L'HISTOIRE SANS FIN (Wolfgang Petersen)

Fantastique
Long métrage ouest-allemand/américain
Réalisé par Wolfgang Petersen
Scénarisé par Wolfgang Petersen et Herman Weigel, d’après le roman de Michael Ende
Avec Barret Oliver, Noah Hathaway, Tami Stromach, Patricia Hayes…
Titre original : Die unendliche Geschichte / The NeverEnding Story
Année de production : 1984

Turn around
Look at what you see
In her face
The mirror of your dreams

Après trois ans passés sur le drame de guerre claustrophobique Le Bateau, le réalisateur allemand Wolfgang Petersen (qui nous a quittés en 2022) avait selon ses propres dires besoin de quelque chose de plus chaleureux et positif pour son long métrage suivant. Il l’a trouvé lorsqu’on lui a proposé l’adaptation du roman fantasy jeunesse L’Histoire sans Fin de Michael Ende après le départ du metteur en scène précédemment attaché au projet. Wolfgang Petersen a également tenu à remanier le scénario, ce qui lui a valu les critiques de Michael Ende qui n’a pas du tout apprécié le résultat final et les changements apportés à son histoire et notamment le fait que la version ciné ne couvre que la moitié du bouquin.

Si je n’ai jamais lu L’Histoire sans Fin, je trouve tout de même que la décision fait sens dans la résolution de la quête initiatique des deux personnages principaux…et quatre-vingt dix minutes est une durée idéale pour cette aventure entre deux mondes…

Bastien (interprété par Barret Oliver, l’un des enfants-stars des années 80 vu notamment dans D.A.R.Y.L. et Cocoon) est un garçon introverti et solitaire, un amoureux des livres qui peine à communiquer avec son père depuis le décès de sa mère. Harcelé par trois petites brutes, il se réfugie dans une librairie. Il discute avec le propriétaire de l’établissement qui lui tient des propos étranges sur un livre intitulé L’Histoire sans Fin. Curieux, Bastien emprunte le bouquin et quand il se rend compte de son retard pour le cours de maths, il se cache dans le grenier de l’école pour entamer la lecture (j’aurais fait pareil)…

Les habitants de Fantasia sont inquiets (des maquillages soignés et de belles créations comme l’escargot super rapide, le gobelin et sa chauve-souris, l’homme de pierre géant). Le Néant est apparu et avale progressivement les territoires de ce monde fantastique. Les habitants font alors appel au jeune guerrier Atreyu (Noah Hathaway, qui joua Boxey dans Battlestar Galactica) pour trouver un remède pour guérir l’Impératrice, la seule personne capable de sauver Fantasia. Une tâche riche en rencontres marquantes (le dragon-chien Falkor, la tortue philosophe Morla, le loup Gmork…superbes représentants d’une époque pré-images de synthèses) qui sera semée d’embûches…

Wolfgang Petersen mêle aventures, action, émotion (le passage du marécage de la mélancolie est très sombre) et merveilleux tout au long de ce périple empruntant le chemin de la métalepse, le récit enchâssé dans le récit, frontières qui s’effritent afin de permettre aux protagonistes d’interagir. Les enjeux montent en puissance, les symboles sont forts (le Néant représentant la manifestation de la perte des espoirs et des rêves) et le final à la fois poétique et amusant dans cette ode au pouvoir des livres et de l’imagination.

Production entre l’Allemagne de l’Ouest et les U.S.A., L’Histoire sans Fin a connu un plus grand succès en Europe que sur le territoire américain. Le tournage de la suite a été retardé par un procès intenté par Michael Ende (que ce dernier a perdu) et L’Histoire sans Fin 2, librement inspiré par la deuxième moitié du livre, est sorti en 1990. Il y a également eu un troisième volet en 1995…mais celui-là, il vaut mieux l’oublier…

Make believe I’m everywhere
I’m hidden in the lines
Written on the pages
Is the answer to a never-ending story

3 « J'aime »

La chanson existe aussi en version française :

Tori.

J’avais complètement oublié ça…mais ça me dit quelque chose, j’ai du l’entendre à l’époque…

John Dunn :

Steve Thomas :

Et elle le fait beaucoup moins si on connait le roman puisque n’abordant pas l’aspect négatif de s’abandonner dans la fiction pour échapper à la réalité. Et c’est d’ailleurs très intéressant et révélateur dans la manière d’envisager la fiction (que ce soit Hollywood et le spectateur) hier comme aujourd’hui. Parce que même si le film s’en sort relativement bien avec une pirouette finale, le roman va explorer les conséquences sur Bastien d’être devenu le démiurge de Fantasia. Et elles ne sont pas jolies. Car le garçon perd peu à peu ses souvenirs à chaque souhait qu’il fait pour recréer Fantasia ou lui-même.

On trouve à la fois le besoin de se reconstruire suite à un événement traumatique mais avec la perte des souvenirs, s’ajoute celui de la perte de soi. Dieu créateur, Bastien devient dieu destructeurs et va totalement oublier qui il est. On assiste alors à un passage incroyable où un jeune garçon amnésique découvre une mine où sont gardé les millions de souvenirs sous forme d’images fragiles et après des jours, des semaines (des mois ? des années) à descendre et travailler dans celle-ci il trouve une image qui lui rappel quelque chose. S’ensuit la continuation de la quête avec la rencontre en haut d’une montagne de celui qui écrit l’histoire sans fin (l’écrivant toujours quand arrive à la rencontre, vertigineuse mise en abyme), la découverte du lieu où se trouve l’eau de vie (situé dans Auryn lui-même) et l’acceptation pour Bastien de quitter Fantasia pour se retrouver. Au final Bastien retrouve son père avec qui il peut enfin communiquer et apprend du libraire qu’il n’est pas le premier lecteur de L’histoire sans fin.

De fait les deux parties se complètent et font sens. Ce qu’on perd dans le film avec ce choix. La question du deuil et du père est mise de coté par exemple, le refuge dans la fiction est positif et permet de résoudre les problèmes dans la vie réelle. Bon après tout le monde n’a pas un dragon porte-bonheur avec soi.

4 « J'aime »

Je précise que cette deuxième partie est la base du deuxième film. Film nul d’ailleurs et la manière de traiter cette deuxième partie est, là aussi, très révélatrice

Très certainement. Le ressenti n’est, je pense, jamais le même quand on connaît le matériel de base. J’avais déjà lu le résumé du roman et je me suis dis que le résultat à l’écran aurait été encore plus riche avec plus de fidélité. Mais cela aurait aussi donné un film plus long ou on aurait peut-être perdu quelques étapes du parcours si le réalisateur avait essayé de faire tenir l’essentiel en moins de deux heures. Ce sont les fameux choix d’adaptation et vu les interviews d’époque, cette fin positive correspond bien à l’état d’esprit de Petersen quand il s’est engagé sur le projet. Cela n’empêche pas le récit à l’écran d’avoir des côtés sombres…
Mais bon, tout cela m’a quand même envie de lire un jour le bouquin (mieux vaut tard que jamais ^^)…

1 « J'aime »

Même avant d’avoir lu le livre, je trouvais que quelque chose n’allait pas avec la fin. J’ai compris pourquoi en lisant le livre.

À 10/11 ans, l’âge de mon premier visionnage, j’étais juste content que Bastien ridiculise les trois petits cons… :wink:

Ha mais l’un n’empêchait pas l’autre

Pour moi, la note du narrateur à la fin suffisait car elle impliquait que Bastien avait fait beaucoup d’autres choses avec ce pouvoir avant de rentrer chez lui. Mais ceci est une autre histoire, selon la formule consacrée. Le genre de choses qui pouvaient être racontées dans des suites. Mais ces suites ont déçu…bon, j’avoue que je ne me rappelle plus de tous les détails car je ne les ai vues qu’une fois à l’époque…je sais juste que le 3 était une vraie purge…

Je profite de vos deux mémoires fidèles à la fois au film et au roman (que je n’ai pas lu) pour poser une question. Bien qu’ayant vu plusieurs fois le film avec mes enfants, je n’ai jamais réussi à comprendre le nom que Bastien donne à l’impératrice… Donc j’ose vous le demander.

Je vous trouve un peu sévères avec le 2e film qui n’est pas i horrible que cela dans ma mémoire… En revanche, je n’ai jamais vu le 3e.
Si j’ai bien compris les explications de Lord-of-Babylon, dans le roman, il n’y a pas besoin d’un personnage maléfique pour que Bastien perde ses souvenirs.

ginevra

C’est « Moonchild » en VO mais je ne me rappelle plus pour la VF

Voila. La sorcière du deuxième film est un personnage du livre mais avec une moindre importance créée inconsciemment par Bastien puisqu’il faut une quête pour le héros qu’il souhaite être.

C’est en effet difficile parce qu’il y a beaucoup de bruit à ce moment-là. Pour moi, c’est Marina ou Marlina…

J’entends Armina ou Arlina, pour ma part.

Tori.

Preuve que c’est difficile à entendre avec le chaos environnant…^^
Mais je pense vraiment que le nom commence par un M comme le nom en V.O…

Alvaro Arteaga :

Sascha Knorr :