REALISATEUR
Riccardo Freda
SCENARISTES
Oreste Biancoli, Ennio de Concini et Piero Pierotti
DISTRIBUTION
Kirk Morris, Hélène Chanel, Vira Silenti, Andrea Bosic…
INFOS
Long métrage italien
Genre : aventures/fantastique
Titre original : Maciste all’inferno
Année de production : 1962
Maciste est l’un des plus vieux héros récurrents de l’histoire du cinéma italien : apparu pour la première fois en 1914 en personnage secondaire dans le Cabiria de Giovanni Pastrone (« le premier grand film épique », dixit Martin Scorsese), Maciste eut suffisamment de succès pour porter sur ses larges épaules une trentaine de longs métrages, de Maciste en 1915 à Gli Ultimi Zar en 1928. Ce rôle fit du docker génois Bartolomeo Pagano une star, avant que l’avènement du cinéma parlant ne mette un frein à sa carrière.
Dans les années 50, le péplum connaît un nouvel âge d’or, et plus particulièrement le pendant « musculeux » du genre suite au succès des Travaux d’Hercule avec Steve Reeves en 1958. Pour satisfaire la demande du public (plus d’une centaine de péplums ont été tournés entre 1960 et 1964), des franchises ont été développées autour de noms comme Hercule, Samson, Ursus, Goliath…et Maciste, sorti de l’oubli pour l’occasion.
À l’affiche de 22 films entre 1960 et 1964, Maciste n’a cette fois pas été incarné par un seul acteur : Mark Forrest, Kirk Morris, Gordon Scott, Gordon Mitchell ou encore Reg Park (pour ne citer que les plus connus) ont ainsi joué des muscles contre les forces du mal.
Maciste a une particularité qui le distingue des autres héros herculéens : il n’est pas limité par l’espace et le temps. Déjà dans la période muette de sa filmographie, ses aventures ne se déroulaient pas toutes sous l’Antiquité : dans Maciste, chasseur alpin (1916) par exemple, il est soldat pendant la Première Guerre Mondiale. Le Maciste des années 60 a également le don d’apparaître à différentes époques : l’Egypte antique (Maciste dans la vallée des rois), la russie tsariste (Maciste et le Trésor des Tsars), l’Espagne du XIXème siècle (Maciste contre Zorro de Umberto Lenzi) ou encore l’Amérique pré-colombienne (Tarzan chez les coupeurs de têtes…qui est bizarrement le titre français de Maciste contro i cacciatori di teste !).
Les origines de Maciste et la source de ses pouvoirs n’ont jamais vraiment été révélées…tout au plus sait-on que Maciste signifie « né de la roche » et qu’il pourrait donc être l’équivalent d’un dieu qui apparaît sur Terre quand on a besoin de lui…
…et dans Maciste en enfer, il est plongé en pleine chasse aux sorcières dans l’Ecosse du XVIIème siècle, sans que les villageois prompts à brûler toutes celles qu’ils soupçonnent de sorcellerie ne s’étonnent de la présence d’un colosse en jupette et sandales !
À Loch Lake, Martha Gunt est brûlée vive comme sorcière. Cent ans plus tard, sa malédiction frappe toujours le petit village, où plusieurs femmes sont atteintes de possession démoniaque. C’est alors que la jeune Martha Gunt, lointaine descendante de la suppliciée (et qui a le malheur de porter le même nom que son ancêtre), arrive au château familial pour son voyage de noces. Persuadés qu’elle est la réincarnation de la sorcière, les villageois veulent pendre Martha lorsque Maciste intervient.
Pendant que Martha attend son procès, Maciste descend aux Enfers pour retrouver la sorcière et mettre un terme à cette malédiction…
Riccardo Freda fait partie des cinéastes qui ont contribué au second âge d’or du péplum avec des films comme Spartacus en 1952 et Théodora, Impératrice de Byzance en 1954. Maciste en Enfer est son deuxième Maciste, puisqu’il avait déjà dirigé l’américain Gordon Scott dans Maciste alla corte del Gran Khan (exploité en France sous le titre Le géant a la cour de Kublai Khan) l’année précédente.
Avec Maciste en Enfer, il a livré un drôle d’objet filmique, un hybride entre deux genres toujours très en vogue à l’époque, le film d’horreur gothique et le péplum fantastique. S’il peut sembler complètement incongru de voir Maciste se balader à moitié nu aux milieu de figurants qui ont l’air de sortir tout droit du Grand Inquisiteur avec Vincent Price, cela participe aussi au charme d’une pelloche qui prend une tout autre dimension lorsque notre héros aux muscles saillants déracine un arbre pour libérer un passage vers l’Enfer !
Là, Maciste se retrouve littéralement dans un tableau de Jérôme Bosch avant d’affronter une série d’épreuves tirées de la mythologie grecque (aider Sysiphe, soulager Prométhée, affronter Goliath) et de succomber aux charmes d’une splendide jeune femme (qui semble) prisonnière des lieux. Doté d’un budget aussi limité que Mario Bava pour son Hercule contre les Vampires (qui aurait pu s’intituler Hercule en Enfer car le fils de Zeus ne croise aucun vampire pendant sa virée en Hadès), Riccardo Freda cisèle des plans étonnants (le tourment éternel des damnés), soigne l’atmosphère infernale avec son chef-op’ Riccardo Pallottini (déjà à l’oeuvre sur Le géant a la cour de Kublai Khan) et joue savoureusement des archétypes du genre.
Quelques scènes trahissent tout de même le côté fauché de la production (comme le combat entre Maciste et une pelure de lion mangée aux mites), mais dans l’ensemble ce Maciste en Enfer propose un spectacle assez divertissant malgré ses lenteurs.
Dans le rôle de Maciste, on retrouve Kirk Morris (de son vrai nom Adriano Bellini), athlète remarqué alors qu’il exerçait le métier de gondolier. Entre 1961 et 1970, Kirk Morris a joué dans 20 films, incarnant Maciste à 6 reprises mais aussi Hercule dans Hercule, Samson et Ulysse et Goldocrack à la conquête de l’Atlantide (!) et Samson dans Samson l’Invincible.
Prolifique Mr Muscle de cette décennie, Kirk Morris avait des faux airs d’Elvis Presley culturiste. S’il avait indéniablement le physique de l’emploi, il était aussi un acteur exécrable…tellement mauvais que Riccardo Freda décida de couper pratiquement toutes ses lignes de dialogues…et c’est pour cela que Maciste ne parle quasiment pas dans Maciste en enfer et qu’il ne prononce sa première réplique qu’à la 40ème minute !