La passion de Yuanyuan pour les bulles de savon irritait son père depuis toujours. Lui qui avait voué sa vie à la protection de la Cité de la Route de la Soie contre une désertification galopante, ne pouvait admettre son goût pour la légèreté. Oublierait-il que nombre de d’avancées scientifiques naissent d’une idée fantaisiste, jaillissent d’esprits originaux et créatifs ?
Lauréat du prix Hugo, Liu Cixin est l’écrivain de science-fiction le plus populaire de Chine. Ses oeuvres sont adaptées en BD par un casting d’auteurs internationaux dans une nouvelle série : Les Futurs de Liu Cixin.
Si ils me font une adaptation du problème à trois corps notamment le dernier c’est achat sûr. Pour une fois qu’une trilogie finie encore mieux qu’elle ne commence!
Deuxième tome de la collection des « Futurs de Liu Cixin », Pour que respire le désert est un récit à connotation bien évidemment écologique (trouver une solution à la désertification et donc à l’exode des populations) à travers le portrait de Yuanyuan, une gamine qui est encore un bambin dans la première page.
C’est un point commun avec le tome précédent : le récit commence avec l’enfance du protagoniste principal, c’est donc à la fois une intrigue de science-fiction et un destin que nous sommes appelés à lire. On suit donc la petite, fille de deux scientifiques, sa mère étant une inventrice cherchant à ensemencer le désert tandis que son père est davantage versé dans l’action politique, au point de devenir le maire d’une de ces cités menacées par le désert. On suit la fille et le père durant les années qui suivront le décès de la mère (dans une ingénieuse et touchante séquence presque muette), la gamine conservant une obsession pour les bulles de savons qui l’émerveillaient durant l’enfance.
C’est pas mal du tout. Le dessin de Steven Dupré, dont je ne connais pas vraiment le travail, est plutôt agréable, très narratif. Il parvient à tenir ses personnages malgré les années qui passent, et à leur conserver leurs caractéristiques. Son dessin est nettement moins spectaculaire que celui de Stefano Raffaele, et la page dépliante que l’on trouve dans l’album est moins étourdissante. Mais c’est suivre Yuanyuan et son père qui constitue l’ossature du récit, le sel de l’histoire.
Il est d’ailleurs assez étonnant de constater que, dans une intrigue traitant d’un problème mondial (donc collectif) et dans un environnement chinois, où l’étatique revêt une telle importance, le récit mette ainsi en scène une personnalité indépendante, qualifiée d’égoïste dans les dialogues, avec une tonalité aussi positive. Je serais curieux de savoir si c’est déjà dans le texte d’origine. Plus intriguant, le récit lui-même met en scène une solution technologique à un problème écologique que nous savons provoqué par l’activité de l’homme (via la technologie). L’histoire n’évoque pas les causes de la désertification, et donc nous avons un personnage qui trouve une solution (pérenne ou provisoire ? à voir…) par la technologie. De l’espoir et pas de résignation, c’est bien, mais ça témoigne aussi d’une foi dans l’inventivité humaine qui peut être lue comme une fuite en avant. Ce serait sans doute la lecture faite par un esprit chagrin, ce n’est pas celle de l’album. Mais force est de constater que l’attrait du merveilleux dans cette histoire permet d’éviter les interrogations purement écologiques liées au problème.