LES FUTURS DE LIU CIXIN - L'ÈRE DES ANGES (Sylvain Runberg / Ma Yi)

Le récit est traversé par des thèmes qu’on a déjà vus précédemment dans cette collection. On y retrouve la figure du jeune héros traumatisé, qui entretient un rêve, suit des études et trouve des solutions scientifiques à des problèmes mondiaux (la famine, ici encore…), l’obsession technophile, les enjeux géopolitique…

Pour qui a suivi la collection, il y a donc des thèmes transversaux qui rappelleront Pour que respire le désert ou Brouillage intégral, entre autres. On retrouve aussi cette vision idéalisée de la science comme porteuse de malheurs, peut-être, mais comme source de solutions également. Cela conduit bien entendu à une technophilie un peu aveugle, immodérément enthousiaste.

Avec cette ambivalence sensible aux yeux européens et propre à l’auteur, écrivain salué par le pouvoir chinois et dont les récits, en tout cas dans ces adaptations, témoignent bien de sa vision sinocentrique : les héros sont ici des Africains dans un discours anti-colonialiste et anti-interventionniste un peu biaisé, et les opposants sont composés d’une armée d’Occidentaux qui cherchent surtout à mettre la main sur des avancées scientifiques qu’ils comptent transformer en avantages stratégiques. Un brin simpliste, sous les apparences d’une complexité géo-politique futuriste.

L’intrigue, adaptée par Sylvain Runberg et Ma Yi, trouve tout de même le moyen de bien mettre en scène l’hypocrisie politique (et la dissonance entre les discours) d’un Occident qui se cache derrière l’éthique afin de refuser l’avancée proposée par un pays ravagé par la guerre civile. Et surtout la fin, qui projette le récit dans l’avenir possible lié aux conséquences de la découverte, propose un futur radieux, un lendemain qui chante, et pour le coup une véritable fin humaniste et souriante. Qui rattrape un peu la dialectique facile du cœur de l’album.

La « post-production » de l’album montre quelques faiblesses. Relecture approximative, fautes de frappe, répétition, corrections mal appliquées, ça sent le check rapidement expédié ou le manque de temps, phénomène qu’on observe parfois sur ce genre de collection thématique, dont les derniers albums s’avèrent moins soignés que les premiers.

Jim