il en a dessiné au moins trois, reprenant même le principe de composition de l’une d’elles à l’occasion d’une impression couleur éditée en 1986 (ce n’est donc pas trois, mais quatre illustrations que nous vous offrons pour votre plus grand plaisir).
Autre étrangeté, il semble que la couverture de Simonson encrée par Rubinstein soit signée… Simonson. En effet, le dessinateur n’a pas pour habitude de signer ce qui est encré par quelqu’un d’autre. Rubinstein se serait-il amusé à contrefaire la signature de Simonson, peut-être par ironie ? En tout cas, le paraphe disparaît de la couverture officielle américaine, ainsi que de la couverture de Spidey #88, où il a été proprement effacé.
Étrange affaire, décidément, que celle de cette couverture aux multiples visages.
Jean-Marc Lainé
Ce n’est donc pas tout à fait une couverture non publiée, mais au moins une version non officielle ressortie par la grâce des aléas de la production.
Et donc, les images :
Jim
PS : une pub liée au lancement de cette série :
Merci pour tous ces partages ! C’est passionnant ! (et merci pour la traduction ! )
Oui, merci Jim. Excellente, cette histoire, à tout point de vue.
Pour ceux qui ont l’encyclo, prenez une loupe quand même.
En plus il faut se souvenir que la série au départ a été pensée avec Dazzler en cinquième membre… avant que Busiek ne donne à Stern et Byrne, l idée pour ramener Jean Grey sans que Shooter n’y mette son véto.
Je n’ai pas posé la question dans le sujet consacré aux pitch déboutés, mais ce n’est pas Byrne qui voulait que Grey meurent à la fin de la saga du Phénix Noir ?
La fin de la Dark Phoenix Saga (1980)
Sujet plus connu!
Shooter se rendit compte à la lecture des épreuves de Uncanny 135 qu’on lui avait caché que Phenix allait détruire des mondes habités.
La fin alors prévue que Jean Grey perdrait ses pouvoirs (après une sorte de lobotomie) et que les Shiars la laisserait « à la garde » des X-Men ne lui convenait plus. Elle devait payer pour ses crimes.
Byrne voyait ca plus comme une possession façon exorciste mais avoua que cela pouvait ne pas être clair pour les lecteurs.
Shooter proposa de l’enfermer mais Claremont répondit que cela n’était pas possible car les X-Men essaieraient alors constamment de la libérer… il dit « tuons la »… Shooter pensa à un bluff.
L’ambiance des réunions de travail Marvel :
De rien. Je n’ai fait que ressortir le texte.
Et j’ai vérifié, le lien est toujours bon.
Je n’ai même pas pris le temps d’aller regarder dans l’encyclo, tiens.
Il y a des chances que j’aie bossé dessus à partir de PDF : sur écran, les images, sur lesquelles on peut zoomer, paraissent toujours plus grandes qu’en réalité.
Jim
Je l’ai fait pour toi. j’avais peur que tu t’abîmes les yeux.
Mais Byrne voulait absolument tuer Grey, non ?
Apres la decision de Shooter qu’elles doivent payer! Peut etre. Mais c est là toute la question Shooter voulait que le responsable paie… il était pas convaincu par la possession.
Donc si Jean Grey revenait, elle devait payer… sauf si Phenix n etait pas elle.
Donc que Byrne préfère qu elle meure plutot qu etre enfermé… surement. Mais lui et Claremont au départ voulait qu’elle s en sorte.
Ah bah j’ai confondu avec Shooter alors.
Je croyais que le Phénix était une des raisons de la brouille entre Claremont et Byrne.
Ne va pas dire à Byrne que tu l’as confondu avec Shooter.
En fait, d’après Byrne (où ai-je lu ça, sais plus ?), la goutte d’eau qui a mis le feu aux poudres, comme on dit, c’est cette planche, extraite d’Uncanny X-Men #140 (deuxième partie de l’aventure au Canada, autrement dit tout proche du départ de Byrne) :
Quand il l’a dessinée, il a envisagé que Piotr extirpe la souche sans broncher. Parce que le jeune héros russe est super fort et qu’il s’épanouit sans forcer à exercer un travail de la terre. Et Byrne n’a pas apprécié que le texte de Claremont (la bulle de Piotr laisse entendre qu’il s’énerve, ce que confirme l’expression « his duel with an old, withered tree stump ») fasse penser que le héros russe doive lutter. Pour lui, c’est la goutte de trop dans un flot de petites divergences, le détail devenu insupportable à force d’accumulation. Il explique qu’il n’apprécie pas la manière qu’a Claremont de faire parler les personnages, et qu’il y a toujours un écart entre ce qui est suggéré dans le script et ce qui est concrétisé dans les planches lettrées. En gros, Byrne finissait par se rendre compte que lui et son scénariste avaient deux visions du groupe, de plus en plus éloignées.
Apparemment, c’est en voyant la version publiée (ou simplement lettrée) qu’il a décidé de quitter la série (je penche d’ailleurs pour l’étape du lettrage, parce que sinon, ça ferait un peu court, comme délai). Cela dit, on peut imaginer une certaine panique éditoriale : ils convoquent Brent Anderson, qui a peur de dessiner une série de groupe, puis ils se rabattent sur Cockrum, dont le retour sur la série semble un peu l’aveu d’échec à trouver un successeur à Byrne, d’autant que Cockrum n’a pas non plus la même vision du Hellfire Club, au point qu’il ne dessinera pas les deux épisodes consacrés à ce groupe ennemi…
Quant à Byrne, j’ai toujours vu cette séquence d’intro de Superman #8 comme une réponse à la fameuse séquence litigieuse (même place dans le chemin de fer, cadrage voisin…), où il peut enfin dessiner un super-plouc à sa convenance.
Jim
Alors c’est pas ça que j’ai lu, parce que je l’apprends. Cela dit, je suis d’accord avec Byrne sur la manière de voir le perso.
Le souci est que c est beaucoup de choses et que cette page est la goute d eau car c est la première page.
Jusque là il s enervait sur des faits que le dialogue change son plot en cours d episodes… là ce tait au départ.
Une chose qui a aussi énervé Byrne c est que Kitty Pryde est une création qu il a proposé.
Il partira des xmen car il ne voyait pas les personnages de la même façon que Claremont. Un exemple qu’il donne dans les années 80 dans les X-Men Companion publiés par Fantagraphics, c 'est sur Kitty.
Il la voyait comme une fille « normale » alors que rapidement Claremont en fait une génie de l’informatique. Pour Byrne, ses pouvoirs étaient différends de Vision, elle devait rendre les objets intangibles et non l’être elle-même.
Et l’ensemble des planches originales : Who Created The Amazing Spider-Man? Amazing Fantasy #15 - The Complete Original Art
Celle de Quitely est géniale !! Elle raconte quelque chose ! Contrairement à celle de VonSciver…