REALISATEURS
Collectif (John Bruno, Jimmy T. Murakami, Jack Stokes…) sous la direction de Gerald Potterton
SCENARISTES
Dan Goldberg, Len Blum, Dan O’Bannon, d’après Richard Corben, Bernie Wrightson, Angus McKie, Jean Giraud
VOIX V.O
Richard Romanus, John Candy, Eugene Levy, John Vernon, August Shellenberg, Harold Ramis…
INFOS
Long métrage canadien/américain
Genre : animation/science-fiction/fantasy
Titre original : Heavy Metal
Année de production : 1981
N’essaie pas de fuir.
Tu es sous ma domination.
Regarde moi. En moi s’incarne la totalité du mal.
Regarde moi bien. Mon pouvoir corrompt tous les temps, toutes les galaxies, toutes les dimensions, et partout on me recherche…
Ce bijou vert, il faut posséder…mais vois comme je détruis leurs vies…
Le premier segment de Métal Hurlant, qui prend place dans un New-York dystopique, baigne dans une atmosphère de film noir. Le protagoniste, le chauffeur de taxi Harry Canyon, est cynique et blasé, la voix-off est employée pour faire de lui le narrateur, et il tombe bien évidemment sur une femme fatale qui va finir par le manipuler…ici une jeune beauté qui fuit des gangsters attirés par un mystérieux bijou vert en sa possession, le Loc-Nar.
Pour son Cinquième Elément, Luc Besson a certainement du être (en partie) inspiré par Harry Canyon…sauf que dans les univers de Métal Hurlant, le pessimisme est de rigueur (on est pas là pour sauver le monde) et le sexe est un bon moyen pour arriver à ses fins. Comme les personnages féminins des autres chapitres, la femme fatale (dont on ne connaîtra pas le nom) n’hésite pas à dévoiler ses charmes voluptueux.
Chaque partie a sa propre esthétique et l’animation a été confiée à plusieurs équipes travaillant simultanément pour un résultat final pas toujours équilibré. Visuellement, Den n’est pas le plus beau des sketches composant Métal Hurlant. Mais il n’en demeure pas moins extrêmement savoureux. Sous l’influence du Loc-Nar, un jeune nerd nommé David Ellis Norman est projeté à Neverwhere, une dimension où il se transforme en Den, un barbare chauve, musculeux et bien membré (mais contrairement à la B.D., il cache ses nouveaux attributs virils sous un pagne).
Pas de Métal Hurlant/Heavy Metal sans Richard Corben. Son Den mélange allègrement Conan, John Carter et des monstres à la Lovecraft, avec une bonne dose d’érotisme (et donc de belles femmes à la poitrine généreuse). Les rebondissements s’enchaînent avec entrain et les scènes de sexe font des rêves pornographiques de cet adolescent une réalité.
Autre histoire, autre changement d’ambiance. Sur une station orbitale, le Captain Sternn, caricature de super-héros à la mâchoire proéminente, est jugé pour ses crimes. Mais le sale bonhomme ne s’inquiète pas puisqu’il a soudoyé le principal témoin, Crapule Jack. Le procès dégénère lorsque Crapule Jack se transforme soudain en cinglé bodybuildé lorsque les pouvoirs du Loc-Nar se manifestent…
Adaptation d’une bande dessinée du regretté Bernie Wrightson, Captain Sternn est l’un des segments les plus amusants de l’ensemble. L’exagération est de rigueur, avec des personnages cartoony qui se pourchassent dans une station spatiale, chute à l’ironie cruelle à la clé…
Le Loc-Nar traverse les époques. Dans B-17, la sphère maléfique se retrouve dans un bombardier en pleine seconde guerre mondiale. À part les deux pilotes, l’équipage n’a pas résisté aux attaques de leurs adversaires. C’est alors que le Loc-Nar transforme les morts en zombies…
D’après une histoire imaginée par Dan O’Bannon (Alien, Le Retour des Morts-Vivants…),B-17 peut-être vu comme un hommage aux fameux EC Comics. L’excellent Mike Ploog, le co-créateur du Ghost Rider, a travaillé sur ce récit gore, à l’atmosphère horrifique très efficace…mais la fin est ratée (il n’y a pas de chute et le raccord avec l’histoire suivante n’est pas très convaincant).
So beautiful & so dangerous (d’après une B.D. de Angus McKie) est le segment un peu « glandeur » de Métal Hurlant. Il ne s’y passe pas grand chose et l’épilogue est vite expédié. La présence du Loc-Nar est même très anecdotique. On est presque dans l’équivalent d’une « stoner comedy », dans laquelle une secrétaire terrienne est aspirée dans un vaisseau extraterrestre piloté par deux aliens cocaïnomanes. La jeune femme (à forte poitrine bien entendu) finira dans le lit d’un robot lubrique. Le trip des aliens aux gros nez remplis de poudre blanche est tout de même assez marrant (on y aperçoit furtivement l’Enterprise)…
Taarna aurait pu être l’adaptation du Arzach de Moebius, mais il a finalement été décidé de n’en retenir que certains éléments (l’influence de Moebius demeure importante, notamment sur les décors et les paysages). Dans un monde post-apocalyptique, le Loc-Nar a maintenant la taille d’un météore géant et transforme des humains en barbares assoiffés de sang. Avant de mourir, le Grand Ancien fait appel à Taarna, la dernière des Taarakiens, splendide amazone et redoutable guerrière qui a juré de protéger le monde contre les forces du mal…
Erotisme (quand Taarna s’habille pour la bataille, cela donne une longue scène langoureuse) et action sanglante font bon ménage dans ce final réussi qui emprunte autant au post-apo qu’à la fantasy et au western.
Et c’est là que les récits racontés rejoignent le fil rouge, en bouclant la boucle (mais ce n’est pas la partie la plus réussie du métrage, les liens étant souvent artificiels).
Classique de l’animation pour adultes, l’un des premiers dans le genre à représenter des personnages humains (avant lui, il y avait les animaux anthropomorphes de Ralph Bakshi par exemple), Métal Hurlant est, de par les conditions difficiles de sa création, assez inégal (différentes techniques ont été utilisées, comme la rotoscopie et les maquettes, pour un résultat pas toujours fluide), mais cette version cinématographique de la fameuse revue de bande dessinée n’en garde pas moins une énergie folle et provocante, dopée par une excellente bande-originale (les thèmes de Elmer Bernstein côtoient les chansons de Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Journey et Cheap Trick, pour ne citer que quelques groupes).