REALISATEUR
Tim Burton
SCENARISTE
Jonathan Gems
DISTRIBUTION
Jack Nicholson, Glenn Close, Natalie Portman, Sarah Jessica Parker, Pierce Brosnan, Jim Brown, Pam Grier, Michael J. Fox, Martin Short, Annette Benning, Danny De Vito, Lisa Marie, Rod Steiger, Lukas Haas, Tom Jones…
INFOS
Long métrage américain
Genre : comédie/science-fiction
Année de production : 1996
Inspirée par une couverture du comic-book de l’éditeur EC Comics Weird Science dessinée par Wally Wood, l’histoire de Mars Attacks !, qui raconte l’invasion de la Terre par des Martiens hideux et cruels, fut à l’origine racontée sous la forme de cartes à collectionner vendues par l’un des plus importants producteurs de ce genre de produit, la société Topps. Len Brown et Woody Gelman, le directeur artistique de Topps, ont développé le concept, les 55 cartes ont été dessinées par Wally Wood et le vétéran Bob Powell (qui débuta à la fin des années 30 en travaillant pour le studio de Will Eisner et Jerry Iger) et l’ensemble a ensuite été peint par Norman Saunders (illustrateur de nombreuses couvertures de pulps dans les années 30/40).
Les cartes Mars Attacks ! ont fait la joie des enfants…mais leur violence graphique et la sexualité suggérée de certaines vignettes ont déclenché la colère des parents. Topps fut donc obligé d’arrêter la production. Dans les années 80, la première tentative de relance, accompagnée par une série de « mini-comics », se solda par un flop. Topps eut plus de chance en 1994, avec la ressortie des 55 cartes originelles, la création de 45 nouvelles illustrations et le succès de la mini-série de Keith Giffen et Charles Adlard.
Le britannique Alex Cox (Sid & Nancy) fut le premier à tenter de porter sur grand écran l’univers macabre de ces trading cards des sixties, mais son projet n’a pas abouti. Tim Burton l’a repris au début des années 90 et l’a développé parallèlement à son biopic sur Ed Wood, mythique réalisateur de l’un des plus mauvais films de science-fiction de l’Histoire du cinéma, Plan 9 from Outer Space.
Avec Mars Attacks !, Tim Burton voulait signer une comédie de science-fiction à l’humour noir qui rendrait autant hommage aux films d’Ed Wood qu’aux classiques de la série B des années 50 comme Les Envahisseurs de la Planète Rouge et Les Soucoupes Volantes attaquent (le design des vaisseaux martiens évoque d’ailleurs ouvertement celui des « flying saucers » du long métrage supervisé par Ray Harryhausen), tout en restant fidèle à l’imagerie des cartes à collectionner.
Mais la Warner, qui voulait sortir le film pour les fêtes de Noël 1996, a demandé à ce que l’aspect horrifique soit considérablement atténué. Pas de gore qui tâche donc (ce qu’on appelle le splatter), mais des désintégrations qui laissent des squelettes rouges et verts, selon le rayon laser utilisé. Le script de Jonathan Gems prévoyait également des destructions de plus grande ampleur, touchant toutes les grandes capitales, et finalement réduites à des saynètes rapides pour des raisons budgétaires…car la Warner ne voulait pas dépenser plus de 60 millions de dollars.
Et c’est ainsi que Mars Attacks ! est également devenu un film catastrophe porté par un casting de stars tel qu’on en faisait plus depuis les productions Irwin Allen des années 70 (La Tour Infernale, L’Aventure du Poséïdon)…et qui s’est fait battre sur le plan du grand barouf pyrotechnique à l’échelle mondiale par le Independence Day de Roland Emmerich, sorti quant à lui à l’été 1996.
Comme les Irwin Allen cités ci-dessus, la première partie de Mars Attacks ! se concentre sur des destins croisés et des personnages campés par une distribution prestigieuse…mais hélas pas toujours logés à la même enseigne. Certains s’en tirent tout de même mieux que d’autres. Ainsi, Pierce Brosnan s’amusait à camper, entre deux James Bond, un savant de pacotille tout droit sorti d’une série B des fifties. Martin Short, en assistant du Président à la libido hyperactive, a droit à l’une des meilleures scènes du film, à l’atmosphère délicieusement étrange (lorsqu’il fait entrer en douce son dernier plan cul à la Maison Blanche…sans se douter qu’il s’agit d’une martienne déguisée en humaine).
On a aussi un président pas très futé, un entrepreneur qui ne pense qu’au fric même en pleine fin du monde (Jack Nicholson joue les deux rôles), un général lèche-cul, un général va-t’en-guerre (savoureux Rod Steiger), une cruche new-age, une journaliste de mode insipide, des ploucs accrocs à la télé…tout cela manque un peu trop de liant (et aussi de rythme dans le premier acte), mais même si l’ensemble ressemble parfois à une succession de vignettes qui peuvent être résumées par une simple phrase (un peu comme les carte à collectionner, en fait), il y a assez de talents réunis pour procurer de bons moments de divertissement…sauf en ce qui concerne Danny De Vito, réduit au rôle le plus inutile de sa carrière.
Mars Attacks ! atteint pleinement son potentiel…lorsque les martiens sont à l’écran. La violence des cartes a peut-être été réduite, mais pas le caractère de « sales gosses » de ces extra-terrestres qui se bidonnent devant la connerie humaine. Les martiens ne sont là que pour une seule chose : détruire…et ils accomplissent leur tâche avec ardeur. Un jeu de massacre vraiment jubilatoire !
Joli mélange entre images de synthèse et mannequins grandeurs natures (après avoir envisagé un temps l’image par image à la Ray Harryhausen, jugée peu convaincante), ces envahisseurs de l’espace sont très fidèles aux dessins de Wally Wood et Bob Powell et les visites de leurs vaisseaux ne manquent pas de visions farfelues et croustillantes, grâce aux excellents effets spéciaux et à la direction artistique qui ont su donner à ce film se déroulant à l’époque moderne une patine très « années 50 ».
Porté par la bande originale du fidèle Danny Elfman (le générique début est superbe !)…mais aussi la ritournelle insupportable (et véritable arme fatale) du chanteur de country Slim Whitman, Mars Attacks ! fut un échec au box-office. Tim Burton a ensuite retrouvé le succès avec Sleepy Hollow (1999), après avoir « gâché un an de sa vie » (selon ses propres termes) sur l’un des plus célèbres projets avortés des adaptations de comics, Superman Lives.