L'OR DU BOUT DU MONDE t.1-2 (Jérome Félix / Xavier Delaporte)

L’or du bout du monde - volume 01: Laureen

9782818967294

Début du XXe siècle, Lauren hérite d’un père qu’elle n’a jamais connu un tube en ivoire qui renferme un manuscrit ancien rédigé en espagnol et un magnifique collier. L’historien et explorateur Edgar Dumarquez comprend qu’elle détient le moyen de parvenir au trésor d’Atahualpa, renfermant 700 tonnes d’or soustrait au conquistador Pizzaro en 1532. Pour Lauren, ce trésor c’est l’assurance de pouvoir récupérer son fils qu’elle a dû abandonner à l’orphelinat. Mais Dumarquez s’empare du manuscrit et du collier et part seul à la conquête de l’or d’Atahualpa. Lauren n’a d’autre choix que de se lancer à sa poursuite jusqu’au cœur des forêts de l’Equateur et de tous les dangers qui s’y tapissent.

  • Relié : 48 pages
  • ISBN-10 : 2818967295
  • ISBN-13 : 978-2818967294
  • Poids de l’article : 788 g
  • Dimensions : 24.2 x 1 x 32 cm
  • Éditeur : Bamboo (3 février 2021)
  • Langue : : Français

L’Or du bout du monde - vol. 02/2: Doug

  • Éditeur : Bamboo (23 juin 2021)
  • Langue : Français
  • Relié : 64 pages
  • ISBN-10 : 2818975603
  • ISBN-13 : 978-2818975602
  • Poids de l’article : 653 g
  • Dimensions : 24.2 x 1.2 x 32.1 cm

Continuant de découvrir les strates perdues de mes piles à lire, je viens d’exhumer le premier tome de L’Or du bout du monde, un récit de Jérôme Félix qui a le vent en poupe depuis Jusqu’au dernier.

Le principe est simple : Maureen, une servante modeste et naïve, est manipulée par son patron afin de déniaiser le fils de ce dernier, et bien entendu, tombe enceinte (sans bien comprendre ce qui lui arrive). Rejetée par sa famille, elle est contrainte d’abandonner sa fille, mais elle fait soudain un héritage inattendu qui lui offre la perspective de récupérer l’enfant et de l’élever seule. Mais il faut traverser l’Atlantique. Maureen cherche des alliances, et au fil du récit, elle s’endurcit. Doucement, discrètement, par petites touches, tout en conservant une forme évidente de crédulité qui lui fait retomber dans des pièges qui seraient flagrants à des esprits plus éveillés.

Jérôme Félix reprend ici son modèle de personnage candide qu’il affectionne tant, et qui servent bien souvent de prisme, de clé de lecture au monde mis en scène. Si, dans Jusqu’au dernier, il a recouru au procédé afin de décaler l’attention du lecteur vers un autre type de personnage, ici, ce n’est plus un jeune homme mais une jeune femme, et cela change le discours du récit mis en scène. En effet, Maureen est régulièrement la victime de l’ambition des autres. Et l’album se teinte alors d’une couleur proprement féministe. Les hommes (mais certaines femmes aussi) sont des rapaces qui profitent des plus faibles et des plus gentils. À ce discours sur la condition féminine à l’orée du XXe siècle naissant s’ajoute la description d’une société entièrement tournée vers l’argent, véritable moteur du monde, et jusque dans les recoins les plus isolés de la jungle. Il est d’ailleurs intéressant que l’album s’ouvre sur une séquence montrant des enjeux en passe de devenir obsolètes, à savoir la survie de la lignée, du nom et du prestige. Comme si cette scène d’ouverture appartenait à un autre monde, le début du périple de Maureen correspond au moment où elle et le récit tournent le dos à ce monde des « fortunes » pour aller explorer celui des « richesses » et plonger dans un univers peuplé de gens emportés par l’appât du gain. En creux, Félix et Delaporte brossent le portrait du nouveau siècle, et il n’est pas beau.

Question dessin, on est dans du classique. Si les décors naturels sont splendides et très riches, les personnages, les vêtements, les cadrages s’inscrivent dans une veine réaliste quelque part entre Gillon et Forton. Agréable, narratif, servi par un lettrage bien placé, le style sert totalement l’histoire, même s’il lui manque peut-être un peu d’exubérance.

Jim

Il claque le dessin !

C’est un peu inégal, mais le moins bon est quand même déjà très chouette.

Jim

Interview du scénariste Jérôme Félix.

Jim

Le deuxième tome de L’Or du bout du monde commence, ainsi que l’indique la couverture, alors que la disparate caravane formée dans le tome précédent avance péniblement dans la jungle, menée par Doug, l’aventurier, et par Maureen, qui a traversé l’Atlantique dans l’espoir de devenir suffisamment riche pour avoir les moyens de récupérer sa fille et de l’élever.

Bien entendu, l’expédition connaît des conditions difficiles et si le bivouac parvient à tirer un peu d’or de la rivière en crue qui a emporté certains de leurs membres, la tension monte, d’autant qu’il y a une femme dans l’équipe. Cette première partie du récit se conclut alors que Doug et Maureen rachètent le parchemin sur lequel sont notées les indications menant au trésor. Doug repart seul, occupant une petite moitié de l’album.


Bien entendu, les choses ne se dérouleront pas comme prévu pour les différents personnages mais, au final, les coups du sort ne jouent pas toujours en défaveur de Maureen. Jérôme Félix consacre beaucoup d’efforts à faire le portrait de durs (comme Doug) ou de crapules (comme le prêtre), chez qui il met en scène des retournements, des remords, des renonciations, mais aussi des obsessions confinant à la folie. D’ailleurs, Maureen ne déroge pas à la règle.

J’ai déjà fait remarquer, notamment à propos de Jusqu’au dernier, que Jérôme Félix emploie souvent la figure du naïf, qui est fréquemment son personnage central, la clé d’entrée dans son récit. Mais à partir de Jusqu’au dernier, il module le procédé, écartant le naïf du centre de la scène, ou parfois, comme ici, répartissant ses caractéristiques sur plusieurs personnages, afin de varier le dosage. Cela lui permet d’enrichir sa gamme de personnages et de brosser des protagonistes plus complexes encore, plus vivants.

Jim