LOST DOGS (Lemire)

Ah, tiens, je suis bien d’accord sur ces deux points…

Concernant la curiosité, le problème est qu’on nous rabâche que c’est un vilain défaut (alors que sans elle, beaucoup de choses qui nous entourent n’existeraient même pas)…
J’aime bien ce dicton en anglais : " stupidity killed the cat, curiosity was blamed", qui contredit le plus connu « curiosity killed the cat ».

Tori.

C’est compliqué, de toute façon, le dessin. Sfar, c’est un sujet qui m’ennuie, parce que je n’arrive pas à avoir une opinion bien claire. Et ça, j’aime pas trop. Mais force m’est de reconnaître qu’il y a des choses dans son dessin qui « tapent juste ». Techniquement, c’est pas un bon dessin, et pourtant, il sait retranscrire des tas de choses. C’est d’une certaine manière une esthétique du croquis qui est parfaitement maîtrisée (et qui varie, ce qui en dit long aussi sur sa capacité à canaliser sa technique). J’aime bien Le Chat du Rabbin, parce que je trouve qu’il aboutit à un truc, là.
Après, oui, il y a un effet « courbettes », c’est vrai. C’est en partie dû à un certain snobisme qui fait la fine bouche devant l’académisme, mais c’est aussi dû au fait qu’une énorme partie de la critique ne sait pas tenir un crayon (c’est d’ailleurs pas un reproche), et passe allégrement outre cet aspect technique.

Je suis d’accord sur le « autrefois ». Au niveau de Froid équateur, il démontre qu’il fait partie des grands : son trait est maîtrisé (et, ici et dans d’autres bouquins, il montre aussi qu’il est - a été - un formidable dessinateur animalier).

Et à leur décharge, l’offre étant ce qu’elle est, c’est-à-dire abondante, il faut aussi reconnaître que ce n’est pas facile : d’une part, ça demande un effort (que moi-même, notamment en franco-belge, je n’ai pas toujours envie de faire), et d’autre part les lecteurs sont sollicités de toutes parts par des œuvres qui peuvent flatter plus facilement leurs goûts. La profusion du marché ne facilite pas la curiosité.

Jim

Et, du coup, le visuel de couverture d’un bouquin est d’autant plus important !
Une couverture réussie, c’est déjà une bonne partie de l’acte d’achat qui est acquise.

Tori.

Alors pour la petite histoire, nous avons fait… je dirai trois couvertures différentes pour LOST DOGS dont deux qui nous semblaient parfaites et « vendeuses » pour le marché français.

Comme nous sommes respectueux, on les a envoyé à l’auteur qui a refusé que l’on touche à son dessin (un léger aménagement) ou à la couverture de Top Shelf.

Ah, ça, ce n’est pas toujours facile de faire comprendre que le marché français a ses spécificités propres et qu’il faut parfois quelques aménagements…

Tori.

75-80

Non et je n’ai jamais prétendu que c’était le cas. Mes choix en tant que libraire ne reflètent pas mes gouts sinon je vendrais que du comics. Mais j’ai donné un avis personnel, et une statique factuel sur le public de masse et non pas un public éclairé comme ici.

Ah tiens première nouvelle. Le Young Romance reçue à la boutique aujourd’hui ou encore le dernier Ducoudray sortit chez toi dispo en 5 exemplaire ainsi que les 5 (ou 10 j’ai un doute) tomes de Warren Ellis à sortir ne sont pas assez pour un soutien ?

Ah bon j’ai critiqué quoi sans voir ? Si on est ennemi faut me le dire, moi je savais pas. Je veux bien faire le méchant, mais encore faut-il me prévenir. Sachez donc maintenant que je déteste Comics Initiative.

Et donc je vois pas le problème ? Je te soutiens pas, mais je passe par un distributeur pour commander. au final je te commande bien des bouquins c’est quoi le soucis ?

Oui, je vois pas là encore le problème si un lecteur veut le lire je le commanderais avec plaisir.

Va falloir m’expliquer, un truc. T’es entrain de m’engrainer et de me décrire comme un grand vilains parce que j’ai dit que je n’aimais pas le dessin d’une des Bd que tu édites et que je pense qu’elle n’aura pas ou peu de succès auprès d’un public bien plus large. Je suis donc le grand méchant de ton histoire et le succès que je t’espère et qui semble bien présent pour ce titre montre à quel point je suis un demeuré qui comprend rien à la vie et qui veut détruire ta petite entreprise ? J’espère mal comprendre car si maintenant on ne peut plus dire du mal d’un projet parce qu’il s’agit d’un petit éditeur, c’est un peu abusé.

Marsault je le vends sur commande et pas avec le sourire.

Arrête ton délire mec, j’ai rien de personnel contre toi, j’aime juste pas ce que je vois de ce bouquin ça n’a rien a voir avec toi, on s’est eu une fois en podcast, je t’ai trouvé intéressant et passionné, je te connais pas plus. Je suis tes bouquins dans ma boutique et après je t’aime pas ? Il te faut quoi une petite pipe en plus ?

Euh… un peu de calme s’il vous plait. Les échanges doivent rester cordiaux s’il vous plait

Dans l’ordre :
1/ C’est ce qui a été laissé entendre. L’avis donné ici était celui du lecteur Kab ou du libraire. Perso, j’ai pensé qu’il s’agissait du second.

2/ Le terme « soutien » correspondait dans ma réponse au moment du financement participatif. Pas après. La nuance n’a pas été comprise visiblement. Contrairement à d’autres qui utilisent le crowdfunding pour des raisons qui sont principalement des préventes, je le fais pour valider un projet. Sans ça, il n’existe pas. Est-ce plus clair ?

  • Concernant le Young Romance, merci de noter que j’ai proposé de solutionner le problème (dont tu t’épanchais goulûment sur le forum) et dont je n’ai été mis au courant qu’en tombant sur le forum, et que je n’ai jamais eu de retour de ta part. Mais je l’ai solutionné tout de même.
  • Pour Namta et les Ellis, ils n’arriveraient pas dans ta librairie sans les lecteurs et les libraires qui ont choisis de soutenir les titres en question.

3/ Excuse-moi tout d’abord. Sur ce passage, il faut scinder deux choses. La première concernant Wimmen’s Comix est par rapport au style de dessin du titre en question. Lemire ne te semblera pas forcément très éloigné par exemple.
La seconde est un raccourci et je me suis remémoré les critiques prononcées à l’égard des titres Komics Initiative ou des intentions éditoriales que tu avais faites sur facebook et reconnues comme erronées (à ton honneur). Il y avait un petit côté vanne, ce n’est pas passé visiblement.

4/ Je ne sais pas si tu les commandes. Le distributeur n’envoie pas ses rapports avant un mois de commercialisation. Et je note que c’est toi qui dis « ne pas soutenir », donc tu avais semble t-il bien compris ce que je disais. Ou c’est sûrement moi qui ne comprend pas cette réponse. Pas de souci.

5/ « lecteur… dégueulasse… vilain… entreprise » : je me permettrais d’inverser les rôles. Je défends le titre, argumente sur les points évoqués par différentes personnes. Ensuite, je parle de la double-casquette qui est la tienne. Qui parle ? Le lecteur ou le libraire ? Il me semblait judicieux d’évoquer la contradiction qui peut émailler chez un commerçant ou un spécialiste. Je travaille dans le commerce direct et le BtoB depuis 17 ans. Chacun a son approche du métier. Si c’est nul, je préfère le dire à l’acheteur, quitte à ne pas lui vendre le produit. En jouant l’honnêteté, je gagne une possible fidélisation. Je n’ai jamais proféré de jugement à ton encontre. Je m’interroge juste sur la manière dont tu vois les choses.

6/ « Marsault » : Tu ne peux pas refuser la vente… Ce serait pourtant si bien… Si j’étais libraire, je ne ferai pas mieux. Vraiment.

7/ Je voulais mettre en avant le parallèle amazon / marsault et librairie / KI. La majeure partie des ventes de Marsault se fait en ligne sur le site de Bezos. Les lecteurs ont choisis (assument-ils ?). Des libraires vendent Marsault et ne l’aiment pas. C’est le cas. Mon raisonnement est : qu’un libraire m’aime ou pas, il ne verra pas de livres chez amazon. Après, des libraires vendent bien sur Amazon… Je ne comprends pas trop leur logique quand ce sont des neufs…

8/ Je ne suis peut être pas habitué à ses envolées de bois vert mais qu’il y ait incompréhension c’est certain. Manquerait plus que ce soit personnel ! Je ne saurai même pas d’où provient l’origine de cette exaltation. Tant mieux alors.

OK.
Curieux de voir ça.

Jim

Et voilà. Tu nous l’as énervé, notre Kab.
Faut faire gaffe, c’est qu’il mord, parfois.
Il est pas méchant, et nous on le connaît bien. Mais on continue à se méfier, cela dit : un coup de griffe est si vite arrivé.

:wink:

Jim

Sur sanctuaire je parle à titre perso, je peux donner un avis de libraire si besoin, mais ça reste comme tu le dis du point de vue de mes deux boutiques et des quelques libraires avec qui je correspond.

C’est plus clair, et donc le fait de ne pas participer au divers financement fait de moi un ennemi. Pour information j’ai déjà fait auparavant beaucoup de financement participatif sur de nombreux projets, sauf qu’aujourd’hui vois-tu je n’ai plus les moyens de le faire. Si tu veux tout savoir j’ai subit une lourde perte financière en devenant libraire, je dois donc assuré des choses avec moins d’argent ne laissant que peu de place pour mes loisirs. Voilà pourquoi je ne participe plus.

Je savais pas que je devais dévoiler sur la place publique les propos d’une affaire privée. Pour Young Romance j’ai donc effectivement râler ne pas avoir eu les livres, tu m’as gentiment répondu ainsi que d’autres comme Nikolavitch, qui m’a proposé de te contacter. J’ai aussi répondu que je devais voir avec ma médiathèque si elle en voulait toujours vu que je n’ai pas pu lui fournir, et que je ne voulais pas prendre le risque d’avoir un bouquin que je ne pourrais pas retourner n’ayant pas une clientèle très adepte de ce genre de BD et actuellement je n’ai pas eu de réponse.

c’est vrai, mais en quoi je ne te soutiens pas pour les vendre après ?

Je n’ai pas compris la vanne, mais je suis très premier degré.

Tu noteras que je n’ai pas répondu à tes arguments, que je comprend tout à fait, mais seulement à ta longue diatribe ou tu t’en prend à ma personne.

Je dirais que ça dépend et j’essaie de le préciser à chaque fois.

Là encore je dirais ça dépend, un client avec qui tu t’entends bien ou qui valide ton conseil je ferais de même et je l’ai déjà fait, par contre un parfait inconnu qui vient je lui vend ce qu’il veut, en même temps si je devais vendre que ce que j’aime et donner mon avis j’aurai déjà couler. La librairie vend par exemple beaucoup de Bd d’aviation ou de voiture, des titres classique comme les Lefranc qui sont des choses que je porte très peu aux nues cependant (voir malheureusement) c’est ce qui fait le fond de mon commerce.

Et c’est quelque chose ou je t’ai dit fortement apprécier cette démarche.

clairement je ne mords pas (c’est sale, on sait jamais ou les gens sont allé trainer). Par contre je griffe

M’étonne pas.
Sale bête.

Jim

Purée, que nos échanges sont longs… (en même temps c’est cool)

Je suis navré pour ta situation mais je ne pouvais pas le savoir. Certains libraires qui contribuent sont dans la même situation, ou pas.

C’était sur le forum et pas en privé de mémoire. Toujours est-il que ma proposition tient toujours. Si tu as reçu le bouquin et que la médiathèque te plante, tu me préviens et je demanderai à makassar de te le reprendre. Le délai était de leur fait, pas du mien ni du tien.

Je crois comprendre… Rassure-moi la proposition touchant à une pratique sexuelle orale était une provocation ? (c’est une vanne, certaines ne font rire que moi, symptôme d’une folie précoce sûrement)

En fait, j’ai halluciné de voir passer un article disant que la vente de livres se faisait à 60% en ligne. Sachant qu’Amazon écrase tout et doit avoir 95% des PDM…

Oui, y’a un truc qui me gêne dans la description de Mika, c’est de qualifier Lemire ou Sfar de Mauvais dessinateur, c’est qui réduit le bon dessinateur a un dessinateur qui maitrise sa technique pour s’approcher de très concis et s’approchant d’une vision réaliste, hors un dessinateur de comics/BD n’est pas un anatomiste, son but est avant tout de donner une visualisation a un récit et transmettre des émotions et dans ce cas là, il me semble que trancher entre un bon et un mauvais dessinateur est un peu plus complexe qu’entre le bon et le mauvais chasseur.
Je pense que je met Lemire dans mes dessinateurs favoris actuels, mais il est difficile d’accès et fonctionne surtout sur des récits particuliers, surtout les siens, car il est très doué pour retranscrire des gueules cassés et son style non dynamique fonctionne aussi pour des histoires de personnages dépressifs, je rajouterais aussi que j’aime particulièrement son emploi de la couleur pour rehausser ses dessins un peu « gauche » et leur donner la petite touche finale qui définie l’émotion qui transparait dans ses histoires.
Je prend artiste à l’opposé, un gars comme Artgerm par exemple, on pourra le trouver techniquement irréprochable (et donc « bon dessinateur ») et pourtant je trouve son style assez froid, ça ne me touche pas et ne me plait que très rarement.

Je suppose Mika que tu as simplifié pour aller vite, mais c’est juste que ça me gênait de voir associé Lemire a mauvais dessinateur, surtout sur un forum avec des gars qui voient un peu plus loin que le bout de leur nez.
(Des gars qui prennent des comics pour leurs scénarios, quoi.)

Euh … même pour Major X ?

Surement. Pas est mon cas.

j’ai reçu le bouquin et c’est gentil de me proposer le retour.

Oui.

J’ai des personnes qui ne veulent pas commander en librairie pensant qu’Amazon les livrera plus rapidement. C’est le cas pour certains, mais pas pour tous.

C’est l’aspect académique du dessin.
(et attention, je le dis parce que je viens d’y penser : l’académisme et le réalisme, c’est deux choses séparées : Sienkiewicz a une base académique, parce qu’il a appris comment faire, et il s’en est complètement libéré, jouant avec les limites du réalisme et les frontières de la caricature.)
Là encore, dans l’académisme, il y a des bons et des moins bons. Si on tient un peu un crayon, on finit par voir la maîtrise, ce que j’appelle « la base de dessin ». Et après, il y a le vernis. Un gars comme Ethan Van Sciver, il encre comme Brian Bolland, sauf qu’il n’a pas la base de dessin de Brian Bolland, et pour qui tient un crayon de temps en temps, c’est frappant.
Dans la catégorie « mauvais dessinateurs », il y a des gars qui ont une forte personnalité. On pourrait parler bien évidemment de Kirby, qui commet des fautes partout, mais qui a créé un système, un code, et qui a dépassé tout ça. Tim Sale aussi est un mauvais dessinateur au sens technique. Je pourrais aussi citer Eddie Campbell ou l’un de mes petits préférés, Flint Henry, qui a fait du Grimjack ou du Man-Bat.
Après, y a des cas étranges : Colan, par exemple. Sa base de dessin, elle est là, il a une approche académique. Mais au fil des ans, il s’est émancipé de tout ça : ses éclairages sont impressionnants mais contradictoires, ses perspectives sont faussées, ses visages ne sont pas droits, ses compositions sont bordéliques… et pourtant, tout fonctionne. Il est parti d’un dessin académique pour évoluer vers une espèce de chaos visuel (et si c’était un étudiant en école d’art, il serait recalé).
Là-dessus, académique ou pas, je crois qu’il y a de mauvais dessinateurs tout court. Dans l’approche réaliste, je trouve que Tom Lyle n’a jamais su se débarrasser de ses faiblesses, de même que Rob Guillory, dans une perspective pas académique, ne parvient pas à donner du volume et du relief à son trait (retirez-lui la couleur et le scénario, il reste un mauvais dessin).
C’est très difficile à expliquer, le mauvais dessin. C’est à la fois une mauvaise technique, de mauvais choix et une absence de personnalité. Parfois l’un, parfois les trois. C’est compliqué.

Moi, je refuse le terme : d’une c’est souvent la trace d’un anglicisme, et de deux, l’artiste, il fait « son » truc. Là, c’est souvent des illustrateurs sur commande. Employer « artiste » ici me semble revenir à galvauder le terme.

Jim

Ca ne m’étonne pas, tous les dessianteurs que j’ai côtoyé s’accordent tous pour dire que pour sortir un style non réaliste de qualité, il faut maitriser le réalisme.

Dans la continuité, Laurent Lefeuvre se considère non pas comme un artiste mais comme un artisan. (perso, je suis plutôt du côté artiste)