LES QUATRE FANTASTIQUES PAR JOHN BYRNE t.1-2

Exact. Dans Uncanny X-Men 167 dans lequel Lilandra débarque sans prévenir dans la chambre des Richards en pleine nuit. Toujours le chic pour venir faire chier le monde celle-là

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« Childhood’s End », à la base, c’était pour moi un titre du groupe Iron Maiden issu de l’album « Fear Of The Dark », puis un morceau de Pink Floyd (sur « Obscured By Clouds »), et enfin le titre original d’un fantastique roman d’Arthur C. Clarke, « Les Enfants d’Icare ». Mais c’est aussi le titre du numéro 245 des FF. Et c’est certainement l’un des épisodes les plus bizarres de toute la saga…
Il y a certes cette péripétie centrale, assez atypique, avec le réveil des immenses pouvoirs du petit Franklin, qui se transforme mystérieusement en adulte hirsute et un brin paumé (et tout-puissant, aussi). A la rigueur, cette figure d’homme-enfant surpuissant, on pourrait la considérer comme pas si inédite ; comme ça spontanément, on pense à Wundarr/Aquarian, création du givré Steve Gerber. Mais c’est tout le scénario de Byrne pour cet épisode qui est un peu étrange.
Il y a notamment une sorte de changement de focus tout au long de l’épisode : on pense initialement que l’épisode sera centrée sur Sue, pour ensuite se concentrer sur Franklin, et enfin sur la dernière ligne droite c’est plutôt Ben Grimm qui est au centre des enjeux. Un choix étonnant, pour le moins.
Pour ce qui concerne l’entame de l’épisode, Byrne a l’air de vouloir régler le cas d’une vieille critique (pas infondée pourtant) adressée au titre depuis ses origines : la faiblesse de l’écriture de Sue Storm, héroïne ravalée au rang de « demoiselle en détresse », quand elle n’encaissait pas sans rien dire les remarques parfois un brin misogynes de son génial mari. Même si les choses auront évoluées avec le temps, il faudra précisément attendre le run de Byrne pour que le personnage prenne toute sa mesure. Sa « défense » n’en est pas moins un brin maladroite, sans compter que Byrne utilise pour véhicule de son propos une présentatrice télé présentée comme une harpie pure et simple. Barbara Walker est un avatar transparent de Barbara Walters, journaliste star des médias américains, que j’avoue ne pas connaître ; et même si ce modèle ne semble pas des plus sympathiques (elle a dit un paquet de conneries au cours de sa carrière, semblerait-il), Byrne charge bien la mule. Tout cela reste un peu anecdotique.
Les choses sérieuses commencent quand l’ampleur des pouvoirs de Franklin se manifeste de la plus saugrenue des manières. « Justifiée » narrativement (le corps de Franklin s’adapte à sa puissance), ça reste un rebondissement surprenant et plutôt efficace (sur lequel reviendra Steve Englehart à la fin de son propre run, si je ne dis pas de bêtises, période "rêves dans un caisson cryogénique). Mais là où l’idée perd de sa force, c’est qu’elle ne semble au final qu’un prétexte à la dernière ligne droite de l’épisode, concernant la Chose cette fois, qui retrouve à la faveur de l’intervention du Franklin adulte son apparence rocailleuse « classique » (le retour à sa forme initiale n’aura finalement pas duré si longtemps ; je me demande si c’était une exigence du staff éditorial…). Et Red de deviner ce que le lecteur savait depuis quelques épisodes déjà (rendant l’explication finale redondante avec les développements antérieurs) : Ben a peur qu’Alicia ne l’aime qu’en tant que « Chose », bloquant inconsciemment toute tentative de « guérison ». En plus de le faire un tantinet passer pour un benêt plus lent à la comprenette que les lecteurs, ce choix semble dédouaner trop facilement le chef des FF de ses échecs passés en la matière. Or, j’aime bien les héros qui ont des échecs à leur actif, ça rendait Red humain (il était intéressant de le voir désespéré à ce sujet quelques épisodes auparavant).
Vraiment un épisode étrange, avec du potentiel mais très imparfait dans sa conception. Bon, c’est toujours aussi bien dessiné, ça on ne peut pas l’enlever à Byrne !!!

L’épisode suivant, le 246, est beaucoup plus simple, direct et sans fioritures. Bardé d’action jusqu’à ras la gueule, c’est la première partie d’un two-parter intéressant… jusque dans ses défauts.
Fatalis échappe une énième fois à un sort funeste en apparence inéluctable. Le vilain avait connu pire en fait, mais on notera quand même que Byrne prend un soin particulier à « rationnaliser » ce retour et à en montrer la moindre étape, ce qui lui ressemble bien. On notera d’ailleurs qu’entre l’épisode à Liddleville et celui-là, Fatalis (ainsi que le Maître des Maléfices) était apparu, dans cet environnement miniature, au sein d’un épisode des Micronautes : plutôt judicieux, comme idée.
L’épisode fait la part belle aux fameux doubles robotiques de Fatalis (tradition du titre, dès FF 5), ce qui permet à Byrne de réaliser une opération d’isolement de chacun des FF : en gros, il réalise à l’échelle d’un épisode l’idée qui court depuis le début de son run, consistant à se focaliser à tour de rôle sur un des protagonistes (il n’est évidemment pas le premier à tenter ce truc, sans même tenir compte des titres « solo » comme « Marvel Two-In-One », mais il systématise quand même un peu plus le procédé). Ce qui rend le découpage de l’épisode assez singulier, et plutôt fun (Byrne à ce moment-là commence à avoir des idées d’expérimentation formelle qui le démange), mais l’épisode sert avant à mettre en place l’épisode suivant, resté assez fameux.

Dans un contre-pied intéressant, Fatalis exige des FF (plus qu’il ne leur demande) qu’il l’aide à restaurer son règne sur la Latvérie. Et les FF, un brin hésitants tout au long de l’épisode quand même, de s’exécuter. Si l’épisode est super cool, principalement du fait de la caractérisation de Fatalis (j’y reviens), farci de chouettes séquences d’action et de moments forts (la première apparition de Kristoff et la mort de sa mère, l’ellipse finale tellement parlante quant au sort de Zorba l’usurpateur), il est quand même étrange sur le plan « idéologique ». Encore une fois (on avait évoqué cette idée en causant des primitifs Alpha, sur l’épisode « Exodus »), Byrne semble sous-entendre qu’une servitude confortable vaut bien mieux qu’une liberté difficile. Etrange, non ? Bien sûr, l’auteur a conscience du caractère « dérangeant » de son concept, et il joue de ce trouble. Mais il se rend aussi la tâche bien commode en simplifiant à l’extrême les termes du dilemme, puisque Zorba est dépeint sans finesse comme un tyran pire que le bon Docteur. Un peu « how convenient » sur les bords…
L’épisode est quand même jouissif : s’il ne fait que commencer à faire le job, Byrne est en train de délimiter les contours de « son » Fatalis : si celui-ci a toujours été dépeint comme un vilain atypique, c’était parfois plus une déclaration d’intention qu’une idée très porteuse vraiment mise en oeuvre. C’est finalement Lee et Kirby qui auront été le plus loin en la matière (avant Byrne et Stern) ; pour le reste, Fatalis s’est souvent vu représenté comme un vilain très lambda. C’est bien simple : Byrne voit le perso comme un archétype, le « vilain complexe », et il pense même qu’il en est le seul exemplaire. Il avait même moqué le traitement claremontien (entendre : nuancé) d’un perso comme Magneto, car Byrne le voyait comme un vilain de base. Pour lui, Claremont prenait Magnéto pour Fatalis… mais il n’y a qu’un Fatalis.
Et force est de constater que le bougre sait y faire. Il y a un gouffre entre le Fatalis terriblement old-school (même s’il y avait déjà l’intermède au piano, et cette relation particulière à Sue…) de l’épisode à Liddleville et ce Fatalis-ci, très classe et étonnamment proche de ses sujets.
En fait, l’épisode est emblématique de la démarche de Byrne : en apparence, Byrne effectue un rétropédalage vers le feeling séminal du run Lee/Kirby (jusqu’à l’absurde, avec cette représentation complètement folklorique d’un Pays d’Europe centrale vu d’un point de vue américano-centré), mais au fond, sur des persos aussi cruciaux que Fatalis, Galactus et évidemment les FF eux-mêmes, il fait avancer les choses et imprime sa marque. Et pas qu’un peu. Et encore, à ce stade, on avait pas encore eu droit à l’incroyable numéro 258, consacré intégralement au souverain latvérien.

Prochain épisode : Superman s’invite dans le titre, eh oui !!!

Superman ou Clark Kent ?

C’est encore un comics bien chronique Photo.

Clark Kent est apparu dans le titre ?
Je pensais évidemment (et tu le sais très bien, vil gredin) à Gladiator, décalque (même s’il y en a d’autres : Hypérion, Wundarr…) Marvel du Kryptonien de DC.

Merci, Kab !! :slight_smile:

Ouf ! J’ai craint le pire, quand même. J’ai de grosses lacunes en FF.

Il me semble que c’est surtout que Byrne a vite regretté son choix (le look initial de la Chose est plus chiant à dessiner avec tout ces traits alors que son look habituel est plus simple et donc plus rapide à représenter).

Ah c’est ça tout simplement ? OK. Je me demandais si Byrne ne préférait pas purement et simplement le look « peau de dinosaure » (comme il dit lui-même). Tu citais d’ailleurs plus haut ses propos où il disait qu’il lui semblait que la Chose s’était trop « nounoursisé » dans les seventies. Je vois ce qu’il veut dire par là, mais ça ne m’a jamais gêné…

FF 538.

Il est même méconnaissable par rapport à la version Wolfman (mais Moench avait déjà amorcé les prémisses de la tournure amère de son règne dans un Annual).

Ah oui !! C’est vrai.

De rien. C’est vrai.

Complètement méconnaissable, je trouve aussi. Et encore une fois, je trouve ça trop commode. Quitte à titiller le sens moral du lecteur, Byrne aurait pu dépeindre un Zorba sincèrement convaincu de bien agir, mais se plantant dans les grandes largeurs et devenant une menace pour son peuple. Là, c’est juste un maboule génocidaire, quoi. Le choix est vite fait.

FANTASTIC FOUR #249 – It began as a debate in the pages of the Comics Buyers Guide, an argument among fans concerning the manner in which Superman’s powers worked. Creator John Byrne insisted that many of the Man of Steel’s powers had to be psionic in nature, because his many feats so defied the laws of physics, such as lifting a building by one corner and the structure not falling apart under its own weight. Nobody won that debate, of course–but inspired by it, Byrne produced this issue of FANTASTIC FOUR, in which the cosmic-irradiated foursome are attacked by Gladiator of the Shi’ar Imperial Guard, whom they’re eventually able to defeat by deducing that his powers are partially psionic in nature and tied to his own belief in their potency. Not too long afterwards, Byrne was able to subtly include the same sorts of attributes into his rebooted version of the actual Superman–and he also did a homage to his own cover for this issue on a later SUPERMAN release, substituting similar members of the Legion of Super-Heroes for the FF characters, and Superman himself for Gladiator.

Au départ Gladiator est plus Mon-El, il me semble (on chipote, on chipote)

Non non, tu ne chipotes pas : tu as tout à fait raison, compte-tenu du fait qu’à l’instar de l’Escadron Suprême/Sinistre pour la JLA, la Garde Impériale était à l’origine un décalque/pastiche de la Légion des super-héros. Donc Gladiator était bien un analogue de Mon-El à la base. Mais entre le choix du nom (qui renvoie aux origines mêmes du concept de Superman) et l’utilisation qu’en fera Byrne dans les FF, il est clair que le perso a évolué vers un pastiche de Supeman (ce dont son véritable nom, Kallark, atteste ; un mélange entre Kal (El) et Clark (Kent)).

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Et Mon-El est déjà une forme de copie/dérivée de Superman au sein de DC, et rappelons que Kal-El a été membre de la Legion en tant que Superboy : la comparaison avec l’Homme d’acier fait donc bien sens pour Gladiator !

Purée, je n’avais jamais tilté. Merci !

Bis