REALISATEUR
Fred F. Sears
SCENARISTES
Georges W. Yates et Bernard Gordon, d’après une histoire de Curt Siodmak inspirée par le livre de Donald Keyhoe, Flying sauvers from outer space
DISTRIBUTION
Hugh Marlowe, Joan Taylor, Morris Ankrum, Thomas Browne Henry…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Earth vs the flying saucers
Année de production : 1956
Fait unique dans sa carrière, Ray Harryhausen est crédité au générique de deux longs métrages en 1956. The Animal World est un documentaire écrit et réalisé par Irwin Allen, le futur producteur de films catastrophes comme L’Aventure du Poséidon et La Tour Infernale, dont le but était de montrer la progression de la vie animale au fil des siècles (mais sans utiliser le mot « évolution » à ce qu’il paraît, pour ne pas froisser les religieux). Pour les besoins d’une séquence d’ouverture impliquant des dinosaures, Irwin Allen engagea Willis O’Brien (Le Monde Perdu, King Kong…), mais devant le court délai imposé par la production, O’Brien recruta Ray Harryhausen comme assistant pour l’animation image par image. Ces 8 minutes, qui représentent le premier travail en couleur de Harryhausen, sont considérées comme la meilleure partie d’un documentaire aujourd’hui oublié. Les plus curieux peuvent retrouver ce segment ici.
1956 est également l’année des Soucoupes volantes attaquent, qui représenta un véritable challenge pour le spécialiste des effets spéciaux : pour la première (et unique) fois, Ray Harryhausen n’anime ici aucune créature, mais une armada de soucoupes volantes et les multiples destructions qu’elles occasionnent, les extra-terrestres étant campés par des acteurs en costumes. La partie la plus difficile du travail était de rendre menaçants ces disques de métal tournoyants (qui étaient la plupart du temps représentés à l’écran de manière ridicule), ce qu’il réussit grâce à la fluidité des mouvements et l’ajout d’un « rayon de la mort » dont la terrible efficacité est déployée lors de spectaculaires scènes de destruction.
En effet, le dernier acte est une véritable démonstration de force de la part des aliens qui détruisent un à un les bâtiments de Washington. Un travail de miniature soigné pour un final palpitant qui influencera plus d’un cinéaste…dont un certain Tim Burton qui livrera avec son Mars Attacks en 1996 un véritable hommage aux séries B de S.F. de cette période, Les Soucoupes volantes attaquent en tête.
En grand fan de H.G. Wells, Ray Harryhausen a toujours voulu porter à l’écran La Guerre des Mondes, ce qu’il n’a pas réussi à concrétiser (il finira tout de même par travailler sur une adaptation de Wells, Les Premiers Hommes dans la Lune, en 1964). Les Soucoupes volantes attaquent est donc en quelque sorte sa Guerre des Mondes à lui (il avouera tout de même plus tard qu’il ne s’agit pas de son film préféré parmi ceux sur lesquels il a travaillé), bien ancrée dans le modèle de la science-fiction U.S. des années 50, c’est-à-dire paranoïaque et militariste (et très centrée sur l’Amérique aussi).
Malgré les facilités d’usage, la construction du scénario est intéressante, car celui-ci entre très vite dans le vif du sujet (ce qui se répercute sur l’ensemble du récit mené sans temps morts) et cultive une certaine ambiguïté sur les actes des extra-terrestres avant qu’ils ne révèlent leur véritable nature : seuls survivants d’une planète mourante, ils sont là pour s’emparer de la Terre et en piller les ressources. Ils trouveront sur leur chemin le Dr Marvin, scientifique qui va découvrir leur point faible.
Les Soucoupes volantes attaquent se distingue aussi par une ambiance très sombre, notamment lors des passages se déroulant à l’intérieur du vaisseau principal où les aliens révèlent l’une de leurs armes : une machine capable de voler le contenu des connaissances d’un cerveau humain. La réalisation de Fred F. Sears assure le spectacle et la tension ne se relâche pas pendant les 80 minutes.
Touche-à-tout prolifique, le comédien et metteur en scène Fred F. Sears réalisa en à peine 10 ans une cinquantaine de films à petit budget (le plus souvent pour ce radin de Sam Katzman) dans tous les genres possibles (de la S.F. au western en passant par les longs métrages musicaux). Il était si rapide que ses cinq dernières réalisations sortirent en 1958…un an après son décès soudain en 1957. En yes man appliqué, il était capable de bonnes choses, comme en atteste Les Soucoupes volantes attaquent, mais on lui doit aussi de savoureux nanars comme le croustillant The Giant Claw.
Le Dr Marvin est interprété par Hugh Marlowe, vu quelques années auparavant dans le chef d’oeuvre de Robert Wise, Le Jour où la Terre s’arrêta. Et parmi les rôles secondaires, on retrouve les stackhanovistes Morris Ankrum (Les envahisseurs de la planète rouge) et Thomas Browne Henry (Le cerveau de la Planète Arous), éternelles figures d’autorité (ici…et comme souvent…des militaires) de la série B des années 50.